Sweet Vengeance de Viano Oniomoh

personne en salopette lisant Sweet Vengeance de Viano Oniomoh devant des rochers

Vous avez peut-être remarqué que je ne lis quasiment plus de livres en anglais – les VF sont plus faciles à prêter et à conseiller – mais pour Sweet Vengeance de Viano Oniomoh, j’ai fait une exception. J’en ai entendu parler sur la chaine de JemilaBeReadin que je venais de découvrir, et j’avais envie de me faire une idée de ses goûts de lecture. Et puis, une romance érotique autoéditée avec une héroïne noire, grosse et bi ? Jamais ça ne sera traduit.

Bien que la couverture semble annoncer une romance légère et mignonne, le livre traite en réalité de thèmes assez difficiles : Joy a été violée il y a quelques années par un ami, et au début du roman, elle invoque le démon Malachi pour prendre sa revanche. Ayant besoin de pactes pour rester dans notre monde, il accepte d’aider Joy : elle tient à tuer son violeur elle-même, et Malachi doit veiller à ce qu’elle ne soit jamais soupçonnée.

J’ai l’impression que ce thème est plutôt bien traité – notamment parce qu’on a un autre personnage avec un vécu proche et une réaction différente. Mais c’est aussi pour moi une question de ton, et il ne m’a pas du tout semblé que le roman utilisait ce ressort scénaristique pour une « backstory tragique » ou pour choquer, on nous montre à la fois la banalité de ce genre d’évènements, l’absence de soutien autour, et les conséquences sur la vie de Joy – qui vont au-delà de « elle fait des cauchemars ».

J’étais cependant mal à l’aise avec les flashbacks… ils détaillent beaucoup les émotions et c’était vraiment désagréable à lire. Je pense que le but était de ne pas édulcorer, et peut-être de contrebalancer tous les romans qui érotisent le non-consentement, en nous montrant à quel point c’est horrible…

Ce que j’ai préféré dans cette vengeance, c’est que la question de la moralité n’est pas posée. Oui, j’aime bien les romans qui questionnent nos actions, qui nous montrent toutes les nuances éthiques d’une décision, mais là j’ai apprécié que Joy ne soit pas tourmentée par le remords, que son entourage ne lui dise pas que, « quand même, le meurtre c’est cruel ». Si jamais ça vous dérange, rappelez-vous que c’est entre autres un démon qui trouve que c’est une bonne idée, donc Sweet Vengeance ne me semble pas unilatéralement encourager le meurtre. Je pense que c’est plutôt un livre qui s’adresse aux personnes concernées, pour leur donner un exutoire.

Les pulsions meurtrières de Joy sont montrées comme sexy – dans le style « femme fatale » − mais à côté de ça, elle est aussi absolument adorable. Ce qui convient tout à fait à ma conviction comme quoi être « gentil », ce n’est pas « ne pas être violent » ou « être innocent » : être gentil, c’est savoir regarder le mal dans les yeux et agir au lieu de détourner le regard ; c’est protéger les personnes qui nous sont chères, même si ça implique de la violence ; c’est se battre pour les personnes marginalisées. Joy est sans pitié envers son agresseur ou celui de son amie, mais elle est aussi très prévenante avec Malachi et respectueuse de ses limites.

couverture de Sweet Vengeance de Viano Oniomoh

L’attirance sexuelle entre Joy et Malachi est instantanée. C’est un roman érotique après tout – quoiqu’il y ait moins de scènes de sexe que dans Retiens la Leçon ou Endless love… mais aussi plus que dans Love on the Brain. J’ai vraiment bien aimé les scènes de sexe et ça m’a même fait lire deux autres romans érotiques – hélas, j’ai été déçue. Je crois qu’à chaque fois que je lis un roman érotique, j’ai une grande révélation en mode « mais ce n’est pas du tout comme les clichés qui disent que les livres érotiques sont stupides et inintéressants, en fait c’est complexe, profond, et généralement très fun », puis après j’oublie, et j’ai la même épiphanie au roman suivant.

Ici, j’aurais préféré que les personnages ne soient pas attirés au premier regard, mais j’ai aimé le développement de leur relation. Les scènes de sexe sont variées – on a même du sexe anal avec strap-on à un moment, c’est la première fois que j’en lis dans une romance m/f ! Il y a un léger côté dom/sub qui m’a plu – Joy étant la dom.

Je pense que cette qualité est en grande partie liée au fait que l’auteurice écrit beaucoup de livres queer. Joy est bi, on a un personnage secondaire non-binaire, et au début, Joy et Malachi genrent l’autre avec « they », puis demandent leurs pronoms. C’est la première fois que je lis ça, tous romans confondus. C’est vraiment agréable d’avoir un livre qui d’un côté, satisfait les critères des romances érotiques – je n’aime pas trop les livres qui s’éloignent de ce qu’ils promettent, parce que si je suis d’humeur à lire une romance mignonne, je je n’ai pas envie de me retrouver face à un thriller – mais qui apporte aussi des thèmes bien traités.

Sweet Vengeance se déroule au Nigéria, ce qui m’a fait plaisir – j’ai trop l’habitude de l’Urban Fantasy se déroulant aux États-Unis. J’aurais cependant aimé que l’univers soit plus détaillé : ce qu’on en devine est vraiment intéressant ! J’ai très envie d’en savoir plus sur l’organisation des démons. Tous ces éléments originaux font que Sweet Vengeance a retenu mon attention, et je l’ai même relu la semaine d’après ! Si vous êtes confortables avec l’anglais, c’est une histoire qui vaut le détour.

Radar à diversité : cast nigérian, pp noire, bi et grosse, ps non-binaire #ownvoice

Avertissements : deuil, viol, assassinat, décès, mention de viol pédophile et incestueux, scènes de sexe

 

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