Meet Cute Diary de Emery Lee

personne en chemise rouge lisant Meet Cute Diary d’Emery Lee devant des roses

La chronique de Meet Cute Diary de Emery Lee publiée par Delphreads en mars m’a tout de suite donné envie de lire ce roman. Mine de rien, je lis quand même pas mal de romances, mais elles mettent toujours en scène des narrateurices cis, alors j’avais très envie de découvrir cette histoire avec un héros trans. Sauf que… trahison ! Le livre n’était pas encore sorti.

 

Je me suis rappelé son existence quelques mois plus tard, et cette fois, c’était bon, il était publié. Dès le début de ma lecture, je me suis retrouvée face à un problème : Noah, le narrateur, me ressemble beaucoup trop !

C’est un adolescent de 16 ans qui vient de faire son coming-out à ses parents et a quitté sa région conservatrice pour passer l’été avec son grand frère. Il tient un blog « Meet Cute Diary » où il publie des témoignages anonymes de personnes trans racontant leur rencontre mignonne et clichée avec leur copain·e. Seulement, ces témoignages sont en fait tous inventés par Noah dans le but de réconforter ses followers et de leur donner confiance en elleux et en leur capacité à trouver l’amour. Lorsqu’on commence à le soupçonner de mentir, il trouve l’aide d’un fan pour rendre ses fictions réalité.

 

Noah est quelqu’un de très rêveur, qui a tendance à se faire des films de sa propre vie. Dès qu’il rencontre quelqu’un, il imagine déjà la romance parfaite entre eux ! Un dialogue défile dans sa tête… et la personne en face dit tout autre chose.

C’est quelque chose que je fais moi-même en quasi-permanence. J’ai toujours quelques aventures qui courent en fond dans mes pensées, ce qui est utile pour mes romans, mais j’imagine aussi ma propre vie. J’invente des discussions entre des ami·es et moi, j’imagine le succès international de mes romans, je me projette dans mes futures activités, ce genre de choses. Ça vient à la fois de ma propension à rêver, de mon envie de partager certaines choses avec mon entourage tout en sachant que ça les lasserai si je leurs tenais de tels monologues, et de mon stress à l’idée d’interagir avec les gens, qui se calme lorsque j’ai préparé l’interaction à l’avance.

Mais pour Noah, sa propension à rêver n’était pas là pour les mêmes raisons, et c’était donc très bizarre de le voir différer de moi sur de nombreux aspects qui, à mes yeux, étaient intrinsèquement liés au fait que j’imaginais ma vie. Par exemple, il est très centré sur lui-même. Lorsque son amie lui répond peu et qu’il est évident qu’elle va mal, il n’utilise pas son imagination pour la comprendre ou chercher à l’aider comme je l’aurais fait, mais lui reproche de ne pas être là pour lui. Incompréhensible.

 

couverture de Meet Cute Diary de Emery Lee

 

Le fait d’imaginer une partie de la réalité peut nous piéger. Je m’en suis rendue compte grâce à des expériences similaires à celle que traverse Noah au cours du roman, et du coup, j’ai su très vite quelles étaient ses erreurs et la leçon qu’il apprendrait sur lui-même au cours de l’histoire. C’est plutôt désagréable de voir un personnage aller à la catastrophe à cause d’un de mes traits de caractère !

Surtout que ce n’est pas le seul défaut que Noah a en commun avec moi : il a aussi tendance à se plier à ce qu’on attend de lui pour faire plaisir aux autres, pour vivre sa grande histoire d’amour. Notamment, il déteste le sport et se force à en faire avec son copain jusqu’à en être physiquement mal, et c’est quelque chose que j’ai fait aussi pour mes ami·es, donc je ne peux pas exactement le lui reprocher, alors que j’en avais très envie ! C’est quand même bizarre qu’il y ait autant de parallèles entre nous, alors que ma malléabilité vient de ma peur du jugement des autres, et que Noah ne s’arrête jamais sur ce que les gens peuvent ressentir ou penser.

 

Meet Cute Diary est un roman sur lequel je ne peux pas vraiment donner d’avis : j’étais trop prise dans ma comparaison entre Noah et moi, touchée par nos ressemblances et agacée par nos différences. Je pense aussi que je l’ai lu en étant trop âgée pour en retirer quoi que ce soit. Je suis déjà arrivée aux conclusions que Noah tire de ses expériences. De plus, l’histoire n’est pas de celles qui me passionnent. Mais j’espère qu’il plaira à d’autres !

 

Avertissements : anxiété, attaque de panique, récit de tentative de suicide, consommation d’alcool et de drogue, vomissement, harcèlement en ligne ; mention de racisme, transphobie, harcèlement

 

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