La saison des Feux de Celeste Ng

personne en blouson rose et pantalon rouge lisant La Saison des Feux de Celeste Ng devant des arbres aux couleurs d'automne

Je ne recherche jamais des émotions négatives, mais tomber sur un livre qui me fait pleurer, qui me rend triste pour quelque chose de fictif… c’est vraiment libérateur. Je me disais qu’il pouvait en être de même pour la peur, et je me suis donc intéressée depuis peu au genre de l’horreur. Et puis, ça a l’air intéressait, non ? On se penche sur quelque chose de viscéral. Quelle est ma réaction instinctive, face à quelque chose qui me fait peur ?

Mais bon, comme ça fait sept ans que je n’ai pas touché à une œuvre de ce registre, je me suis dit que j’allais commencer doucement avec un thriller. Comme j’en lis très peu, je n’avais pas beaucoup de choix sur ma liseuse, et j’ai ouvert La Saison des Feux de Celeste Ng.

Pour une fois, je ne vais pas râler contre le résumé, au contraire ! Il m’a permis d’apprécier le roman. En effet, ce résumé explique le sens de l’œuvre : un thriller sur une communauté planifiée habitée par des riches à cheval sur le respect des règles. J’aurais pu m’ennuyer à suivre le quotidien de la famille Richardson, l’emménagement de leurs locataires Mia et Pearl Warren, les deux familles qui se rapprochent. Mais grâce au résumé, je savais que c’était un thriller, et que les relations entre ces familles seraient le cœur de l’intrigue. Je décortiquais donc leurs interactions, guettant les tensions : Mia qui souffre de voir sa fille si fascinée par une autre famille, Moody, amoureux de Pearl, qui elle-même aime Trip, Elena Richardson qui étouffe sa fille Izzy, celle-ci qui passe son temps chez Mia et la voit comme une seconde mère… le prologue nous révèle la fin : Izzy qui brûle la maison des Richardson. Mais je ne me serais pas douté du lien avec les Warren sans le résumé, et ça a rempli ma lecture de suspense.

Je lisais La Saison des Feux pendant des vacances avec un ami, qui m’interrogeait sur ce qui se passait et jugeait, à mon récit, que « tout allait bien ». Et en surface, oui. Je ne savais pas trop comment expliquer qu’en ayant connaissance de la terrible machine finale – l’incendie – les petites actions anodines étaient les rouages qui s’assemblaient les uns avec les autres – comme Elena Richardson qui, dans un élan de pitié, engage sa locataire comme femme de ménage. Un rouage ne fait pas grand-chose, mais tous ensemble ? Je pouvais sentir la catastrophe venir, et ça me rivait au livre.

couverture de La saison des Feux de Celeste Ng

L’histoire prend un tournant au moment où l’amie d’enfance d’Elena Richardson adopte un bébé chinois abandonné devant une caserne de pompiers. Elle qui essayait d’avoir un enfant depuis une dizaine d’années, elle est ravie, et s’empresse de la rebaptiser de May Ling à Mirabelle. Mia Warren entend cette information, et comprend qu’il s’agit du bébé que sa collègue recherche désespérément. Cette immigrante chinoise l’avait abandonnée car elle n’avait pas les moyens de s’en occuper, mais a travaillé dur depuis et souhaite la retrouver. Mia révèle à sa collègue où est sa fille, et s’ensuit une bataille acharnée pour sa garde.

La Saison des Feux tourne autour de ce que c’est que d’être une bonne mère. Est-ce que c’est désirer un enfant longtemps ? Est-ce que c’est la biologie ? Est-ce que la richesse, qui permet de subvenir aux besoins d’un enfant, fait de quelqu’un un meilleur parent ? Est-ce que la culture est importante ?

J’étais très investie dans les personnages, et la fin m’a laissée avec une immense frustration. C’est volontaire, je sais : certains malentendus ne sont pas résolus, des personnages qui agissent mal ne comprennent pas leur erreur, et juste… c’est réaliste, mais ça me donne envie de plonger dans le livre pour secouer les personnages. Pour une fois, j’aurais aimé lire un épilogue qui apaise ce sentiment d’injustice !

Je me suis trouvé un équivalent : La Saison des Feux a été adaptée en série ! J’avais la flemme de la regarder alors que je venais juste de lire le livre, mais j’ai consulté le résumé du dernier épisode. Ça m’a permis de constater que la série semble tomber dans les ressors classiques des comédies de mœurs – il y a, notamment, des histoires d’amants absentes du livre – mais que la fin parait plus satisfaisante, avec des personnages qui comprennent leurs torts. Peut-être que je la regarderai à l’occasion !

Radar à diversité : autrice sino-américaine, thème de l’adoption d’une fille chinoise par une famille blanche

Avertissements : avortement, incendie, harcèlement par une figure d’autorité, accident de voiture, mort, drogues, scènes à l’hôpital, stérilité, kidnapping, pauvreté, racisme, sexisme, sexualité entre mineurs, stalking, blame placé sur les victimes, fausse couche, grossesse ; mention de : alcoolisme, maltraitance d’animaux, violence intrafamiliale, bombes, viol, guerre & psychiatrie

 

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