Genderflou de Tamos le Thermos

personne en t-shirt licorne lisant Genderflou de Tamos le Thermos devant un mur troué

J’avais entendu parler de la publication de Genderflou de Tamos le Thermos en ligne, et j’ai du mal à emprunter les BD queer récentes en bibli : je l’ai donc acheté quand je l’ai vu en librairie. Comme ça faisait plusieurs fois que j’étais déçue par des achats, j’ai lu les premières pages en magasin. J’ai accroché au ton général, rempli d’humour. C’était entrainant et ça me parlait bien !

J’ai repris ma lecture une fois chez moi. Cette bande-dessinée parle de la vie de Tamos, jeune belge non-binaire. Le début semble à peu près continu : iel nait, on le voit grandir et chercher sa féminité – son apparence est masculine même en robe – puis on découvre une de ses meilleures amies… et soudain, elle disparait. Elle n’est plus du tout évoquée, Tamos emménage avec une colocataire qu’iel adore.

J’ai compris très tard que Genderflou est en fait une compilation de courtes BD publiées sur Instagram. Je vois exactement à quoi ça correspond : l’artiste raconte une période de sa vie par-ci par-là, et pour la bande-dessinée, j’imagine que les publications ont été mises par ordre chronologique de sa vie plutôt que de parution. Mais du coup, ce sont des scènes éparses : Tamos n’a jamais eu vocation d’écrire une autobiographie, ou un récit complet.

Ça fait plusieurs fois que je « me fais avoir » comme ça par une bande-dessinée : il faudrait penser à une mise en page différente, peut-être ? Dans les romans, il y a parfois une page blanche pour séparer les différents chapitres ; ça pourrait être utile aussi, pour bien marquer : ceci est un bout de BD différent. Il serait plus clair que c’est une compilation, et non une histoire continue. Il pourrait également y avoir quelques phrases de transition de type « x années plus tard », ou encore « En partant à l’université, j’ai bien sûr gardé le contact avec x » avant de passer au chapitre à l’université.

couverture de Genderflou de Tamos le Thermos

J’ai trouvé Genderflou très drôle, ce qui est vraiment bien joué, car les sujets ne sont pas toujours faciles. Tamos traverse pas mal de crises existentielles, s’interroge sur son genre, panique… c’est représenté un peu comme une pièce de théâtre surjouée, tout en étant touchant. Je me sentais proche de lui – peut-être parce qu’iel me faisait penser à l’un de mes ami·es.

Genderflou a vocation de témoignage, et Tamos n’a pas de recul sur ce qui est écrit. Aussi parce que je soupçonne que les pages ont été dessinées dans la foulée de l’évènement survenu ! Je m’étonne notamment de l’absence totale de propos militant – alors que Tamos travaille pour une association ! On voit des comportements déplacés et la réaction de Tamos, on voit le plaisir qu’iel a à rencontrer d’autres personnes non-binaires… mais il n’y a pas de réflexion sur ce qui devrait changer en termes de visibilité ou d’éducation.

J’aurais surtout apprécié du recul sur le couple et sur la consommation de drogue. Ses relations romantiques ne semblent pas lui faire beaucoup de bien, mais sa quête de toujours plus de romances n’est pas du tout questionnée. Quant aux drogues, c’est vraiment un sujet difficile à traiter : d’un côté, il faut veiller à ce qu’une œuvre ne soit pas culpabilisante, car la société se charge déjà de stigmatiser les personnes qui se droguent – et ça n’aide pas. D’un autre côté, il y a une sérieuse injonction à la consommation dans la communauté queer, et ça comporte des risques qu’il me parait important de souligner. Mais là, le propos c’est juste « être sous influence c’est super, haha, je me remets dans un couple dysfonctionnel parce qu’on prend de l’ecstasy ensemble ! »

Genderflou était une lecture sympathique, drôle malgré un contenu pas toujours simple. Ça se lit très vite – les dessins aussi contribuent à une ambiance entrainante – et si je regrette l’absence de recul sur le récit, c’est un témoignage appréciable. C’est une présentation d’un vécu non-binaire – dans un contexte francophone en plus – et il n’y en a pas tant que ça ! J’ai hâte qu’il y en ait plus encore, pour qu’on voie toute la variété des expériences.

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