Ces deux livres attendent depuis longtemps que je publie leur chronique : en effet, j’avais initialement l’intention de parler de la série entière, et attendais donc de l’avoir finie. Mais j’ai changé d’avis, et je vous présente à présent les premiers tomes de Sœurs de Sang et de De Sang et de Rage, deux grandes aventures de fantasy sombre au sein d’univers novateurs. Dans ma première version de cet article, je m’attardais d’ailleurs en détail sur ces univers, mais en relisant, je me suis rendu compte que c’est quasi-incompréhensible : il y a tellement d’éléments inventés, de mots nouveaux… j’ai essayé de simplifier au maximum, et ne vous fatiguerai donc pas, par exemple, avec la différence entre animages et ombremages !
L’Envol du Phénix, premier tome des Sœurs de Sang de Nicki Pau Preto, m’avait été conseillé à de nombreuses reprises depuis sa sortie. Même si j’avais beaucoup vu sa couverture, je n’avais aucune idée de ce qu’il racontait.
Je me suis lancée dans ce pavé de 720 pages et j’ai découvert la carte de l’univers de fantasy – première mauvaise surprise, je n’aime pas les cartes car ça me sort de ma lecture de les consulter – puis à la fois des extraits en en-tête de chapitre ET en fin de chapitre – deuxième et troisième mauvaise surprise, sérieusement, pourquoi couper autant ma lecture de l’histoire ?
La quatrième mauvaise surprise a été le contenu du premier chapitre. Le titre Sœurs de Sang m’avait laissé penser qu’on suivrait l’aventure de deux sœurs, qu’elles se soutiendraient, qu’on aurait une belle relation qui me ferait ressentir plein d’émotions… je ne pouvais pas être plus loin de la réalité.
Véronyka et Val sont des mages orphelines – elles peuvent contrôler des animaux et des humains par la pensée. L’empire où elles vivent pourchasse les mages après une guerre entre les soldats et les dresseurs de phénix. Les deux sœurs ont enfin mis la main sur deux œufs, mais la tension qui grimpait entre elles explose lorsqu’un seul éclot – et le phénix se lie à Véronyka et non à Val.
On sent dès le début que Val est un personnage abusif. C’est une excellente méchante, car je la haïssais de tout mon être.
Sev, le deuxième personnage dont on a le point de vue, cache ses pouvoirs pour rester en vie, et fait partie de ceux qui capturent les mages. Il n’a pas læ moindre allié·e ou ami·e. Pareil pour Tristant, notre troisième narrateur, un résistant.
Trois personnages, et tous suscitaient en moi les mêmes émotions monocordes de tristesse et de frustration. Pas de camaraderie, de soutien face à l’oppression. Sérieusement, c’était nul. Oui, l’histoire était bien – et comme le résumé ne spoile que le premier chapitre, il y a plein de revirements – l’univers bien décrit, mais qu’est-ce que c’était plat ! Ça n’aidait pas que l’écriture soit très lente – ça faisait longtemps que je n’avais pas sauté autant de descriptions – et que la traduction ait laissé plusieurs erreurs, dont une qui rend le passage sur la transidentité incompréhensible.
Ça s’améliore à partir du tiers, notamment parce que deux personnages se rencontrent. Youpi, enfin un peu d’amitié dans ce texte si morne ! J’ai tout de suite beaucoup plus accroché, et les qualités de l’histoire me parvenaient enfin.
Ce roman utilise un ressort scénaristique que je n’aime pas : oh non, les dresseurs de la résistance n’acceptent pas de femmes dans leurs rangs ! Le message féministe de ces univers-là est souvent creux, et la morale serait presque que dans notre société, on est bien mieux que dans ce roman, donc inutile de se plaindre…
Ici, c’était cependant très bien fait, notamment parce qu’à l’origine, les dresseur·ses étaient des femmes, et qu’on peut voir comment, en dix ans à peine, les choses ont changé. Les arguments qu’utilisent les hommes ressemblaient beaucoup à ceux que je peux entendre dans mon entourage, et c’était mêlé à une dynamique classiste elle aussi dénoncée – initialement, la formation des dresseur·ses était gratuite, et elle est désormais hors de prix. Plus que de l’interdiction d’être dresseur, ce roman mettait en valeur les dynamiques d’oppressions, et d’une manière à la fois visible et subtile.
Une fois le tiers dépassé, j’ai donc dévoré ce roman qui m’a passionnée. Je l’ai terminé en ayant hâte de lire la suite, tout en espérant que le tome suivant serait plus concis et présente davantage de relations positives.
Un an a passé, et même si j’ai bien aimé, je préfère les livres aux ambiances moins sinistres : je crois que cette série ne sera jamais une priorité de lecture. Surtout que j’ai découvert, par la suite, que le personnage aro qu’on m’avait promis est en fait la méchante. Je peux apprécier qu’un·e méchant·e soit aro, mais pas comme c’est présenté là, pas pour Val.
Si vous aimez les séries sombres, avec un univers complexe qui permet d’explorer des thèmes d’actualité avec finesse, Sœurs de Sang pourrait vous plaire plus qu’à moi !
Mon envie de lire De Sang et de Rage n’était pas débordante : il semblait si sombre, si déprimant, et si long ! 560 pages sinistres, ça ne me tentait pas ! Mais je devais le rendre, alors je me suis forcée à le commencer.
Le début ne m’a pas enthousiasmée : il y a d’abord une carte, puis une liste de familles. Encore une lecture où je devrai faire des allers-retours ! Le premier chapitre était rempli de vocabulaire nouveau – mais qui, lui, n’était pas expliqué dans la liste – et j’étais un peu perdue.
Un peu découragée, j’ai lu la note de l’autrice, qui expliquait ses intentions et les parallèles avec des situations réelles. Ça m’a vraiment motivée à reprendre ma lecture !
Amari, la princesse du royaume, décide de s’enfuir en volant un parchemin magique lorsqu’elle voit son père tuer sa servante. Elle demande de l’aide à Zélie − dont la mère a été tuée par le roi − et elles sont pourchassées par le troisième narrateur, Inan. Celui-ci s’est vite établi comme un personnage que je trouverais à la fois très intéressant et très irritant, constamment tiraillé entre ses sentiments et son devoir, entre ses convictions et celles de son père. Il ne cesse de changer d’avis, et si au début c’était plutôt intéressant, j’ai vite trouvé ça pénible. C’est tout de même à partir de son point de vue que je suis rentrée dans l’histoire, que j’ai commencé à aimer les personnages et à me passionner pour leurs aventures.
De Sang et de Rage nous offre une aventure prenante dans un univers original, mais il souffre des défauts classiques d’un premier tome : il est assez confus. Mon grand regret est de ne pas avoir tellement apprécié les relations entre les personnages, et c’est ce qui m’est resté, avec le recul. A part mes hésitations au début, j’ai dévoré le bouquin, je n’ai pas senti le temps passer et je l’ai lu en quelques jours.
Avec le temps, j’ai oublié le côté passionnant, et il ne me reste que cette impression sinistre de ne pas sentir d’affection entre les personnages. Ça compte beaucoup plus à mes yeux qu’un bon scénario ou qu’un bon univers, et je pense que je ne reprendrai pas la lecture de cette série. Je tenais cependant à publier cet avis, pour les personnes qui auraient des goûts différents des miens !
Je déteste lire les séries non terminées, parce que c’est toujours pareil : en attendant le tome suivant, je découvre que je vis très bien le fait de ne pas connaître la fin, et je laisse tomber. C’est rare que, comme pour Iron Widow, ma passion survive plus d’un an !
Quand j’ai lu De Sang et de Rage comme Sœurs de Sang, j’avais bien l’intention de lire la suite. Mais ils me paraissent si loin à présent…
Maintenant que le temps a passé, vous pourrez certainement enchainer les tomes. Et, qui sait, peut-être me révéler la fin ?
Radar à diversité Sœurs de Sang : pp racisés, pp bi, ps aveugle, méchante aro ace
Avertissements : abus émotionnel, relation toxique, forme d’esclavage, description détaillée d’un meurtre, combats & guerre, mort
Radar à diversité De Sang et de Rage : cast de personnages noirs, #ownvoice
Avertissements : Meurtre, sang, violence, torture, agression sexuelle, esclavage, colorisme, décès
Une réflexion sur « De Bons Premiers Tomes : Sœurs de Sang et De Sang et de Rage »