La Mer sans Etoiles de Erin Morgenstern

personne en robe verte lisant La Mer sans Etoiles de Erin Morgenstern devant un vitrail de plage et mer

Évènement révolutionnaire : j’ai adoré La Mer sans Etoiles de Erin Morgenstern, qui est pourtant un roman prétentieux, exactement dans le style que j’avais détesté pour La Horde du Contrevent ou Hacker la Peau. Des livres où de métaphores en références, on sent qu’il faut comprendre quelque chose – il y a un hackeur et une couturière dans Hacker la Peau, donc probablement une histoire de peau informatique, mais aussi des références au lapin de Matrix et d’Alice au Pays des Merveilles… est-ce que l’histoire est réelle ? Sauf que personnellement, je n’y comprends rien, et je me sens humiliée et stupide.

La Mer sans Etoiles, c’est exactement ça. On suit principalement Zachary, étudiant en genre et jeux vidéo, qui tombe sur un recueil de nouvelles, Doux Chagrins, et se rend compte qu’un épisode de sa vie est raconté dans ce recueil pourtant bien antérieur à sa naissance. Lorsqu’il était petit, il est tombé sur une porte dessinée, et a senti qu’il pourrait l’ouvrir… mais il a eu trop peur d’être déçu en la touchant, alors il est parti. S’il l’avait poussée, il aurait rejoint un port de La Mer sans Etoiles

Intrigué, Zachary essaie de trouver d’où vient le livre, et se heurte à une organisation qui semble vouloir détruire les portes.

En alternance, on lit les nouvelles de Doux Chagrins puis d’autres livres trouvés par Zachary, et on se doute bien que si la nouvelle sur Zachary est réelle, alors les autres le sont aussi, et ça devient une sorte de jeu de piste. Par exemple, une nouvelle parle du Temps amoureux du Destin, que les Étoiles et les Chouettes ont tué mais dont le cœur a survécu. Qui est le Temps ? Est-ce le Veilleur, est-ce Zachary, est-ce Dorian ?

J’ai adoré trouver et assembler les pièces de ce puzzle, je comprenais juste assez pour suivre l’action et j’avais l’impression que des lanternes s’éclairaient à chaque chapitre. C’était intriguant, c’était gratifiant, je comprends enfin l’intérêt de ce genre d’ouvrages !

Portrait de Zachary par Miss Pannacotta − Portrait de Zachary par Anne Gilbert

Bien sûr, à la fin, il me restait plein de questions, mais j’ai aussi la conviction que je trouverai la réponse en relisant. Tous les éléments sont là, l’autrice ne s’amuse pas à laisser volontairement du flou, il faut juste que je retrace le fil et que j’associe ce qui doit être associé.

Je me doute que ça ne sera pas un livre pour tout le monde – quand on lit, ce n’est pas forcément pour faire un puzzle ! Et certain·es pourraient être frustrés du personnage de Zachary, qui se laisse porter par les décisions des autres et dont le seul objectif est de connaitre la suite / finir l’histoire. Personnellement, je l’ai vu comme une incarnation des lecteurices, dont c’est l’objectif aussi – ou des joueur·es, pour faire écho à ses études de jeux vidéo !

Je me suis bien sûr ruée sur les commentaires, questions et discussions Goodreads − 101 questions ! Les autres fans sont tout aussi engagés que moi – et j’ai découvert un wiki qui décrit les différents lieux, personnes et éléments avec une analyse de leur signification. J’ai hâte d’en débattre en long et en large avec les personnes de mon entourage.

couverture de La Mer sans Étoiles de Erin Morgenstern
Vous l’avez peut-être compris: la mer est surtout métaphorique et ne comporte pas la moindre vague… la couverture française est donc assez frustrante (et c’est pas comme si on manquait d’options niveau couvertures anglaises!)

L’un de mes amis l’a lu aussi, et c’était l’occasion de l’interpréter ensemble ! Pour lui, justement, il n’y avait pas d’interprétation : une seule version de l’histoire, qu’il faut deviner grâce à tous les éléments disséminés par l’autrice. Il était assez ébahi de voir que d’autres lecteurices avaient compris le roman différemment. Pour lui, La Mer sans Étoiles est alambiqué, mais il n’est pas de ces livres qui laissent des questions ouvertes à la fin. Je suis finalement assez d’accord : mon ressenti est différent de celui que j’avais eu à la fin de Quand Je suis Arrivée au Château, récit très métaphorique auquel je voyais trois explications différentes, aucune ne primant sur l’autre.

Par exemple, si je vous propose le texte à trous : « Ce – – – -, j’ai mangé une – – – – -. midi/pomme », entre le nombre de lettres et les options à trouver, on devine facilement que la phrase est « Ce midi, j’ai mangé une pomme ».

Par contre, si je vous donne l’énigme « Ce – – – -, j’ai mangé une – – – – -. midi/soir/ pomme/pêche », alors il est impossible de savoir si la réponse est « Ce soir, j’ai mangé une pomme », « Ce midi, j’ai mangé une pêche », « Ce soir, j’ai mangé une pêche » ou « Ce midi, j’ai mangé une pomme ».

Le premier cas est celui de La Mer sans Etoiles, et les lecteurices vont surtout discuter pour vérifier qu’iels ont bien trouvé la bonne réponse. Le deuxième exemple décrit plutôt Quand je suis Arrivée au Château : il n’y a pas de bonne réponse. Je crois que je préfère quand il y a une réponse, ça m’apporte plus de satisfaction.

Radar à diversité : pp noir et gay, couple m/m, psi bi

Avertissements : torture, empoisonnement, kidnapping, ambiance de fin du monde, morts

 

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