Le Prince d’Été de Alaya Dawn Johnson et Zoomancie d’Adrien Tomas

Je ne m’attendais pas du tout à regrouper ces deux œuvres ! Le Prince D’été dort dans mes chroniques non publiées depuis un moment : j’ai trouvé ce roman intéressant, surtout pour sa représentation polyamoureuse – c’est rare, dans une dystopie YA – mais je n’avais pas non plus grand-chose à en dire. Et lorsque j’ai lu Zoomancie, je ne m’attendais pas du tout à y trouver une relation ouverte ! C’était une excellente surprise, et comme c’est aussi un roman Young Adult futuriste, je peux vous parler des deux conjointement.

personne en manteau arc-en-ciel lisant Le Prince d’Été de Alaya Dawn Johnson devant une pyramide inversée
Le Prince d’Été de Alaya Dawn Johnson

D’habitude, je n’explique ici que le strict nécessaire de l’intrigue pour que mon article soit compréhensible : si vous voulez des résumés de qualité, allez voir la 4e de couverture ! Ici, je vous conseillerais néanmoins de consulter le résumé anglais, car celui en français… est faux. Parfois, ça me plait que les résumés induisent en erreur, car ça permet de bonnes surprises ! Mais ici, l’univers est déjà complexe : la société brésilienne de Palmara Très est dirigée par des Reines nommées tous les cinq ans par un Roi d’été solaire élu par le peuple. Les autres années, le Roi d’été n’a aucun rôle autre que celui d’être une coqueluche. Le résumé prétend qu’il règne pendant un an, et ça a rendu le début de ma lecture vraiment confus.

June, la narratrice, est une artiste « rebelle » à la personnalité toute en contradictions. J’apprécie ce genre de personnages quand je me retrouve dans leur complexité, mais ici, c’était plus difficile. June considère qu’elle utilise son art pour se rebeller politiquement… mais elle ne veut surtout pas s’attirer la contrariété du pouvoir en place. Elle déclare qu’elle se sent comme une habitante du verde − un quartier défavorisé − mais elle fait partie des familles au pouvoir et a grandi dans le luxe. Lorsqu’Enki, le Roi d’Été, lui parle des inégalités dans le verde, elle tombe des nues. Son engagement est très superficiel… Elle a conscience de ses contradictions, mais je l’ai néanmoins trouvée un peu agaçante sur les bords.

Enki et June luttent contre la Reine par le biais de leur art, mais Le Prince d’Été est un roman qui a peu de scénario et beaucoup d’ambiance artistique. Le texte est une envolée lyrique continue. J’ai du mal avec ce genre de style, mais ici, ça m’a plu, sans que je sois pour autant touchée par cette poésie.

couverture de Le Prince d’Été de Alaya Dawn Johnson

Contrairement à ce à quoi je m’attendais, j’ai aimé la représentation polyamoureuse. Palmara Très est une société où la sexualité est considérée sous un jour positif. Il y a plusieurs couples entre des personnes de même genre, l’amie de June lui propose un plan à trois sans que personne ne sourcille, le Roi d’Été est transparent au sujet de ses multiples relations sexuelles. Le meilleur ami de June, Gil, qui couche avec elle de temps en temps, est l’amant d’Enki, qui est aussi celui de June. Il y a quelques discussions entre Gil et June à ce sujet.

Je regrette seulement que le livre soit putophobe : il est fortement reproché à un personnage de coucher pour obtenir des faveurs.

Bien que j’aie apprécié l’originalité de l’atmosphère, je n’ai pas trouvé l’histoire passionnante, et j’ai eu du mal avec le personnage de June. Je ne suis pas le public-cible, mais Le Prince d’Été sera parfait pour les personnes qui aiment l’art et la poésie.

personne en débardeur rouge lisant Zoomancie de Adrien Tomas devant un buisson sans feuilles
Zoomancie de Adrien Tomas

Dès le premier chapitre de Zoomancie, on est plongé dans un Paris post-Apocalyptique. La mauvaise humeur parisienne a atteint son paroxysme, et Faustine est rongée par la rage, redoutant les rixes à chaque sortie. La crue menace son appartement et elle meurt de faim. En chemin pour son travail au zoo, elle découvre une baleine échouée dont le chant l’emplit de calme.

Pour le chapitre suivant, direction Kuala Lumpur, où Spider, hacker de génie, nous explique l’état lamentable de ce monde futuriste déchiré par les guerres. On découvre le troisième personnage principal, Kamili, dans le chapitre d’après : c’est un garde dans une réserve, très attaché à l’okapi Ushingi.

Le livre est très rythmé, et les actions s’enchainent : un groupe armé attaque la réserve et Kamili fuit vers Paris avec Ushingi, Spider est capturé par une étrange organisation, et Faustine se découvre un lien magique avec la baleine. Il y a toujours de la tension et j’ai dévoré le roman, happée.

Si ça m’a dérouté au début, j’ai finalement apprécié que l’alternance des points de vue ne suive pas un rythme régulier. Parfois, on a deux chapitres de Kamili à la suite, parfois, ça alterne seulement entre Faustine et Spider. Par-ci par-là, on a un chapitre de Nour, une Marocaine liée à un chat, et même, une fois, un chapitre du point de vue de la copine de Faustine. Généralement, quand le point de vue changeait, il m’amenait vers une action que je voulais découvrir, et quand il ne changeait pas, j’en étais bien satisfaite car ça se serait arrêté en plein cliffhanger sinon !

couverture de Zoomancie de Adrien Tomas

Les personnages m’étaient sympathiques, mais le roman étant hélas assez court, ils sont finalement peu développés. J’étais à fond avec eux tout du long, mais lorsque l’histoire s’est terminée, j’avais l’impression d’en savoir trop peu sur eux. Par exemple, la relation entre Faustine et sa copine n’est pas très claire : est-ce qu’elle est polyamoureuse, libre, ouverte ? J’ai déduit que c’était un couple exclusif romantiquement et ouvert sexuellement, mais je ne suis sûre de rien !

Le scénario est plutôt simple, et si au début j’ai trouvé l’univers intéressant – notamment avec la colère exacerbée de tout le monde, sauf pour Kamili qui éprouve une sensation froide apparentée à une anxiété paralysante – j’ai été déçue que tout soit finalement ramené à un seul élément. En particulier pour un roman qui parle d’écologie, je préfère les causes plus complexes… mais c’est ce qui permet au livre d’avoir un rythme aussi direct. On ne s’attarde pas en complications : les méchants sont identifiés, le danger et là, le suspense est à son comble.

Avec Zoomancie, j’ai donc passé un excellent moment de lecture ! Le message sur la nature humaine et l’avenir est toutefois un peu creux, et je ne sais pas si je repenserai beaucoup à ce roman… à part pour constater qu’il a changé ma semaine du tout au tout : alors que je me passionnais pour Don’t Starve, la simple évocation de Kuala Lumpur m’a donné une envie dévorante de jouer à Civilization V.

Zoomancie comme Le Prince d’Été étaient des lectures sympathique mais peu marquantes : si j’ai passé de très bon moments de lecture, ils ne me resteront pas en tête longtemps. Comme je lis pour me divertir, c’est tout à fait appréciable de découvrir des romans qui me plaisent sans pour autant me poursuivre de questions, et j’apprécie de retrouver des personnages polyA dans ces œuvres-là aussi. C’est bien d’avoir des romans érotiques et des manuels, mais je veux du polyamour dans toutes sortes d’histoires !

Radar à diversité Le Prince D’été : cast brésilien, psi bi, relation m/m/f ouverte, polyamour

Avertissements : mort, putophobie

Radar à diversité Zoomancie : pp racisés, couple f/f ouvert

Avertissements : violence générale

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *