Encore un challenge Harry Potter, francophone cette fois-ci et organisé par Le Zozie : Le challenge des 4 maisons. En plus des thèmes propres au challenge, j’ai décidé de faire un peu de résistance passive en m’ajoutant une contrainte supplémentaire : lire des livres écrits par des personnes trans ou avec des personnages trans. Je m’autorisais des exceptions pour les livres que je devais rendre à la bibliothèque.
Un des livres que je devais rendre, justement, c’était George d’Alex Gino, un livre qui est depuis longtemps dans ma pile à lire. Un des premiers livres LGBTI+ qu’on m’a recommandés, je crois.
En commençant ma lecture, je me suis rappelé qu’il y a quelques années, quand on me recommandait pour la première fois des livres LGBTI+, eh bien… je n’étais pas très sélective. Je notais tout ce qui contenait de la représentation, que le genre de livre me corresponde ou non, que le résumé me tente ou non. J’avais l’impression qu’il n’y avait rien, et que je ne pouvais pas me montrer difficile.
Maintenant, j’en connais beaucoup plus, et j’ai hésité à abandonner ma lecture de George. C’est un roman jeunesse – 8-12 ans, je dirais – et je sentais vraiment que ce livre n’était pas pour moi. C’était facile à lire, l’héroïne, George, est mignonne, et j’ai vite cerné le scénario : il y a une pièce de théâtre à l’école, elle veut absolument jouer le rôle féminin, mais comme tout le monde la voit comme un garçon, c’est compliqué.
Puis sa meilleure amie Kelly, est arrivée, et tout de suite, mon intérêt pour l’histoire a augmenté. Un personnage seul va rarement m’enthousiasmer : ce sont ses relations avec son entourage qui font que je l’apprécie. Kelly est une super amie, débordante de vie, et le duo a une bonne dynamique.
Ce que j’ai aimé ici, c’est que personne ne soutient George. C’est horrible, dit comme ça, mais j’ai toujours trouvé irréaliste que les profs ou psychologues des romans soutiennent les personnages dans leur différence. La plupart du temps, iels font partie du problème, en fait. Et là, la prof qui depuis le début était montrée comme gentille et compréhensive, l’archétype même du personnage qui va soutenir la héroïne… eh bien, elle fait clairement comprendre à George que jouer un rôle féminin, c’est ridicule et hors de question.
Kelly et George vont donc se rebeller, et ça, ça m’a fait très plaisir. Que la rébellion des personnages ne soit pas une rébellion lisse et encouragée par les adultes, mais une vraie rébellion, envers et contre toustes ! Même si le roman est court et ne m’est pas forcément destiné, c’était une lecture satisfaisante.
Internet a été coupé de ma résidence dans le week-end qui a suivi, et je l’ai consacré à lire une quinzaine de livres à rendre à ma bibliothèque : des BDs, des albums et des mangas pour la plupart. J’en parlerai dans une chronique à part, j’ai fait de belles découvertes !
J’ai décidé de lire ce roman suite aux encouragements de Planète Diversité, et je ne sais pas quoi en dire. Quand je le lisais, je passais un bon moment, mais dès que j’arrêtais, je l’oubliais, je n’étais pas dévorée par le suspense. A la fin, j’ai commencé le tome suivant par réflexe, avant de m’interroger et… quel intérêt, finalement ?
L’histoire n’est pas mauvaise : Kiena, une chasseresse, est chargée de traquer la princesse en fuite. Sauf qu’elles tombent amoureuses et décident de s’enfuir ensemble… tout en essayant d’élucider un complot.
Mais tout était assez banal et moyen, les scènes d’émotion et de scénario étaient très distinctes, ce qui ralentissait beaucoup le rythme. Ce n’est pas un mauvais roman, mais il est très plat. Peut-être que c’est dû à la traduction, finalement : un style un peu poétique lui aurait donné plus de relief.
Bref, ça m’a rappelé ce que je reproche souvent à la fantasy pour adultes : le manque d’originalité, le manque d’humour, les scènes de sexe qui cassent le rythme de l’action. Le plus ironique, là-dedans, c’est que Planète Diversité, qui l’avait conseillé, l’a lu quelques semaines après moi et ne l’a pas aimé…
J’ai enchainé avec la lecture de Candombe Tango, une série au début poussif mais à laquelle j’ai finalement bien accroché. Le tome 3 sort en septembre et c’est à ce moment-là que je chroniquerai la série entière !
Le début d’Eau Douce d’Akwaeke Emezi est… troublant. Les gbanje, esprits maléfiques igbo, se retrouvent bloqués dans le corps de l’Ada, à sa naissance. La première partie est racontée de leur point de vue tandis que l’Ada grandit. J’ai eu du mal à comprendre les intentions des protagonistes, la distinction entre le monde des esprits et le nôtre, ainsi que le contenu de la promesse souvent évoquée. Mais ça devient plus clair au fur et à mesure.
Je lisais le livre quotidiennement sans être dévorée par le suspense. Il n’y a pas d’aventure ou d’obstacle : on suit la vie de l’Ada, les problèmes qu’elle rencontre, les difficultés liées à sa cohabitation avec les gbanje, la vengeance des esprits.
Puis elle se fait violer par son copain et Asgartha, la plus agressive de ses gbanje, se met à dominer son esprit, l’entrainant sur un chemin d’autodestruction. C’est dur et fascinant en même temps. J’espérais sans cesse qu’Asgartha comprendrait l’impact qu’elle avait sur l’Ada… malgré tout le danger qu’elle représente, son dynamisme et sa persévérance en font la plus attachante des esprits.
Je pensais que le livre se terminerait forcément par la mort de l’Ada, j’étais donc dans un état d’esprit résigné et désespéré. Ce n’est que vers le milieu du roman que j’ai commencé à me douter qu’il s’agissait d’une autobiographie. Petite vérification sur internet : en effet, et les remerciements d’Akwaeke Emezi à la fin le confirment. L’auteurice étant en vie, on a droit à une fin apaisante, où l’Ada retrouve un équilibre.
Le livre est vraiment intéressant pour son style narratif, l’approche qu’il a de l’humain, des esprits, de la folie. Les esprits présentent l’Ada comme folle, puis, quelques chapitres plus loin, expliquent qu’elle ne l’est pas, que c’est juste qu’elle cohabite avec eux… et plus loin encore, ils disent que leur présence protègent l’Ada de la folie. Que peut-on en conclure ? Pas grand-chose, à part que la folie ne semble définie que par l’altérité : quelqu’un est fou parce qu’on ne le comprend pas, et comme on suit les pensées des différents gbanje et de l’Ada, on la comprend. Difficile de la dire folle…
L’Ada est également asexuelle et non-binaire, et j’ai beaucoup aimé le fait que ça ne soit pas distingué de sa multiplicité. Est-ce que c’est l’Ada qui est non-binaire ? Est-ce que c’est Vincent, l’un de ses gbanje, qui est trans ? Est-ce que c’est parce qu’il y a des esprits de genres différents qui l’habitent qu’elle ne peut qu’être non-binaire ? On n’a pas la réponse, et on n’en a pas besoin, finalement. J’aime expliquer que ce qui compte ce n’est pas la cause, mais le résultat. Et ce qu’exprime l’Ada ressemble beaucoup à ce que me disent mes ami·es, par exemple lorsqu’après sa réduction mammaire, elle a hâte de porter des robes, ou qu’avoir les cheveux longs lui donne envie de porter des chemises.
Durant toute ma lecture, je me disais que ce roman était brutal. Je le lisais, je le dévorais même dans les transports, mais je n’avais pas particulièrement hâte de lire la suite… même quand j’ai deviné que c’était autobiographique, j’étais à peu près convaincue que l’histoire ne pouvait se terminer que dans la mort.
Et maintenant, je dois faire un effort pour me souvenir de cet aspect. La fin m’a apaisée. Pour représenter l’ambiance, j’avais planifié une photo sombre, de nuit peut-être, avec une robe noire et une écharpe rouge… et en refermant mon epub, je songeais plutôt à mettre une longue robe flottante bleu ciel, évoquant le calme et la douceur. On trouve la paix avec la fin, et c’est vraiment bienvenu.
Durant toute la première partie du challenge, j’ai eu l’impression de ne pas du tout respecter ma contrainte. Oui, tous les livres que je lisais sur ma liseuse y correspondaient, mais en parallèle, je dévorais des BDs, albums et mangas, et ça se lit beaucoup plus vite ! Quand je comptais en proportion, il n’y avait pas tant de livres trans que ça… mais j’en ai lu d’autres encore que je vous présenterai en deuxième partie ! Ce sera aussi l’occasion de compter les points récoltés pour ma maison, les Poufsouffle !
Avertissement George : transphobie
Avertissements Eau Douce : tentative de suicide et scarification (décrites), viol, drogues, violence domestique, abus sexuels d’enfants
J’avais moi aussi bien aimé « George » ; ce n’est pas parfait mais j’ai passé un « bon » moment (je mets les guillemets parce qu’il y a effectivement des passages pas très cools…).
« Eau douce » me dit bien, je le note dans ma (trop longue) liste d’envies =)
Je confirme, c’est tellement plus facile de lire des BD, manga… que des romans ! Chez moi, c’est pareil, la proportion est monstrueuse : j’ai lu énormément de SFFF mais très peu de romans par rapport aux livres à bulles… J’imagine que « Sur les traces du corbeau » entre aussi dans le challenge ? Il me faisait très envie à sa sortie puis j’ai vu que le tome 2 était sorti dans une autre ME (il me semble), et j’ai lu de plus en plus d’avis mitigés, etc. Bref, mon enthousiasme est douché mais ce n’est pas grave, je me console avec d’autres titres ^^
Bonne poursuite du Challenge de l’Imaginaire et bonnes futures lectures !
Si ta liste d’envies est déjà trop longue, Sur les traces du Corbeau ne te manquera pas trop je pense ! 😉 (oui, il entre aussi dans le challenge, c’est de la fantasy)
Les BDs c’est tellement plus facile à lire… même si je préfère les romans (sauf en SF, où je préfère de loin avoir les dessins plutôt que des descriptions compliquées…)
Ahah, en effet, il est peu probable que je ressente un manque à ne pas lire « Sur les traces du corbeau » X) Je suis curieuse, bien sûre, mais ce n’est clairement pas une priorité.
Je préfère également les romans, à quelques exceptions près (j’adore le manga « L’atelier des sorciers » par exemple), en particulier pour la SF, contrairement à toi ! En fait, je trouve que, mis en image, on est facilement confronté à du gris, des néons… Je caricature mais disons que, dans un roman, on imagine soi-même les lieux avec les éléments que l’on nous donne, alors que dans les BD, on est confronté·e à une vision pas toujours très attrayante (dans le sens où ça ne donne pas forcément très envie de se plonger dans le récit, cela dit je n’oublie pas qu’il y a aussi d’excellentes BD de SF!) et ça me plaît donc moins que de voir des paysages de fantasy bourrés de verdure, de magie, etc. ^^
J’adore L’atelier des Sorciers, les dessins sont tellement beaux !!!
C’est vrai, c’est peut-être parce que je lis peu de SF de type « dystopique » et plus du space opéra que ça marche bien en BD… les dessins d’espace, d’étoiles, de galaxies, c’est magnifique 😉
Je crois que je n’ai pas vraiment lu de BD de Fantasy (ou alors rien qui m’a marquée), si tu as des conseils je suis preneuse !