Positive de Paige Rawl

personne en jupe rouge et collants lisant Positive de Paige Rawl sur un coin de canapé jaune

J’avais vu l’autobiographie Positive de Paige Rawl à la bibliothèque, et comme il portait le même titre qu’un roman qui m’avait plu – Positive de Camryn Garrett – il a attiré mon attention. Il parle lui aussi d’une personne séropositive, mais cette fois-ci, les faits sont réels ! Je l’avais donc emprunté… et je ne l’avais pas lu jusqu’à ce que je doive le rendre : la non-fiction me motive peu.

Deux ans plus tard, je suis retombée dessus : allez, nouvelle tentative ! Il a encore trainé dans mes étagères pendant des mois, jusqu’à ce que ma carte bibliothèque soit bloquée : plus le choix, je devais le lire et le rendre. Comme Positive est court, je ne disais que ça serait vite plié. En plus, je pensais que comme c’était une autobiographie, je ne serais pas passionnée, et que je pourrais le lire en diagonale.

Je l’ai en effet lu très vite, mais pas parce que je me suis ennuyée : il était vraiment prenant !

La lecture est facile car l’écriture est simple, la narratrice très attachante, et je suis vite entrée dans la vie de Paige. Lorsqu’elle a trois ans, sa mère découvre que son père – dont elle avait divorcé – lui a transmis le VIH, et Paige l’a aussi. Un traitement existe depuis un an, et Paige vit une enfance tranquille et heureuse… jusqu’à ce que sa meilleure amie, en cinquième, révèle qu’elle est séropositive à tout le collège.

Ce que j’ai apprécié – et c’est l’avantage des récits véridiques – c’est que Paige ne correspond pas du tout aux personnes victimes de harcèlement dans la fiction. C’est une pom-pom girl qui participe avec bonheur à des concours de Miss depuis qu’elle est toute petite, elle est très sociable et souriante. Dans tous les films pour ados, ce serait elle qui harcèlerait les autres, mais la réalité est plus complexe.

Suivre cette histoire m’a noué le ventre. Le harcèlement qu’elle vit est horrible, mais il est loin d’être exceptionnel. Autour de moi, j’entends des récits de personnes pour qui la violence est allée beaucoup plus loin ! D’ailleurs, l’équipe enseignante de son collège considère que ce n’est pas grave, voir que c’est de sa faute, et il y a même une prof qui y contribue. Mais ce qu’elle vit est atroce, et l’impact significatif. C’était vraiment dur à lire. Même si je me doutais qu’elle émergerait de ce moment douloureux, je ne savais jamais si un personnage allait se révéler un soutien, ou si, au contraire, cette personne lui ferait du mal.

On n’aura jamais d’explications sur l’attitude de sa meilleure amie. Ça, ça m’a marquée : dans les romans, les auteurs partagent les raisons des actions au cours du récit, pour qu’on sache qu’un personnage est cohérent. Mais ici, son amie ne s’expliquera jamais auprès de Paige, et en tant que lecteurices, on n’aura pas cette clôture, pas de résolution. C’est comme ça dans la vie, mais rien que dans un récit, c’est douloureux…

couverture de Positive de Paige Rawl

Il y a quelques passages qui ne m’ont pas trop plu, notamment, l’insistance de Paige pour se distinguer de personnes handicapées ou malades, comme si elle était intrinsèquement meilleure. Positive reste cependant une célébration de la différence et une invitation à la bienveillance.

Je suis aussi mitigée sur le chapitre de fin, où Paige remercie ses harceleur·ses, considérant qu’iels l’ont rendue plus forte et plus bienveillante. En vrai, je comprends. Je comprends en particulier le passage où elle se rend compte que si elle n’avait pas été séropositive, elle aurait peut-être été comme elleux. C’est quelque chose que je ressens aussi, même si je n’y avais jamais vraiment réfléchi : je pense que faire partie d’un groupe marginalisé contribue à remarquer les discriminations à son encontre, et à détecter et comprendre celles envers les autres. Mais c’est loin d’être une règle – il y a des personnes marginalisées très intolérantes, parfois même envers des personnes avec une marginalisation similaire. Et on peut être bienveillant·e sans connaître de discriminations : Paige rencontre d’ailleurs plusieurs personnes dans ce cas.

Même si je comprends, je n’ai pas aimé lire une forme de reconnaissance envers ses harceleur·ses.

Au-delà du témoignage, Positive est aussi un ouvrage militant. Paige s’engage pour changer les lois, changer la situation. J’ai trouvé particulièrement marquant le fait qu’elle soit née deux ans avant moi. Certes, les choses ont changé, depuis – et pas qu’en bien – mais ce n’est pas un témoignage du passé : c’est une personne qui a vécu une vie parallèle à la mienne. On ne peut pas vraiment dire « ce n’est plus comme ça, maintenant » : ses harceleur·ses ont mon âge. Ses profs enseignent peut-être encore. Les statistiques m’ont vraiment choquée – que ce soit celles sur le nombre de contaminations du VIH comme celles sur le nombre de personnes harcelées qui en meurent. Et avant que certain·es me disent « mais c’est les États-Unis, c’est un pays horrible » : j’ai regardé les statistiques pour la France. C’est pas beaucoup mieux.

Mais les actions de Paige Rawl ont eu un impact, et j’espère que d’autres personnes, à travers le monde, continueront de se mobiliser pour une société plus bienveillante.

Avertissements : harcèlement, insultes, accident, crises d’épilepsies, tentative de suicide, séjour en centre antistress

 

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