A comme Aujourd’hui de David Levithan fait partie de ceux que j’avais notés sur ma liste « à lire et à acheter », car plusieurs blogs/vidéos me l’avaient conseillé. Cependant, cette liste semblait maudite : comme j’achète mes livres surtout sur des vide-greniers ou dans des petites boutiques de livres d’occasion, et que les romans de la liste ont des personnages et thématiques LGBTQI+, eh bien à chaque fois, je ne les trouvais pas.
Et là, miracle ! J’ai vu A comme Aujourd’hui dans les rayonnages d’une boutique d’occasion. Je l’ai acheté et je l’ai lu dès le jour suivant, d’une traite. L’histoire en elle-même n’est pas extraordinaire, mais le personnage et sa situation le sont : chaque jour, A se réveille dans un nouveau corps. Comment, dans ce cas, construire des relations avec d’autres personnes ? Dans le premier chapitre, A s’éprend de Rhiannon et va tout faire pour la retrouver.
Moi qui ne suis pas fan de romance, j’ai adoré celle-ci. Toutes les difficultés liées à la situation d’A sont exploitées, on part d’une idée simple mais l’auteur va jusqu’au bout et en explore toutes les possibilités. Je n’ai pas particulièrement apprécié Rhiannon et ne comprenais pas la passion d’A, mais ce n’est pas primordial pour aimer le roman.
Occasion manquée pour la traduction française : bien qu’A se définisse explicitement comme non-binaire (« Certains jours, je me sentais plutôt fille, et d’autres plutôt garçon, mais cette alternance n’était pas toujours synchronisée avec les corps que j’occupais. Et puis je croyais encore les gens affirmant qu’il fallait être soit l’un, soit l’autre. Personne ne me proposait une vision différente, et j’étais trop jeune alors pour me forger ma propre opinion. Ce n’est que plus tard que j’ai compris que je n’étais ni fille ni garçon, tout en étant les deux à la fois. »), le masculin a été considéré comme neutre dans ce roman. Certes, de nombreuses personnes non-binaires utilisent le masculin, mais il y en a aussi qui utilisent le féminin ou l’écriture inclusive… ç’aurait pu être explicité.
A occupe des corps variés, ce qui permet d’avoir un large éventail de personnages : hommes gays, femmes lesbiennes, homme trans et personnes en surpoids, en dépression, avec une addiction…
A noter toutefois que le poids du personnage gros est présenté comme étant « lié à sa paresse ». J’ai conscience que cela peut être le cas dans la vraie vie, mais il aurait été agréable d’avoir une deuxième personne grosse, cette fois-ci à cause d’une maladie, ou encore sans que ça soit expliqué.
Quant à l’homme trans, le chapitre m’a mise de très bonne humeur : A s’identifie complètement à lui, et est émerveillé·e par sa relation avec sa petite amie. Cependant, comme A ne présente pas explicitement son hôte comme trans à Rhiannon, celle-ci le mégenre. Ce n’est pas de sa faute puisqu’elle ne savait pas, mais j’ai trouvé le résultat désagréable à lire. Dans l’ensemble, Rhiannon est d’ailleurs assez queerphobe…
La tension est présente toute au long du roman, car la situation d’A est intenable… on aimerait d’une part que le personnage puisse profiter de ses corps, car pourquoi n’y aurait-il pas droit ? Mais en même temps, ce serait horrible pour le corps « parasité »… il n’y a pas de bonne solution et c’est aussi pour ça que j’étais aussi investie dans l’histoire.
Bien que A comme Aujourd’hui soit décrit comme une romance, je le range plutôt dans le genre science-fiction. Le personnage principal est complexe et attachant, l’idée exploitée en détail.
Avertissements : LGBTIphobies
Une réflexion sur « A Comme Aujourd’hui de David Levithan »