Non, ceci n’est pas un manga adapté de la série Sex Education. Il n’y a AUCUN lien. Il se trouve qu’il existe dans le monde plusieurs œuvres parlant d’éducation sexuelle sans qu’elles ne soient reliées – choquant, je sais. Ceci étant clarifié, parlons du manga en trois tomes Sex Education 120% ! Je l’ai acheté lorsque j’ai commencé à tomber à court de représentation ace : le site Planète Diversité indiquait qu’un personnage important était aromantique et asexuel.
Au Japon, ce sont les profs d’EPS qui se chargent de l’éducation sexuelle, et dans Sex Education 120%, on suit Tsuji, professeure de sport dans un lycée de filles. Avec un enthousiasme démesuré, elle enseigne à ses élèves les informations en termes de sexualité : comment se protéger des IST, comment avorter, la masturbation, les règles, la « drague de rue », la bisexualité et bien d’autres encore !
Le manga est plutôt drôle, car Tsuji en fait toujours trop, mais je dois avouer que c’était un peu trop pédagogique pour moi. Certes, il y a un vague scénario : Tsuji est amoureuse de sa collègue, et on suit le quotidien de trois élèves qui se posent des questions sur leurs relations. L’une est aro ace et fan de biologie animale, une autre est en couple avec une fille, et la troisième est hétéro et fan de BL. Il y a des chapitres où elles se posent des questions sur le coming-out, ou encore organisent une exposition à l’école.
Niveau pédagogie, j’étais assez mal à l’aise durant le premier tome. Certes, le contenu sur la sexualité me semble bon, mais tout est formulé comme si c’était juste une question de « quand ». « Quand » vous aurez des relations sexuelles, « quand » vous serez prêtes. Ne vous forcez pas si vous n’en avez pas envie maintenant, mais « quand » ce sera le bon moment, voici des infos utiles. Ce manga présente la sexualité comme quelque chose de génial, fun et inévitable, et ce alors qu’on a un personnage ace ! C’est cool que Tsuji soit fan de sexe, mais elle semble totalement oublier que pour beaucoup de personnes, c’est un sujet compliqué, pas toujours fun, et parfois pas souhaité du tout.
Il y a sans doute eu des retours à ce sujet, car dans le tome 2, entrée en fanfare « AAAAAh, mais j’ai totalement oublié de vous parler de consentement !!! » – le titre contient « 120% » car cette prof est toujours méga à fond. Mais même quand elle parle de consentement, c’est du consentement à un moment précis – est-ce que là, maintenant, tout de suite, on a envie de sexe avec telle personne – et pas quelque chose de plus général : on a le droit de ne jamais vouloir de sexe.
En plus, en parallèle, elle est assez forceuse envers sa collègue et n’écoute pas vraiment ses refus… c’est très dommage.
Autre chose qui m’a déçue est le chapitre sur la transidentité, justement parce que ce n’est qu’un chapitre. Un cours où on parle de personnes trans, et puis voilà. Pour les autres sujets LBA, comme on a des personnes concernées, ça veut dire qu’en-dehors du cours sur l’asexualité, on voit ce qu’une personne aro ace pense des love hotel, des couples, des examens médicaux, des cours de biologie, du coming-out, des mangas BL, puisque l’élève est là pour réagir tout au long de la trilogie. Mais comme il n’y a pas de personnages trans, tout ce qu’on sait de la transidentité, c’est la définition, sans qu’on discute du rapport des personnes trans au consentement, aux études biologiques, aux séparations genrées dans les lycées…
Un·e ami·e plus intéressé·e que moi par l’éducation sexuelle – quoique ace aussi – a lu et beaucoup aimé Sex Education 120% ! Je crois que j’ai juste du mal avec les œuvres pédagogiques en général – preuve en est mon article complet sur le sujet. Au lieu de me laisser emporter par l’histoire, je décortique… n’empêche, je trouve très bien que ce manga soit là pour informer, et son ton humoristique aide beaucoup !
Radar à diversité : cast japonais, pp bi, pp aro ace, pp en couple f/f
Avertissements : discussions de relations sexuelles