Eclat(s) d’Âme de Yuhki Kamatani

personne en haut à motifs abstraits lisant Eclats d'âme de Yuhki Kamatani devant des plantes d'étang aux feuilles blanches

J’ai lu le premier tome d’Eclat(s) d’âme de Yuhki Kamatani il y a longtemps maintenant, debout dans la librairie Violette & Co, parce que je cherchais des mangas avec de la représentation LGBTI+ et qu’on me l’avait conseillé. Je me souviens que j’avais été déçue, que j’avais trouvé ce tome 1 froid et terne. On suit Tasuku, un lycéen qui a envie de se suicider lorsque ses camarades de classe découvrent du porno gay sur son portable, et qui trouve un peu de calme dans « l’association de protection des chats », un club tenu par des personnes LGBTI+ qui restaure des bâtiments délabrés.

Lorsque j’ai déménagé cinq mois plus tard, les quatre tomes de la série étaient disponibles dans la bibliothèque LGBTI+ de ma nouvelle ville. Je n’avais jamais cherché la suite, mais puisqu’elle était là, je l’ai lue lors de mes visites.

Les tomes suivants m’ont beaucoup plus emportée que le premier : on suit différents personnages que j’ai trouvés très attachants. Je gardais cependant de cette histoire un souvenir confus. Les dessins sont assez abstraits ! Notamment, les émotions sont exprimées visuellement, ce qui permet parfois de ressentir la scène encore plus fort, mais du coup, il y a des évènements réels que j’ai pris pour des rêves car ils avaient cette même ambiance surnaturelle.

pages du manga Eclats d'âme de Yuhki Kamatani, où le cœur de Tasuku vole en éclats

A l’occasion du premier club de lecture dans cette ville, nous avons relu la série Eclat(s) d’âme et c’est un peu mitigée que je me suis replongée dedans.

Je ne suis toujours pas fan du personnage principal, qui est surtout observateur. Je ne vois vraiment pas de point d’accroche pour l’apprécier. Mais justement, s’il a un rôle aussi passif, c’est pour céder la place aux personnages secondaires : dans chaque tome, on développe un peu plus les membres de l’association. Dans le premier, on s’intéresse à un couple de femmes qui ont des positions différentes sur le coming-out : l’une d’elle l’a fait à sa famille et travaille à leur relation, l’autre n’arrive pas à envisager de parler de sa partenaire à ses parents. Cela permet à Tasuku de réfléchir à sa propre position… mais surtout de voir des personnes gay être ensemble, heureuses, et vaquer à leur vie en-dehors du fait d’être gay.

pages du manga Eclats d'âme de Yuhki Kamatani, où Tasuku dit à la femme qui lui présente sa partenaire qu'elle a de la chance

Dans le deuxième tome, on suit un enfant, genré au masculin la plupart du temps, qui vient à l’association pour porter des robes. Tasuku est très perdu et ne réagit pas toujours très bien. Heureusement, l’enfant à un sacré caractère, mais ça n’empêche pas des échanges que j’ai trouvé blessants – quoi que réalistes.

J’ai beaucoup aimé le tome 3, qui cette fois-ci, s’intéresse à un homme trans de l’association et se penche sur les soi-disant « allié·es », des personnes qui se croient tout permis au nom de leur bienveillance auto-proclamée.

Et le quatrième tome m’a émue aux larmes… Tasuku apprend à mieux connaître l’hôte, la personne qui accueille les membres de l’association. C’est quelqu’un qui ne comprend pas la romance et cherche à échapper à toute définition : homme, femme, mauvaise, gentil, jeune ou vieille, asexuelle intéressée par le sexe ou asexuel qui n’en veut pas…

On nous raconte également l’histoire du vieux mélomane qui fait le café à l’association, et on a un parallèle entre lui et le couple de femmes qu’on suit depuis le début. Larmes au rendez-vous !

Et même si je n’aime pas Tasuku plus que ça, c’est agréable de le voir gagner en maturité, questionner ses comportements et s’affirmer sur d’autres aspects. Une des « leçons de vie » que j’ai préférée était sur la colère. S’énerver contre quelqu’un est désagréable et mal vu, mais l’hôte affirme que malheureusement, tant qu’on ne s’énerve pas, personne n’écoute. Et on le voit à plusieurs reprises au cours de l’histoire : quand un personnage explique avec bienveillance que le comportement d’un autre pose problème, la personne en face ne se remet pas en question. Après tout, s’il n’y a pas de colère, c’est que tout va bien, non ?

Je suis vraiment contente d’avoir relu Eclat(s) d’âme, que j’ai davantage apprécié la deuxième fois. C’est important de montrer la communauté, de voir les personnages se rassurer de l’existence et du bonheur des autres, d’échanger sur leurs différences selon les générations, l’identité ou le milieu. J’y ai retrouvé la joie de rejoindre pour la première fois une association LGBTI+.

Avertissements : envies de suicide, LGBTphobie

 

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