J’ai commencé Their Troublesome Crush dès que j’ai fini Eight Kinky Nights : j’avais adoré et je voulais continuer de lire les livres de Xan West. Il s’agit cette fois-ci d’une novella, donc un récit plus court, écrit d’un seul point de vue : celui d’Ernest, un personnage secondaire de Eight Kinky Nights.
Le titre évoque un crush qui pose problème, et je savais que c’était une romance polyA. La seule version de crush polyA dramatique que je connaissais jusqu’alors, c’est le « oh non, je suis amoureuxse de deux personnes, que faire ? ». Ici, ce n’est cependant pas l’aspect polyA de la situation qui gêne : Ernest est déjà en couple avec Gideon ainsi que d’autres personnes, tandis que Nora est une soumise de Gideon. Toustes deux se mettent à passer plus de temps ensemble car iels organisent l’anniversaire de Gideon, et Ernest tombe amoureux de Nora.
Si le problème ne vient pas du polyamour, quel est-il alors ? En fait, Ernest est demi-romantique : il n’a pas l’habitude des crush, et ça le perturbe. En plus, il était convaincu de ne pas être attiré par les personnes cis ! Il n’y a toutefois rien de dramatique dans cette histoire, qui est avant tout très tranquille et mignonne.
J’ai initialement été un peu déçue de ce contexte, surtout quand Nora explique qu’elle n’a jamais eu de bonne relation avec ses métamours, qui soit l’ignoraient, soit la jalousait. C’était dommage de ne voir que deux possibilités opposées à l’encontre de métamours : l’aversion ou la romance… Il est vrai que dans mon expérience, les métamours, c’est loin d’être évident ! Mais il existe tout de même un spectre relationnel plus varié, et heureusement, c’est montré par la suite : Ernest a une métamour avec laquelle il s’entend très bien.
Alors que je préfère l’action à la douceur, j’ai beaucoup aimé l’ambiance générale du livre, très réconfortante. J’ai aussi adoré la manière dont la narration incorporait la musique : en effet, Ernest est fan de comédies musicales et aime composer. Les descriptions prennent ça en compte : il parle du rythme de la canne de Nora, ou du son d’un lieu plutôt que des odeurs. Certains bruits lui donnent des idées d’accompagnement musical, certaines émotions le poussent à composer. Ça confère une voix particulière à ce récit.
Au milieu de ma lecture, alors que je voulais acheter la version papier des livres de Xan West, j’ai découvert qu’iel était décédé·e en été 2020. Je ne læ connais pas, mais cette nouvelle a été douloureuse : je m’étais tellement reconnue dans ses écrits, je me sentais proche de cette personne ! Et que deviendront ses livres ? Ses sites remplis d’articles ?
J’ai repris Their Troublesome Crush en le savourant d’autant plus que je savais que Xan West n’écrirait pas de nouveau roman. Je voulais profiter de cette connexion si particulière que j’avais avec ses personnages… comme pour Eight Kinky Nights, je limitais ma lecture, cette fois-ci à un chapitre par session. Dans une moindre mesure, Their Troublesome Crush me donnait lui aussi de multiples pistes de réflexion et de questionnement.
Notamment, Ernest et Nora passent du temps à préparer la fête d’anniversaire de Gideon, qui est une journée complexe et partiellement douloureuse pour celui-ci. Ses amoureuxses cherchent donc des idées pour faciliter l’évènement, par exemple, avoir des activités pour que l’attention ne repose pas sur Gideon et sa mauvaise humeur.
Quelques semaines avant ma lecture, j’avais fêté l’anniversaire d’une personne dans une situation similaire, alors forcément, ça m’a fait réfléchir à ce que je pourrais emprunter – ou non – à Their Troublesome Crush.
Ce livre est moins riche qu’Eight Kinky Nights – aussi parce qu’il est plus court – mais encore une fois, j’ai savouré la proximité entre les personnages et moi. Il m’arrive régulièrement de m’enthousiasmer de me reconnaitre dans un livre. Après tout, je les sélectionne pour ça ! Mais comme je l’explique déjà dans mon article sur la représentation asexuelle, souvent, je ne me reconnais que dans une seule facette des personnages. Un mec cis gay ace est certes ace comme moi, et c’est génial, mais nous ne sommes pas si proches ! Ici, j’ai l’impression de connaître ces personnages, et qu’eux me connaissent aussi, comme s’ils étaient mes amis. Parce que ce sont des groupes avec une grande diversité, et dont les discussions vont au-delà des définitions de « qu’est-ce que c’est, être ace ». Faut-il accepter une chose dont on a besoin, même si on n’est pas confortable de le faire ? Quelles relations entretenir avec les partenaires de nos partenaires ? Comment gérer le fait d’aimer quelqu’un qui a des privilèges par rapport à nous ? Ça, ce sont des questions que je me pose moi aussi, et pas en tant que débat philosophique : ce sont des interrogations qui surviennent au quotidien.
Dans l’ensemble, c’est un petit roman doux et réconfortant, que je recommande à toute personne qui souhaite lire une romance tranquille.
Avertissements : (donnés en début d’ouvrage : dysphorie de genre, 1 scène de BDSM) + différence d’âge