Pas Tout à Fait des Hommes de Lizzie Crowdagger

femme en blouson de cuir lisant Pas tout à fait des Hommes de Lizzie Crowdagger avec un arc à la main, devant une colline et une ruine

Ma lecture de Révolution avec une Vampire m’ayant laissé sur ma faim – ou ma soif… – j’ai décidé de lire un autre roman de la même autrice : Pas tout à fait des Hommes. Je l’ai commencé dans le métro parisien, alors que je rentrais d’un forum. J’étais fatiguée et stressée, mais le style m’a détendue, certaines formulations décalées m’ont franchement amusée :

« Kalia était mal à l’aise partout et tout le temps. Elle était capable de s’adapter à la moindre situation banale pour s’y sentir aussi à l’aise qu’un poisson hors de l’eau. »

Trois personnages hauts en couleurs partent à l’aventure pour empêcher une guerre entre orcs et humain·es : Kalia, la garde elfe éprise de lois, de moralité et d’Axelle la démone danseuse et voleuse, William le vampire-espion, et son amie imaginaire – oui, ça fait quatre personnages, mais l’amie imaginaire compte-t-elle ? Vous avez quatre heures.

Les classiques de la fantasy sont au rendez-vous : royaume humain, elfes, nain·es, démon·es, dragon·nes, quêtes épiques, prophéties et épées magiques… avec pas mal de twists sur ces éléments. On se rend notamment vite compte que le royaume humain et les créatures magiques sont une métaphore de la France et des personnes racisées. Kalia remarque le profilage racial, et, elle-même immigrée, constate que la « tolérance » affichée par les humain·es n’est, justement, que de la tolérance : on se résigne à la présence des elfes tout en leur rendant la vie la plus difficile possible, histoire qu’iels repartent.

La métaphore est facile à repérer – tout comme celle de la guerre orcs/humain·es, qui parle de l’impérialisme moderne européen – mais elle n’alourdit pas l’histoire à grands coups de morale maladroite.

couverture de Pas Tout à Fait des Hommes de Lizzie Crowdagger

Longtemps, militantisme et amusement sont pour moi restés dans deux catégories séparées par une double muraille. On veut parler de culture du viol ? Ce sera un roman dur, sombre, dont l’aventure ne me plaira pas mais qui sera intéressant. On veut dénoncer l’homophobie ? Pareil. Pareil pour tous les problèmes de la société.

J’avais déjà découvert qu’un roman militant pouvait proposer une aventure passionnante et drôle avec la série des Montague Siblings, mais c’était resté une exception. Pas Tout à Fait des Hommes réussit la même association. C’est exactement le genre de romans que je voudrais écrire… Le fait que Kalia organise des manifs ne rend le scénario que plus tendu, car comment partir en quête d’une épée magique quand la garde vous enferme parce que vous avez dénoncé les abus sexuels commis par vos supérieurs ?

Il y a en revanche une autre métaphore que je ne suis pas sûre d’avoir comprise. Le quartier « chaud » de la ville s’appelle le Déni. C’est un mot trop utilisé dans la communauté LGBTI+ pour que ça ne soit pas une référence à quelque chose, non ? Et il y a d’autres éléments comme ça qui m’invitent à penser que je suis passée à côté de quelque chose… ceci dit, ça n’enlève rien à mon appréciation de l’histoire, ça me donne juste envie de la relire !

Ce roman de fantasy est plein d’aventure et d’humour, et réussit à subtilement pointer les problèmes de notre société du doigt. Je lis tellement que parfois j’oublie certaines histoires, mais celle-là restera pour son message, son scénario et ses personnages percutants.

Avertissement : mention de viols par les forces de l’ordre

 

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