This Song is (Not) for You de Laura Nowlin

personne en manteau multicolore lisant This Song is (Not) for You de Laura Nowlin, la photo est prise face à un miroir

Après avoir été très déçue par A Study of Fiber and Demons − un roman fantasy avec des personnages principaux polyamoureux et asexuel − j’ai enchainé avec This Song is (Not) for You de Laura Nowlin. C’est un livre avec la même représentation, mais qui me tentait beaucoup moins, à la fois à cause de sa couverture et parce que c’est une histoire contemporaine. Mais dès les premières pages, j’ai vraiment accroché, et j’ai su qu’après bien des galères à la recherche d’un bon roman polyA, j’avais enfin trouvé la perle rare.

Les chapitres sont très courts et alternent entre les points de vue des trois personnages principaux : Ramona, Sam, et Tom. Le style est dynamique et facile à lire, avec une très forte atmosphère « ado edgy ». Honnêtement, c’est la manière la plus directe de décrire ce roman. Les personnages insistent sur le fait qu’ils « ne sont pas comme les autres ados » ce qui est à la fois cliché, ridicule et terriblement attachant.

« The grass and trees have that traumatized look of too much fertilizer and regular trimming, and the sidewalks are disturbingly white. »

Ramona est un personnage intuitif et haut en couleurs : elle refuse de se plier à la norme, elle sait ce qu’elle veut et fait tout pour l’obtenir. Quand elle rencontre Sam en seconde, elle sait qu’il sera « sa » personne, et elle fonde un groupe de musique expérimentale avec lui. Pareil lorsqu’elle rencontre Tom deux ans plus tard : sans jamais l’avoir entendu jouer, elle sait qu’il sera parfait, et le supplie de les rejoindre.

Sam est beaucoup plus calme, il est celui qui permet à Ramona de souffler, de prendre le temps de s’arrêter. Il est amoureux d’elle, mais sait que si c’était réciproque, elle aurait agi, alors il profite de leur amitié. Ramona est également amoureuse de lui, mais ne veut pas prendre de risque.

Tom… j’ai eu plus de mal à m’attacher à lui, notamment parce qu’il passe beaucoup de temps à se lamenter sur son ex, et à se prendre pour un poète maudit. Il s’insurge pour de nombreuses causes, et adore tagguer avec des paillettes les lieux les plus saugrenus. Ramona et lui tombent vite amoureux et décident de sortir ensemble.

couverture de This Song is not for you de Laura Nowlin

Comme This Song is (not) for You tourne principalement autour de l’exploration émotionnelle des personnages au cours d’une année scolaire, il aurait vite pu tomber dans un drama exagéré, avec des personnages se languissant les uns pour les autres à la manière victorienne – « oh non, j’aime une personne qui sort avec quelqu’un d’autre » − mais en fait, c’est très doux et tranquille. L’attitude quelque peu over-the-top des personnages m’a aussi fait beaucoup rire, alors ça a été une lecture très agréable.

J’ai aussi beaucoup, beaucoup aimé leur manière de parler d’amour. Déjà, dans les descriptions, très intenses et affectueuses, et aussi parce qu’iels utilisent le même mot, love, pour parler de romance et d’amitié. Au début, j’ai cru que ça voudrait dire que les personnages formeraient un trouple, mais à ma grande joie, ce n’est pas le cas. Il est très clair que tout le monde s’aime, mais certaines relations dans ce trio sont amicales, d’autres sont romantiques, d’autres sont sexuelles. Ramona insiste sur le fait qu’elle aime passer du temps à trois, mais qu’elle veut aussi passer des moments en tête à tête avec chacun. C’est tellement plus proche de ce que je vis, ça m’a fait très plaisir !

« The boys high-five.

I love how they laugh together. I love how Tom is able to get mellow, dreamy Sam excited. I love making music with them in pairs and as a trio. I love listening to them as they make music together. I love how Sam can get hyper Tom to stop and think, just like he can with me. I love it when they tease me together.

I love them. Their friendship is at the center of my mind’s maze, and their love is the highest-flying banner on my heart. Loving one does not take love away from the other. There isn’t a limit to the amount of love I can feel.

There isn’t a limit to how much I can love, and this knowledge makes me want to fly. Lying here on the couch, I feel as if I could lift off and away.

The boys laugh and grin at each other.

This love makes me want to love everyone more. Everyone.

“You got this, man!” Tom says. “Now back to Hyrule!” The electronic music seems to cry with encouragement too. Sam squares his shoulders and leans over the controller in determination. My arms relax into the couch; my breathing slows. I watch them together and feel my heart beating steady, steady, steady. »

C’est juste… beau. Il y a des passages en vers, mais au-delà de la poésie, ce livre parle d’émotions d’une manière intense et sincère. Parfois, on a un chapitre entier – bon, les chapitres font trois pages – sur un souvenir, une métaphore filée : par exemple, Ramona parle de sa relation à la musique, de comment elle a appris le piano avec sa mère, comment elle a découvert les percussions, pour conclure :

« I still play piano, but I play the drums too.

Loving the drums hasn’t made me love piano less.

Just as Sam has stayed in my heart even after I fell for Tom. »

J’aime vraiment le temps qui est pris pour s’attarder sur les sentiments des personnages. Le livre est court, alors trois pages pour une métaphore ? C’est significatif et doux.

Dommage que le mot « asexuel » ne soit pas utilisé – alors que le personnage évoque le fait d’avoir trouvé « d’autres comme lui » − d’autant plus qu’on n’a qu’un seul modèle d’asexualité ici. Forcément, ça ne peut pas être parfait, mais j’ai quand même trouvé cette représentation satisfaisante, surtout qu’elle ajoute à la variété de la relation polyA.

This Song is (not) for You a été une excellente surprise, et m’a tellement réconfortée ! J’ai vraiment fondu pour les personnages, portée par leurs émotions… c’est une histoire qui fait du bien. Au moment où je l’ai lue, je galérais à lire autre chose que des BD et des fanfictions, et ça m’a fait très plaisir de dévorer un roman, sans jamais devoir me forcer !

Avertissements : commentaires acephobes

 

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