Enchantment of Ravens de Margaret Rogerson

personne en manteau de velours jaune lisant Enchantment of Ravens de Margaret Rogerson devant un buisson de baies rouges

Après avoir lu L’encyclopédie Féérique d’Emily Wilde et Ames Miroirs, j’avais envie d’autres histoires de faés et on m’a conseillé Enchantment of Ravens de Margaret Rogerson. Sauf que le résumé ne me disait rien qui vaille : Isobel est la meilleure peintre de sa génération, mais lorsqu’elle peint une émotion humaine sur le portrait du Prince Faé d’Automne, celui-ci l’enlève pour qu’elle soit exécutée et qu’il répare sa réputation. J’aime bien les enemies-to-lovers, mais ce n’est quand même pas une excellente base de romance…

Ce qui m’a décidée, c’est que beaucoup d’avis disaient que c’était une aventure tranquille – un road trip à travers la forêt pour rejoindre la Cour d’Automne – et j’avais vraiment envie de lire de la fantasy qui soit plus atmosphérique que terrifiante.

Et en effet, le rythme et l’atmosphère restent douces même en cas de danger. Les personnages apprennent à se connaitre : j’ai apprécié que le crush initial d’Isobel disparaisse dès que le Prince la kidnappe. Et pas en mode « juste ciel, il m’attire tellement, mais je ne devrais pas car il est méchant ». Non, elle n’est plus du tout intéressée, et il faudra du temps pour que la romance se construise.

J’ai réussi – miracle – à faire semblant que leur immense différence d’âge n’était pas glauque. L’âge des faés est difficile à convertir en années humains – puisque le temps ne passe pas de la même façon pour elles. Le Prince a l’attitude d’un ado capricieux, un autre personnage parle des siècles d’avant comme si c’était la veille… bien que ça soit souciant pour cette relation sur le long terme, Enchantments of Ravens n’ignore pas la question et on a une vague idée de comment le Prince et Isobel aborderont la suite.

couverture de Enchantment of Ravens de Margaret Rogerson version reliéeillustration de la couverture de couverture de Enchantment of Ravens de Margaret Rogerson version brochée
Je préfère la couverture de la version brochée à celle de la version reliée, mais à l’intérieur il y a une grande illustration de la couverture originale

Maintenant que ça fait presque un mois que je l’ai fini, je vois ce qui m’est resté comme impression long-terme : de l’émerveillement face à la manière dont scénario et univers s’entremêlent. Parfois, en fantasy, on pourrait transposer l’histoire dans un autre monde, ou remplacer les vampires par des démons, et ça ne changerait pas grand-chose au récit. Mais ce n’est pas du tout le cas d’Enchantment of Ravens.

Isobel a grandi dans le monde des faés : en toute logique, elle n’explique pas les « évidences » de son quotidien. Lorsqu’un voisin lui demande si elle va boire au Puits Vert, Isobel est horrifiée sans nous décrire ce qu’est le puits : on le découvrira plus tard. Ça crée un mystère permanent, une envie de lire pour comprendre.

Mais Isobel ne sait pas tout, et lorsque le Prince l’enlève, nous découvrons de nombreux éléments à ses côtés. La nature de ces faés m’a laissé une impression si forte que j’en parle encore autour de moi. Ce sont des êtres immortels, le temps passe différemment pour eux, et ils sont incapables de créer – et donc de mentir. Fasciné par l’art, ils échangent des enchantements à double tranchant contre des œuvres humaines.

Ça soulève diverses questions cruciales pour les personnages. Est-on soi-même si on perd sa capacité à créer ? Est-ce lié au fait que le faés ne ressentent rien ? Est-ce pour combler ce vide qu’elles se passionnent d’art… mais alors pourquoi mépriser les humains ? Il y a des scènes de quotidien subtilement glaçantes, et qui font réfléchir sur la vie et l’identité.

En relisant mes notes pour cet article, j’ai vu que j’avais indiqué « C’est bizarre de faire un retour sur un roman en ne lui reprochant pas grand-chose… tout en manquant de passion. » C’est drôle, car à l’heure actuelle, je suis passionnée par Enchantment of Ravens ! Il y a des romans que j’aime, mais que j’oublie en quelques semaines. Celui-là ? J’y pense encore. Je me demande comment ça se fait que le Prince d’Automne ait ressenti des émotions – un des éléments de l’univers pourrait suggérer qu’il est manipulé par Isobel, ce que je trouve fascinant. De même, l’emprise du roi d’Eté n’est jamais clarifiée, me permettant d’échafauder des théories. J’avais dévoré ce livre en deux jours, mais Enchantment of Ravens est resté avec moi beaucoup plus longtemps.

Avertissements : enlèvement, blessures et combats, mort d’ennemi·es

 

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