Allez savoir pourquoi, mais je confondais Positive de Camryn Garrett avec plein d’autres romans − Wheetzie Bat, La Vie à 1000 Décibels, Queen of Geeks – autant dire que je n’avais aucune idée de quoi il allait parler lorsque j’ai fini par me lancer dans sa lecture.
C’est raconté du point de vue de Simone, une adolescente noire, bi et séropositive qui a changé de lycée l’année d’avant et qui y a trouvé son bonheur : deux véritables amies et une place dans les coulisses de la comédie musicale Rent – sa passion !
Lorsqu’elle commence à sortir avec Miles, elle découvre dans son casier des messages de menace : elle doit rompre, sinon sa séropositivité sera révélée à tout le lycée.
Il faut savoir que je ne suis pas fan des scénarios avec du chantage : c’est une situation désagréable, et je me retrouve à soupçonner tout l’entourage de l’héroïne, ce qui m’empêche de m’attacher à ses ami·es. En plus, j’ai assez vite deviné pourquoi læ coupable agissait…
Ce qui m’a cependant conquise, ce sont les personnages et leurs relations. Simone est vraiment chouette, et même si je ne comprenais pas toujours sa retenue, elle est adorable quand elle parle de ses passions. Ses pères adoptifs sont super aussi, on cerne vite leur caractère et beaucoup d’affection règne dans leur foyer.
Miles, son copain, n’était pas super intéressant en soi, mais la relation qu’il a avec Simone est vraiment sympathique. J’ai beaucoup aimé l’absence de drama amoureux, ils ont des débats intéressants et offrent un front toujours soudé, les conflits étant externes.
Comme d’habitude, ma préférence va aux amies de Simone : Claudia et Lydia. J’ai été déçue que leur relation soit un peu moins travaillée sur la fin – leurs disputes sont mises trop facilement de côté à mon goût – mais je les ai beaucoup aimées. Peut-être parce que Claudia est asexuelle et que c’est présenté d’une manière qui change – notamment parce qu’elle n’est pas prude pour deux sous et qu’elle a une activité sexuelle – mais aussi parce que leurs conversations étaient très… normales. Même si les romans ados abordent parfois le sexe et la romance, ça me parait édulcoré, surtout quand les personnages sont des filles. Comme s’il fallait en parler pour être réaliste, mais de manière propre et lissée parce que oulala, le sexe c’est tabou quand même. Là, ça me paraissait vraiment refléter les conversations que j’avais à cet âge.
« Mon VIH n’est pas une menace pour vous ; en revanche, votre ignorance est une menace pour moi. »
Le sujet central du roman, c’est officiellement le VIH, et on manque totalement de chroniques faites par des personnes concernées − ou alors, j’ai mal cherché – mais j’ai trouvé cette chronique positive d’une personne noire et cette autre plus mitigée. Je ne saurais donc pas dire si c’est bien traité, en tout cas j’ai beaucoup appris à ce sujet. Mais surtout, le livre s’intéresse à plein d’autres thématiques : Simone est ado, elle se construit, et même si le VIH oriente sa manière d’aborder ses relations ; sa bisexualité et le fait qu’elle est noire jouent un rôle aussi… tout est imbriqué sans que ça soit confus, et le résultat c’est un roman avec plusieurs couches qui fait très réel.
Cerise sur le gâteau, c’est très bien écrit ! Je me rends compte que ma chronique ressemble un peu à une checklist : scénario ? correct. Personnages et relations ? géniaux. Romance ? mignonne. Thèmes ? passionnants. Mais au-delà du fait qu’il correspond à ce que j’aime lire, Positive m’a emportée, charmée, je l’ai lu d’une traite, totalement plongée dans le quotidien de Simone. Alors qu’en ce moment je suis plus portée sur la fantasy et l’évasion dans des univers magiques, j’ai adoré cet ancrage dans le réel qu’est Positive. On s’y sent vraiment chez soi.
Avertissements : chantage, sexe (discussions et actes non-explicites), biphobie intériorisée, racisme
Une réflexion sur « Positive de Camryn Garrett »