Une Fille Facile et Nous les Filles de Nulle Part de Louise O’Neill et Amy Reed respectivement

femme en nuisette lisant une fille facile de Louise O'Neill allongée sur du goudron

J’ai lu Une Fille Facile de Louise O’Neill d’après les conseils de Sita Tout Court. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne fait pas rêver… J’ai commencé dans le métro, alors que je revenais d’un club de lecture. J’ai eu tout juste le temps de découvrir que la narratrice, Emma, était une peste superficielle, puis ma liseuse a freezé. Impossible de tourner la page. Ce n’était pas dramatique, j’ai réfléchi à mes propres histoires, mais j’étais un peu contrariée.

Ce que j’aime dans les romans, ce sont les personnages. Là, Emma est égoïste, méchante, arrogante… et c’est ce qui rend toute l’histoire intéressante. D’avoir de la compassion pour elle, même si on la déteste. Le titre anglais, Asking for It, représente parfaitement le roman : Emma est violée par quatre de ses camarades de classes, et tout le monde va considérer qu’elle est fautive. La fin est vraiment intéressante, à l’image du roman, et l’autrice explique ses choix en conclusion. C’est loin d’être une lecture agréable, surtout quand on sait que c’est la réalité. Bien que fictive, Emma existe, et la société dans laquelle elle vit, c’est la nôtre…

femme en tenue colorée lisant Nous les Filles de Nulle Part d’Amy Reed devant des affiches militantes

Nous les Filles de Nulle Part d’Amy Reed, sur un thème semblable, est beaucoup plus plaisant à lire. La première comparaison qui me vient à l’esprit, c’est La Lune est à Nous : un sujet dur, violent, mais les personnages s’unissent pour lutter et le courage et la solidarité sont au cœur du roman. Grace emménage dans la chambre d’une fille qui a déménagé suite à son viol – car c’est elle qui a été tourmentée, et il n’y a eu aucune conséquence pour le coupable. Grace et ses deux nouvelles amies vont fonder un groupe militant, les Filles de Nulle Part, rassemblant toutes les élèves du lycée pour lutter contre la culture du viol dans leur établissement.

Je l’ai lu en camping avec ma famille, avançant dès que j’avais une seconde de disponible, prise par l’histoire, par les personnages si nombreux et attachants, dont l’histoire personnelle est également explorée.

Cette quantité de personnages permet de présenter des points de vue très variés – là où Une Fille Facile se concentrait sur les filles blanches cishétéro de classe moyenne, on a ici des filles grosse, racisée, lesbienne, autiste asperger dans les personnages principaux. Ça amène de nombreuses confrontations d’opinions. Il n’y a que le débat sur la nature masculine qui m’a déçue : alors que d’habitude j’aime quand les arguments sont présentés par des éléments scénaristiques et non par des discours – c’est plus subtil – dans ce cas-là, j’aurais aimé plus de dialogues. Certaines filles lâchent que « ce sont des hommes, c’est dans leur nature », et pas mal d’hommes affirment la même chose. Il y a peu de contre-arguments, le seul dont je me souvienne est « si tu ne crois pas que les gens puissent changer, pourquoi tu te bats ? ». Le scénario met en évidence que ce n’est pas l’opinion du livre, mais j’aurais aimé que ce soit plus explicite.

Je regrette aussi que la fille trans n’ait que deux paragraphes de présence – les retirer ne change rien à l’intrigue. Il était nécessaire de l’inclure pour rappeler que les filles ne se réduisent pas aux filles cis, mais j’aurais aimé qu’elle ait plus de rôle.

La fin m’a paru irréaliste, mais j’étais surtout contente que ça se termine bien !

J’ai adoré Nous les Filles de Nulle Part, bien plus agréable à lire qu’Une Fille Facile, même s’il y a des descriptions de viol. C’est une histoire encourageante, et qui ne se résume pas à ses arguments ! Le mot de la fin m’a rapprochée de l’autrice, qui parle de ses relecteurices, de ses recherches, et liste ses sources. C’est la démarche que je souhaite avoir, et je suis heureuse qu’elle donne un aussi bon résultat.


Avertissement : viol

 

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