Du Bout des Doigts de Sarah Waters et Film The Handmaiden

personne en manteau noir lisant Du Bout des Doigts de Sarah Waters devant un chemin descendant une pente

Du Bout des Doigts de Sarah Waters est un vétéran de mon « étagère de la honte » : l’étagère dans laquelle je range les livres que j’ai achetés, mais que je n’ai toujours pas lus… C’est à l’occasion d’un club de lecture que j’ai enfin trouvé la motivation de me lancer dans les 750 pages de ce roman à la couverture douteuse – sur mon édition, en tout cas.

C’est une fiction historique qui se déroule au 19e siècle à Londres, avec des complots, des trahisons, des grandes révélations. Promis, je ne vous révèle rien au-delà de la partie 1 – c’est-à-dire le premier tiers, et je ne vous dirai pas non plus quel est le plot twist à la fin de cette partie. Je ferai de vagues allusions à la suite, mais de sorte à vous induire en erreur ou à rester floue !

L’histoire est racontée par Sue, une fille de criminelle qui a grandi dans un repaire de trafiquants. Gentleman lui propose un grand coup : elle entre au service d’une demoiselle, afin de la pousser à épouser Gentleman, qui héritera ainsi de sa fortune avant de la faire enfermer dans un asile. Évidemment, Sue va peu à peu tomber amoureuse de la demoiselle…

J’ai beaucoup aimé retrouver l’argot du 19e, pour lequel je m’étais passionnée à une époque. Par contre, je me demande si le texte est très compréhensible pour quelqu’un qui n’a pas eu ce genre de phase… vous savez ce que ça veut dire, lansquiner ? Google affirme que c’est pisser, ce qui n’est pas faux, mais dans le contexte « faire lansquiner » c’est plutôt un équivalent de « faire chier ».

couverture de Du Bout des Doigts de Sarah Waters avec une femme en nuisette alanguie sur un fauteuil
couverture de Du Bout des Doigts de Sarah Waters avec une femme lisant un roman, et une autre allongée sur ses genoux

L’histoire se lit très bien, ça avance vite et il y a plein de rebondissements. Cependant, Du Bout des Doigts est aussi un roman dur : femmes et enfants sont maltraitées par leurs parents et maris, le passage au sein de l’asile est horrible – il y a une vraie dénonciation de la psychiatrie, mais c’est un moment difficile à passer – et il y a peu d’affection entre les personnages qui se trahissent à tous les tournants.

capture d'écran du film The Handmaiden, deux personnages discutent sur un chemin entouré de buissons nus symétriques formant une sorte de toit

Du Bout des Doigts a été adapté en pièce de théâtre, en série BBC, et en film coréen : The Handmaiden, qui a eu pas mal de retentissement et gagné une Palme d’or ! Ce que je comprends : le film est magnifique, rempli de scènes époustouflantes. Un·e de mes ami·es voulait connaitre l’histoire sans lire 700 pages : on a décidé de regarder The Handmaiden ensemble.

Le film est à la fois fidèle dans des détails insignifiants – les gants, la répartition des restes – et différent au niveau du contexte et de l’intrigue. Ça se passe durant l’occupation de la Corée par le Japon, la demoiselle y est donc issue d’une famille tentant de s’élever en adoptant des coutumes japonaises.

Il y a une grosse différence scénaristique sur la partie 3 : plusieurs plot twist sont remplacés par d’autres. Je pense que c’était pour raccourcir l’histoire, mais ça permet aussi de centrer sur la romance. Ça m’avait manqué, dans le roman, de les voir ensemble, honnêtes, alliées et solidaires – on n’a ça que sur une page de fin, alors que le film s’intéresse davantage à « l’après » et les montre heureuses ensemble.

Certes, ça passe par une scène de sexe peu nécessaire. On s’en tape 3 plutôt longues au cours du film – plus des scènes de fantasmes détaillés et glauques des mecs de l’entourage – alors que le livre n’y consacrait qu’un paragraphe. Ça, c’est dommage.

capture d'écran du film The Handmaiden, on voit deux silhouettes proches devant un coucher de soleil

Du Bout des Doigts est un sympathique roman historique au scénario solide et divertissant. Son adaptation The Handmaiden, davantage centrée sur les personnages et la romance, permet de découvrir l’histoire selon un autre angle, et dans un cadre magnifique. J’ai beaucoup aimé découvrir les deux œuvres à la suite, elles ne sont pas du tout redondantes !

Radar à diversité Du Bout des Doigts : couple f/f

Avertissements : agression sexuelle, alcool, sang, décès d’un parent, meurtre et exécution, torture, emprisonnement, kidnapping, maltraitance, psychophobie (internement en hôpital psychiatrique et maltraitance), mention d’inceste

Radar à diversité The Handmaiden : cast coréen, couple f/f, BDSM

Avertissements : scènes de sexe, scènes kinky (fantasmées par des hommes), internement en hôpital psychiatrique, maltraitance d’enfant (+grooming), tentative de viol, exploitation sexuelle, torture, discussions sur le suicide et tentative de suicide, mention d’inceste

 

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