Traduction de Titres – Partie 2

Dans un précédent article, j’ai parlé de diverses manières de passer un titre du français à l’anglais. Certaines éditions gardent le même, d’autres traduisent mot à mot… et parfois, les titres n’ont rien à voir, et c’est ce dont je vais vous parler dans cette suite.

L’Esquisse du Bonheur – Starfish

Starfish, traduit par L’Esquisse du Bonheur, a bien changé entre l’anglais et le français. Je trouve couverture et titre en anglais plus jolis, en revanche, ça ne révèle pas grand-chose de pertinent sur le livre. Est-ce que c’est un ouvrage de fantasy ? Le récit d’un voyage en mer ?

Pas du tout, c’est un roman ado contemporain coming-of-age, et la couverture comme le titre français le reflètent beaucoup mieux. Oui, L’Esquisse du Bonheur, c’est banal, et après lecture, on se rend compte que « Starfish » correspond bien à l’âme du récit – c’est une métaphore filée tout au long de l’intrigue de la relation toxique dans laquelle se trouve l’héroïne – mais un titre est censé attirer les lecteurices avant la lecture. L’Esquisse du Bonheur remplit mieux son rôle, car il attirera les adeptes de ce genre littéraire, plutôt que les fans de voyages maritimes ! → Ma Chronique

Solitude d’un autre Genre – Sabishisugite Lesbian Fuzoku Ni Ikimashita Report

Le manga original en japonais signifie « Rapport sur le fait de se sentir si seule que je me suis rendue dans un bordel* lesbien ». Quoique l’original soit plus clair sur le contenu, ce n’est pas forcément nécessaire vu la couverture, et je trouve la version française plus jolie et poétique. → Ma Chronique

Tout ce qui Reste de Nous – Don’t Go without Me

Je trouve ce titre tout simplement magnifique, et très approprié pour cette bande-dessinée qui s’intéresse à la mémoire. Le titre anglais, Don’t Go Without Me, est beau lui aussi, mais me donne une image différente de la bande-dessinée, la centrant davantage sur une relation, ce qui est le cas des deux premières histoires courtes qui la composent, mais pas de la troisième. → Ma Chronique

Celle don’t j’ai Toujours Rêvé – If I was Your Girl

Je trouve le titre français vraiment joli… presque trop pour ce roman qui ne m’a finalement pas trop passionnée. Le titre anglais est sympa aussi, mais au-delà du fait que la formulation me plait moins, je le trouve aussi un peu réducteur : il donne l’impression que l’histoire se centre sur la romance, ou encore sur la manière dont son copain considère la narratrice comme une fille ou non. Mais le roman est davantage, à mes yeux, la vie d’une adolescente trans, qui contient, entre autres, une romance. Le titre français se concentre davantage sur elle, et son rêve qui s’accomplit, je trouve ça chouette !

Nos C(h)œurs Evanescents – Shônen Nôto

Même si le coup des parenthèses est davantage banal quand c’est la 3e fois que la même maison d’édition le fait, ça fonctionne toujours très bien pour ce manga qui parle de jeunes choristes et de leurs émotions. La question de la voix qui mue, et sa pureté vouée à disparaître, est omniprésente dans le récit, faisant de Nos C(h)œurs Evanescents un excellent titre, bien meilleur que « La note des garçons ».

Je dois quand même préciser que même si c’est joli, toutes ces parenthèses sont très pénibles quand il faut rechercher le livre sur les sites des bibliothèques ou des librairies : parfois il est enregistré avec, parfois sans. Ma bibliothèque affiche le tome 2 quand on cherche « nos chœurs évanescents » et les autres pour « nos c(h)œurs évanescents » ! → Ma Chronique

La Méthode Lighty – You Should See me in a Crown

Le titre de You should See me in a Crown me fait vraiment rêver, j’imagine une épopée de fantasy médiévale, avec une jeune fille évincée du trône qui lève une armée pour massacrer l’usurpateur et le récupérer.

Mais… l’histoire, ce n’est pas ça du tout : c’est une comédie romantique pour ados, où Liz, la narratrice, essaie de remporter le prix de Reine du Bal afin d’avoir de quoi payer ses études. La Méthode Lighty correspond mieux à cette ambiance, et d’ailleurs cette méthode est assez intrinsèque au roman. Même s’il est adapté, le titre français ne me faisait pas du tout envie, et je n’aurais jamais lu ce roman si je ne l’avais pas reçu par erreur. → Ma Chronique sur Goodreads

De Sang et de Rage – Children of Blood and Bone

Je trouve le titre anglais plus classe et intriguant que le titre français – on peut noter que malgré leur différence, les deux ont le sang en commun. Children of Blood and Bone est une référence à une phrase vers la fin, où la narratrice arrive à la conclusion que ses allié·es et elle sont des enfants de sang et d’os, mais… je n’ai pas compris d’où sortait cette conclusion. Et, de façon générale, je n’aime pas trop les titres qui font référence à une phrase précise, ça fait un peu forcé.

De Sang et de Rage est plus classique, mais je trouve qu’il représente mieux l’ambiance du livre. Children of Blood and Bone, c’est sinistre. Mais le roman ne l’est pas, c’est un roman de révolte contre un régime violent, de colère face aux oppresseurs. Avec des moments tristes, des moments horribles, mais de l’espoir, de la solidarité. Je préfère donc De Rage et de Sang… mais si quelqu’un m’expliquait la conclusion de l’héroïne, je pourrais changer d’avis, car le titre anglais est vraiment stylé. → Ma Chronique

Bonus : les Romans de Maurene Goo

Les couvertures et titres anglais me faisaient vraiment envie, et j’attendais avec impatience leur traduction française. Il y avait déjà des romans de Maurene Goo en VF, j’avais notamment vu Un été à Emporter en librairie, mais j’étais rebutée par son apparence.

Ce n’est que le mois dernier que je me suis enfin rendu compte qu’en fait, les livres français que je voyais en bibliothèque sans qu’ils ne m’attirent étaient les mêmes que les romans anglais qui m’intéressaient ! Les titres perdent beaucoup en poésie, et les couvertures n’ayant rien à voir, c’est difficile de faire le lien entre les deux…

Lucky et Jack : Une K-Pop Love Story – Somewhere Only we Know
Un Eté à Emporter – The Way you Make me Feel
24 Episodes pour lui Plaire – I Believe in a Thing Called Love

En relisant mon article, je constate que dans les cas où les titres français sont différents, je les préfère aux anglais. Peut-on en conclure que les titres en français me plaisent davantage ? Pas du tout. Après tout, les livres que je présente sont ceux que j’ai lus, et comme le titre joue dans mon envie de lire, les livres ici sont ceux dont le titre français m’a plu ! L’échantillon est biaisé, et on ne peut pas conclure grand-chose si ce n’est que parfois, c’est pertinent de ne pas être fidèle à l’original…

 

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