En Quête d’Albums avec de la Représentation – partie 3

Cette quête n’en finit pas ! Mais il est arrivé un moment où, à vrai dire, elle s’est essoufflée. J’avais épuisé les livres qu’on me conseillait, ou plutôt ceux que ma bibliothèque avait en sa possession. Et acheter des albums, ça revient vite cher…

personne lisant l'album Le Fleuve de Claude Ponti en tailleurs dans un canapé
Le Fleuve de Claude Ponti

Je triche donc un peu : j’ai lu Le Fleuve de Claude Ponti il y a maintenant deux ans, car des ami·es l’avaient acheté et me l’ont fait découvrir. J’ai profité d’une visite chez elleux pour le relire.

Je n’ai jamais été très fan de Claude Ponti, je dirais même que j’ai des souvenirs assez cauchemardesques de Pétronille et ses 120 Petits. Les dessins sont complexes et ça doit être prenant de chercher tous les détails, mais les visages sont effrayants !

En découvrant Le Fleuve, je n’ai donc pas ressenti cette émotion profonde que génère le fait de découvrir qu’un auteur qui a bercé notre enfance légitime notre identité. Mais je sais que ça a été le cas pour d’autres ! C’est un peu l’effet que me procurent les livres de Rick Riordan : les nouveaux tomes de la série préférée de mon enfance contiennent soudain des personnages qui me ressemblent. C’est si merveilleux quand mon existence est reconnue par une œuvre qui m’accompagne depuis longtemps…

illustration de l'album Pétronille et ses 120 Petits
Pétronille et ses 120 Petits, ou un souvenir cauchemardesque de mon enfance

Dans Le Fleuve, on découvre une tribu où les enfants choisissent leur genre, que ce soit au cours de leur vie où en renaissant, et on suit l’histoire de deux grands-parents qui ont décidé de renaître dans un autre genre que celui de leur vie passée. L’univers est complexe, d’une manière très caractéristique à Claude Ponti. Les dessins sont plus calmes que ce que j’avais en mémoire, et j’ai beaucoup aimé les mots inventés !

Cet album est un peu celui qui a lancé toute cette quête. Il m’a fait découvrir la passion de mes ami·es pour les albums, et combiné à notre besoin de représentation, j’ai voulu trouver des ouvrages à leur conseiller.

Du coup, ce qui est merveilleux, c’est que je ne suis pas seule dans ma recherche, et que mes ami·es et moi n’avons pas les mêmes sources de renseignement. Quand je leur rends visite, dès mon arrivée, iels poussent vers moi une pile d’une dizaine de bandes-dessinées et d’albums. Génial ! Grâce à elleux, j’ai découvert Jérôme par Cœur, un album très poétique, ou encore Princesse Kevin.

couverture de Un Oiseau sur mon Épaule de Sibylle Delacroix avec une petite fille assise et un oiseau
Les Larmes et Un Oiseau sur mon Épaule de Sibylle Delacroix

Toujours sur la même pile de lecture du week-end chez mes ami·es, j’ai trouvé deux albums de Sibylle Delacroix : Les Larmes et Un Oiseau sur mon Épaule. Je sais que ce que j’ai dit, c’est que je cherchais des albums « avec de la représentation », mais je ne cherche pas pour autant des identités bien définies. Ce qui m’intéresse, c’est des portraits qui ne renforcent pas les normes, qui montrent des alternatives.

Les Larmes est un super album pour ça, puisqu’il parle du fait de pleurer librement. Les dessins sont parfaits, un crayonné doux avec quelques couleurs. Ce livre, c’est un peu comme un plaid bien chaud.

C’est un peu pareil pour Un Oiseau sur mon épaule, un album avec de très beaux dessins qui m’a troublée au premier abord. La petite fille va à l’école pour la première fois, et au lieu de parler à ses camarades, elle recueille un oiseau. Comme l’oiseau est magnifique, je pensais que c’était une bonne chose, qu’iels deviendraient ami·es… mais pas du tout : l’oiseau est plutôt une métaphore de l’anxiété ou de la timidité – en tout cas, c’est comme ça que je le lis. Il empêche la petite fille de parler aux autres enfants, il la critique, dit que tout ce qu’elle fait est moins bien que ce que font les autres. Je le trouvais terrifiant !

Je m’attendais à une petite histoire mignonne, et certes, c’est mignon, mais il y a quand même des moments angoissants.

personne en débardeur à motifs virevoltants lisant Cristelle et Crioline de Muriel Douru devant une grande fougère
Cristelle et Crioline de Muriel Douru

Le confinement ne m’a pas aidée : j’ai passé six mois sans ma bibliothèque LGBTI+ ! Lorsqu’enfin j’ai pu y retourner, elle avait réorganisé ses étagères, mettant en valeur une section jeunesse et… oh ! des albums ! Je me suis ruée sur Cristelle et Crioline, me posant dans un canapé pour le découvrir, et j’ai été émerveillé par la première page. Elle était remplie de formes déliées, de minuscules détails, le fond n’était pas d’une couleur unie mais composé d’une multitude de dessin.

C’est magnifique… mais sur un tel fond, le texte est plutôt compliqué à lire !

J’ai souri en découvrant qu’il s’agissait d’une énième histoire de mariage royal arrangé. Le roi et la reine grenouille cherchent un prétendant pour leur fille Cristelle, mais aucun ne l’intéresse ! Jusqu’à ce qu’elle croise le regard de Crioline, présente par erreur…

Cette lecture était mignonne et amusante. Cette fois-ci, il n’y a aucun élément qui m’a mise mal à l’aise ! Et les dessins sont magnifiques, très distrayants avec leur abondance de détails.

couverture de Jean a deux mamans

J’ai enchainé avec Jean a Deux Mamans et je suis descendue de mon petit nuage. Sur la dizaine de pages, il doit y en avoir deux seulement que j’ai trouvé correctes… pour résumer, on a « les mamans de Jean s’aiment comme un papa et une maman. Jeanne fait la cuisine, la couture et le ménage, Marie travaille, pèche avec son fils et bricole le week-end ». Wow.

personne en pyjama lisant Koulou chéri de Celina Kalluk & Alexandria Neonakis sur un tapis blanc avec une peluche de lapin
Koulou chéri de Celina Kalluk & Alexandria Neonakis

Et finalement, je me suis résignée : j’ai acheté un album. Il était conseillé par Mon Fils en Rose, dont les goûts sont plutôt sûrs, et surtout, il a des dessins magnifiques, ce qui est un de mes critères les plus importants.

Un enfant est né, et, à la manière d’une comptine, on appelle les animaux à le guider. C’est un album inuit, et plusieurs des animaux présentés m’étaient inconnus. Chaque page est magnifique et donne envie de se blottir sous un plaid… c’est comme une suite de tableaux plus doux les uns que les autres.

 

C’est compliqué de trouver des recommandations d’albums qui sortent des sentiers battus : les enfants de 5 ans ne tiennent pas de blogs de conseils ! Mais je ne suis toutefois pas seule dans cette entreprise, et ça me permet aussi de partager la plupart de mes lectures. On se les lit le soir avant de dormir, et c’est un rituel que j’adore.

Pendant ces derniers mois, comme j’arrivais au bout des recommandations qu’on m’avait faites, c’est surtout par hasard que j’ai découvert des albums : des ami·es m’en ont prêtés, je suis tombée dessus à la bibliothèque… Arrivons-nous à la fin, ou y aura-t-il une partie 4 à cette recherche ? Pas d’inquiétude, après ce creux, j’ai redoublé d’efforts et j’ai plein de découvertes à vous présenter dans un prochain article !

 

4 réflexions sur « En Quête d’Albums avec de la Représentation – partie 3 »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *