Cemetery Boys d’Aiden Thomas

personne en chemise noire brodée et jupe rouge lisant Cemetery Boys d'Aiden Thomas devant un coin de cathédrale

Un ado trans qui vit des aventures avec une magie inspirée de la culture latine, c’est le genre de concept qui m’intéresse directement, alors Cemetery Boys d’Aiden Thomas a attiré mon attention dès sa sortie anglophone. Cependant, comme je donne la priorité aux livres en français, je l’avais laissé de côté jusqu’à ce qu’en juin de cette année, un festival de l’imaginaire queer en propose la lecture. Ça m’a agacée : encore des gens qui ne respectent pas le fait que certain·es lecteurices ne comprennent pas l’anglais ! Mais d’autres personnes avaient vu cette liste et ont suggéré Cemetery Boys pour mon club de lecture. C’est là que j’ai compris qu’en fait, il avait été traduit… En gardant le même titre ! Suite à ça, j’en ai évidemment commencé la lecture.

Cemetery Boys se passe dans notre monde, mais les personnages vivent dans une communauté où les hommes, les brujo, ont la capacité d’accompagner les esprits vers l’au-delà, tandis que les femmes, les bruja, ont des pouvoirs de guérison.

Le début m’a un peu déçue : des informations se répétaient sur les premiers chapitres, il y avait un flou que je trouvais artificiel autour d’autres éléments, et globalement, je trouvais la narration maladroite. Même avec toute l’histoire en tête, je pense que l’écriture aurait été meilleure, plus émotionnelle et spontanée, si ça avait été rédigé à la première personne. Là, en termes de langage, c’était comme de la première personne, mais… pas. Un peu bizarre.

Heureusement, niveau scénario, le début était intense ! En raison de sa transidentité, Yadriel a été exclu des cérémonies d’initiation à la magie ; sa meilleure amie Maritza et lui décident alors de la lui faire passer en douce. Alors qu’iels terminent, leur cousin Miguel est assassiné. Toute la communauté se met à la recherche de son cadavre et/ou son esprit pour comprendre ce qui s’est passé, et Yadriel espère, à cette occasion, démontrer ses pouvoirs de brujo tout en découvrant la vérité.

Mais suite à une erreur, c’est l’esprit de Julian, un ado décédé la même nuit, qu’il invoque. Il se retrouve donc à s’occuper de Julian qui, avant de partir vers l’au-delà, souhaite vérifier que ses ami·es vont bien.

L’enquête est entrainante, mais très prévisible : j’ai vite deviné tout ce qu’il y avait à deviner. Ceci dit, pour moi, ce sont les personnages et les émotions qui en ont fait une lecture prenante.

couverture de Cemetery Boys d'Aidan Thomas

L’histoire tourne principalement autour de la romance qui se développe entre Yadriel et Julian. Initialement, je n’avais pas beaucoup d’affection pour ce dernier : j’étais vraiment dans le ressenti anxieux de Yadriel et la légèreté de Julian me frustrait. Mais au fur et à mesure, j’ai appris à le connaître en même temps que Yadriel. J’ai beaucoup aimé la manière dont il le confronte à ses faiblesses de raisonnement, et je le trouve finalement très attachant.

On pourrait penser qu’une romance entre un fantôme et un humain n’est pas la meilleure idée qui soit, mais je sentais que le roman se terminerait bien, qu’il y aurait une pirouette de type « sa mort était injuste alors Santa Muerte le ressuscite », ou encore « en fait il était pas mort, mais dans le coma ». Et en effet, le livre se termine bien : adeptes des fins tragiques s’abstenir. On aurait même pu éviter un cliché que je déteste, mais, non, pour plus de drama, le livre plonge à pieds joints dedans… dommage.

J’ai discuté de Cemetery Boys avec mon club de lecture, et les avis étaient très partagés sur le scénario, entre celleux qui l’avaient trouvé très entrainant et avaient passé un excellent moment de lecture, et celleux qui l’avaient trouvé simpliste et téléphoné, s’ennuyant et galérant à finir. Je crois que je me place un peu entre les deux…

En tout cas, tout le monde a apprécié la subtilité de la représentation trans. Par exemple, la famille de Yadriel accepte de l’appeler par un prénom différent, et essaie de changer les pronoms. Lorsqu’iels se trompent, iels s’excusent, et semblent convaincu·es d’être tolérant·es et bienveillant·es. Mais on se rend bien compte qu’iels ne font ça que pour lui faire plaisir, et pas parce qu’iels le considèrent comme un garçon : iels ne le soutiennent pas dans son besoin de devenir brujo. Dans les livres, je vois plus souvent des familles qui soit encouragent totalement leur enfant trans, soit le rejettent, mais la réalité est plus nuancée que ça, et Cemetery Boys le rend bien.

Cemetery Boys est une aventure jeunesse très entrainante, avec un scénario simple alliant romance et mystère. Malgré quelques faiblesses d’écriture, j’ai passé un très bon moment et j’ai trouvé la représentation d’une rare subtilité.

Avertissements : transphobie, racisme

 

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