Red, White & Royal Blue de Casey McQuinston

personne en chemise et collants à motifs lisant Red, White & Royal Blue devant un château

J’entendais parler de Red, White & Royal Blue presque tous les jours. LA romance de l’année ! Je n’étais pas plus tentée que ça : je suis assez versée en politique pour n’avoir pas particulièrement envie de voir des dirigeant·es idéalisé·es. Mais je me suis dit que ça pourrait plaire à un de mes amis, et ça faisait un petit bout de temps que je voulais lui offrir un livre. J’ai donc décidé que je le lirais pour vérifier que ça convenait, puis que je le lui donnerais – en collant des post-it avec mon avis à l’intérieur, car c’est une manière géniale de partager une lecture.

Puis la publication française a été annoncée… ah non, pardon : puis la publication française a fait n’importe quoi : couverture moche, titre « traduit » en My Dear F***ing Prince, date de sortie différente selon les librairies, puis repoussée à 2021, bref, j’ai lu la version anglaise.

couverture de My dear f***cking Prince

La publication est prévue pour le 23 septembre 2021, et à défaut du titre, la couverture s’est améliorée !

Alex est le FSOTUS – ce qui signifie First Son of The United States, soit le fils de la présidente, j’ai mis 150 pages à le comprendre – qui veut se lancer dans une carrière politique et soutenir la campagne de sa mère. Suite à une bourde diplomatique, il est obligé de prétendre être ami avec son rival de toujours, le prince Henry.

Les deux personnages sont attachants et vraiment drôles. Leurs répliques cassantes me faisaient toujours sourire, et les personnages secondaires, quoiqu’interchangeables, ne sont pas en reste en ce qui concerne les menaces ou insultes imagées.

Ces remarques sarcastiques m’ont tout d’abord rassurée, car elles critiquent l’impérialisme et le colonialisme britannique, la torture aux Etats-Unis… ces problèmes n’étaient pas ignorés, et avec la campagne électorale en fond, j’ai espéré que la politique serait plus qu’un décor. Espoir déçu en première lecture : ça reste très secondaire… ça n’a pas été un problème pour moi, j’ai apprécié la romance et n’avais pas forcément besoin d’un scénario annexe développé.

Je l’ai relu pour coller mes post-it, et cette fois-ci, j’avais plus de recul. Il semblerait que Casey McQuinston pense que le monde tourne autour des États-Unis : le système électoral n’est jamais expliqué, il y a des abréviations à la pelle, et certes, en Français, on aura les notes de bas de pages, mais je ne sais pas si les Britanniques ou Australien·nes peuvent tout comprendre sans avoir internet sous la main. C’est exactement ce que j’ai fait : j’ai lu devant mon ordinateur et fait des recherches complémentaires sur les votes, le sénat… et cette distanciation m’a fait remarquer que le message politique du livre était tout de même léger.

C’est un peu comme quand Vaïana commente que c’est très cliché qu’une princesse ait un animal de compagnie, puis se roule dans ledit cliché. Relever quelque chose n’est pas le remettre en question. Le colonialisme n’est critiqué que dans quelques remarques sarcastiques.

De plus, si les pratiques politiques des Républicains sont dénoncées – abus sexuels, espionnage illégal, homophobie – les Démocrates sont présentés comme irréprochables, ce qui manque de complexité.

couverture de Red, White & Royal Blue

Ce livre est donc avant tout une romance qui tente de ne pas oublier les enjeux politiques existants, sans vraiment les prendre en considération. Et le côté romance, je l’ai beaucoup aimé ! J’ai adoré voir Henry et Alex apprendre à se connaître, à s’apprécier. Lorsque je l’ai relu c’était d’autant plus passionnant que je savais ce que pensait Henry !

J’avais écrit une première version de cet article, mais arrivé au paragraphe sur la relation entre Henry et Alex, mon relecteur a constaté « Euh… tu n’as rien compris en fait ! ». Et en effet, même après deux lectures, j’étais totalement à côté de la plaque. Comme la plupart des personnes ne semblent pas distinguer attirance romantique et sexuelle, je pars du principe que dans les romans, c’est la même chose. Lorsqu’Alex surmonte son déni par rapport à son attirance sexuelle pour Henry, je pensais qu’il comprendrait, en même temps, qu’il était attiré romantiquement, et son attitude me dépassait. Ça se base sur un vécu que je n’ai pas, et je ne comprenais ni la nature ni l’évolution de leur relation.

En revanche, j’ai vraiment apprécié toutes les questions qu’Alex se pose sur son identité. Elles sont très proches de mon propre questionnement ! Le fait qu’il ait eu des expériences sexuelles avec un mec sans pour autant considérer que « c’était gay » − le déni est un outil très puissant, je peux le confirmer – ou qu’il finit par arriver à la conclusion que les hétéros ne passent sans doute pas des heures à se convaincre qu’iels le sont, ce qui a été mon approche aussi, font partie de mes moments préférés du livre. J’ai eu l’impression d’être comprise, ce qui est toujours très agréable !

Red, White & Royal Blue est une lecture très sympathique, surtout pour ses deux personnages principaux et son humour. Et excellente nouvelle : l’ami auquel je l’ai offert a adoré ! Une réussite d’un bout à l’autre.

 

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