J’ai vu Mirror, Mirror de Cara Delevingne dans ma boutique d’occasion préférée, et comme Cordélia en avait parlé sur sa chaîne, je l’ai acheté. En l’ouvrant, j’ai un peu déchanté : c’est un thriller, et ce n’est pas du tout un genre que j’affectionne, parce que je trouve les personnages trop froids…
Mais c’est un thriller YA, j’arrive donc mieux à accrocher aux personnages. Red raconte l’histoire du groupe de musique formé avec ses trois meilleur·es ami·es : Rose, Léo et Naomi. Huit semaines plus tôt, Naomi a disparu, et la police a conclu à une fugue. Lorsque l’histoire commence, Naomi vient d’être retrouvée dans un fleuve, elle est dans le coma et on ignore si elle survivra. Ash, sa grande sœur, compte bien découvrir ce qui s’est passé, et elle entraine Red dans son enquête.
Je ne l’avais pas remarqué car je ne vis pas au Royaume-Uni, mais une chroniqueuse anglaise a relevé l’irréalisme des lieux et situations, notamment en ce qui concerne l’uniforme ou les quartiers d’habitation, ce qui est quand même dommage pour un thriller contemporain.
Le style narratif de Red, assez vulgaire, m’a un peu bousculée au début, mais au fil des mots, je me suis attachée aux personnages, dont on découvre les différentes facettes. Tous ont des qualités, des défauts, et de gros problèmes à surmonter : les parents de Red l’abandonnent pour l’alcool ou des maîtresses, le frère de Léo veut l’entrainer dans son gang, Rose lutte contre ses traumatismes sous l’œil indifférent de son père…
Au milieu de tout ce fouillis, l’histoire de Naomi est complexe à retracer… n’empêche, j’ai deviné presque immédiatement la solution du mystère. Je ne pense pas que ça soit cliché ou évident, simplement, j’ai tout de suite associé cette trame scénaristique à celle d’un autre livre, et ça m’a donné la réponse. Au lieu de me décevoir, ça a au contraire fait grimper la tension : j’avais envie d’enguirlander les personnages lorsque je savais qu’ils fonçaient vers un piège, mais je ne leur en voulais pas, car ils ne pouvaient pas savoir.
Et, vers les trois quarts, il y a eu un magnifique plot twist. Parce que… ça n’aurait pas dû être un plot twist, en fait. Le roman ne m’a techniquement pas induite en erreur, il s’est contenté de me taire certaines informations. Si on vous parle du logement d’une personne riche, sans le décrire, vous aurez tout de même une vague image immédiate, et tomberez des nues si dix pages plus loin on vous révèle que c’est une tente. C’est un peu pareil ici, mais sur un élément bien plus central. Au passage, chapeau à la traductrice, ça a dû être un sacré numéro d’équilibriste que de maintenir le flou. A part pendant le premier chapitre, je ne me suis posé aucune question, je n’avais pas l’impression qu’il me manquait des infos… et en fait, je m’étais appuyée sur des stéréotypes pour sauter aux conclusions.
C’est un plot twist qui ne nous révèle pas quelque chose sur l’histoire mais sur nous, lecteurices, et sur nos préjugés. Un peu comme pour Le Chœur des Femmes : j’adore ce genre de révélations !
Mirror, Mirror était donc une excellente surprise. Ça reste un thriller YA, je ne m’y sens pas aussi à l’aise et ravie qu’en fantasy, mais les personnages sont bien développés, la tension est présente, et l’écriture invite à réfléchir sur nous-mêmes.
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