Je m’étais rendue en librairie pour commander l’intégrale du Clan Bennett, et en me promenant dans les rayonnages, la couverture de la bande-dessinée Le Jardin, Paris a attiré mon attention avec læ danseureuse de cabaret. Le nom de l’autrice, Gaelle Geniller, m’évoquait quelque chose… mais oui ! C’était elle qui avait écrit la merveilleuse bande-dessinée Les Fleurs de Grand-Frère. Je me suis empressée de feuilleter l’ouvrage, le résumé étant pour le moins inutile. Et je prends rarement le risque d’acheter une œuvre que je ne connais pas.
On découvre Rose alors que le danseur fait ses premiers pas sur scène dans le cabaret Le Jardin. Les dessins me charmaient tout autant que ceux de Les Fleurs de Grand-Frère, et j’ai jeté un coup d’œil au milieu puis à la fin pour avoir une idée de la façon dont l’identité de genre du personnage serait traitée. Ce que j’ai vu m’a rassurée et j’ai décidé que ce serait un de mes cadeaux de Noël.
J’ai dévoré la bande-dessinée dès que je suis rentrée chez moi. On retrouve la passion des plantes déjà présente dans Les Fleurs de Grand-Frère : il y en a partout dans les décors, d’autres entourent les personnages pour exprimer leurs émotions ou les relier, et elles s’insèrent entre les cases, faisant respirer les pages. Ça ajoute de la poésie à des dessins déjà doux, éclatants et entrainants. Les danses sont magnifiques, tout comme les tenues des cabarettistes.
Rose gagne rapidement un admirateur, Monsieur Aimé, et tous deux se lient d’amitié. En première lecture, j’avais du mal à savoir si je devais lire leur relation sur un mode romantique ou amical. Rose flirte, mais ça fait partie de son personnage de cabaret, et il ne semble pas éprouver d’attirance pour Aimé. Une relecture m’a permis d’observer plus attentivement l’attitude d’Aimé : certes, il est fasciné au début, mais derrière, ses paroles sous-entendent une solide amitié. Et c’est merveilleux d’avoir une relation centrale amicale plutôt que romantique… surtout qu’en tant qu’intérêt amoureux, Aimé est bien trop plat à mon goût !
En parallèle, la notoriété de Rose croît et elle a de plus en plus de mal à savoir qui elle est, à distinguer ce que les autres attendent d’elle de ce qu’elle-même souhaite. Certain·es sont fasciné·es, d’autres la voient comme un objet de curiosité, d’autres encore la condamnent.
Rose est un personnage très touchant, et j’ai adoré le suivre. Le portrait de son identité est nuancé, avec plusieurs discussions sur les cases dans lesquelles on essaie de le faire rentrer. J’avoue que j’aurais apprécié un peu plus de conversations politiques, mais Le Jardin, Paris a un angle résolument personnel qui m’a beaucoup remuée.
Toutes les danseuses du cabaret sont géniales. Elles ont chacune leur passé, leur histoire, leur complexité. On s’attarde peu sur elles, mais assez pour qu’on puisse imaginer leur vie et sentir leur présence aux côtés de Rose. Leur soutien est si adorable…
J’ai ramené cette bande-dessinée aux ami·es qui m’avaient fait découvrir le Cabaret de Poussière, sachant qu’en plus, les plantes et les années 20 sont une autre de leurs passions, et qu’iels recherchent avidement toute représentation non-binaire. L’un d’eux l’a lue à côté de moi, tandis que je feuilletais Heartstopper, et c’était génial de le voir s’émouvoir devant Rose. L’autre l’a emportée dans sa chambre et est revenu en sautillant de bonheur.
En rentrant chez moi, j’ai trouvé l’instagram de l’autrice, avec de magnifiques dessins de Rose dans des robes fabuleuses. J’ai hâte que ses prochains projets soient publiés ! Et en attendant, je peux me replonger dans les merveilles que sont Les Fleurs de Grand-Frère et Le Jardin, Paris. Et je compte bien prêter à tout mon entourage cette bande-dessinée magnifique, subtile et douce malgré des passages plus durs dénonçant le sexisme et la transphobie. A travers elle, mon amour pour Les Fleurs de Grand-Frère redouble, car je sais maintenant que ce n’est pas un hasard si elle m’a charmée. Toutes les œuvres de cette autrice sont faites pour moi !
Avertissements : harcèlement sexiste, transphobie
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