Nos C(h)œurs Evanescents de Yuhki Kamatani

personne en chemise rose lisant Nos Chœurs Evanescents de Yuhki Kamatani devant une écluse

J’ai commencé cette série de mangas il y a un an déjà ! Nos C(h)œurs Evanescents est paru au Japon avant Eclat(s) d’Âme – que j’avais adoré –, mais ce n’est que maintenant que la version française est publiée chez Akata. J’ai lu les quatre premiers tomes à la suite, puis j’ai dû attendre chaque publication. En plus, ils étaient durs à emprunter à la bibliothèque, car le titre est parfois enregistré avec parenthèses, parfois sans, parfois le o et le e sont liés, parfois non… puis enfin, enfin, le tome 8 est sorti ! Je l’ai lu, j’ai pleuré d’émotion, et j’ai acheté l’intégrale afin de tout relire à la suite. Je n’aime pas trop lire les tomes un par un, parce que j’oublie les personnages et les enjeux dans l’intervalle, et suis alors moins investie. C’était donc un véritable plaisir de tout enchaîner en deux soirées.

extrait où la chorale marche dans des flaques sur un piano

Comme l’indique l’excellent titre « Nos C(h)œurs Evanescents », ce manga rempli d’émotions tourne autour d’une chorale. L’histoire commence lorsque Yutaka, un garçon hypersensible aux sons, entre au collège et rejoint le club chorale en tant que soprano. Sa passion pour le chant entraine les autres, et toustes souhaitent alors participer au concours national des chorales collégiennes.

C’est un manga choral qui suit une multitude de personnages en quête d’identité. Il y a Vladimir, soprano russe qui commence à muer et prend Yutaka à partie ; Yutaka, qui cherche à comprendre pourquoi il chante et qui il est au-delà de la musique ; Tomo, choriste traité en adulte parce qu’il est très grand ; Ise, choriste qui n’ose jamais prendre la parole ; le président du club, qui s’écroule sous les exigences de sa famille et les siennes ; la co-présidente du club, qui cherche sa place en tant que chanteuse : alors qu’elle étudie le comportement des autres, elle ne se comprend pas elle-même. Elle trouvera des éléments de réponses aux côtés de Mito, choriste transmasculin qui veut s’affirmer, entre celle que les autres voient en lui et celui qu’il est en secret. Avec notamment l’influence de l’adelphe de Yutaka, qui refuse de définir son genre, ou que d’autres le fassent à sa place.

Il y a d’ailleurs pas mal de personnages secondaires intéressants, notamment parmi les adultes qui aident la chorale. Et, sur les derniers tomes, le village entier se rassemble pour lutter contre la construction d’une digue. Malgré les adultes qui leur disent que ce n’est pas de leur âge, les enfants considèrent que l’avenir de la ville les concerne aussi, et souhaitent soutenir la lutte avec des évènements choraux.

Même s’il n’y a officiellement « que » deux personnages queer, c’est un manga qui est queer dans son essence, par les thèmes qu’il aborde. La quête d’identité, la mue de la voix… si je n’avais pas déjà su que l’auteurice était queer, je l’aurais su à ce moment-là. Je me reconnais dans toutes les émotions du récit, les doutes des personnages, leur solidarité, leurs disputes.

J’étais si touchée ! Mal-être, deuil, amitié, promesses, solidarité, doute, l’histoire nous entraine dans un tourbillon dont on ne ressort pas indemne.

extrait de Nos Chœurs Evanescents, où la chorale s'élance ensemble dans l'eau

Les émotions de Nos C(h)œurs Evanescents sont portées par des dessins magnifiques. Les illustrations sont souvent métaphoriques, avec les personnages qui s’envolent, qui dansent dans les étoiles, qui s’entourent de fleurs. Les émotions qu’ils ressentent sont illustrées, les paroles des chansons aussi. Ça emporte, et j’ai eu les larmes aux yeux durant plusieurs tomes, en particulier le sixième.

La fin était moins émotionnelle qu’à ma première lecture, et, à vrai dire, je reste sur un léger goût de trop peu. J’aurais aimé suivre ces histoires individuelles bien plus longtemps ! Voir chaque personnage évoluer, trouver sa voie. Quelques-unes de leurs questions ont été résolues, mais beaucoup sont restées ouvertes : c’est le parcours de la chorale auquel on s’intéresse, et comment des individus très différents joignent leurs voix dans un objectif commun. Les personnages sont au collège, ils ont encore un long parcours devant eux…

Et puis, comme souvent, je suis déçue des quelques pages d’épilogues, qui donnent à la fois trop de réponses, et sont éminemment bizarres. Ça reste ouvert, mais j’ai l’impression que certains personnages ont peu changé tandis que d’autres beaucoup, et c’est juste… perturbant. Heureusement, c’est court ! J’avais vite oublié, et je vais m’empresser de recommencer.

extrait où Yutaka recouvre la chorale d'une cape d'étoiles

Nos C(h)œurs Evanescents m’a tant émue… j’aimerais le conseiller à ma mère, qui chante dans une chorale elle aussi. J’aimerais le conseiller à un·e ami·e qui aime les étoiles et sera touché·e par les métaphores. J’aimerais le conseiller à une personne qui m’est chère et qui adore la musique. J’aimerais le conseiller à toutes les personnes qui ont un rapport compliqué à leur voix. A toutes celles qui ont du mal à se trouver, à s’affirmer, à comprendre qui elles sont. Je l’ai conseillé à trois personnes précieuses qui ont été bouleversées. Et j’espère que vous aussi, vous trouverez en Nos C(h)œurs Evanescents une lecture pleine de questions, d’émotions et de réconfort.

couvertures de nos Chœurs Evanescents 1,4 et 7

Avertissements : crise d’hypersensibilité (T1&5), grossophobie (T2&8), transphobie (T1&6), dépression (T3&4), gifle d’un parent sur un enfant (T4), violence verbale intrafamiliale (T1&5), idéation de mort (T6), deuil (T7)

 

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