Après avoir beaucoup aimé Summer Bird Blue, j’ai découvert que le premier roman d’Akemi Dawn Bowman, Starfish, avait été traduit en français sous le titre L’esquisse du Bonheur. Il fallait que je le lise !
Je ne m’étais pas du tout renseignée sur l’histoire et j’aurais peut-être dû : ce roman aussi aborde des sujets durs et je n’étais pas du tout préparée… Kiko est dans une relation toxique avec sa mère abusive, et les interactions entre elles sont douloureuses à lire. De plus, Kiko a de l’anxiété sociale et je m’identifiais beaucoup aux récits de ses interactions – notamment lorsqu’elle va à une fête – ce qui m’a aspirée dans l’histoire.
Le style d’écriture était cependant… pas tout à fait à mon gout. Je ne suis pas fan de la façon dont les émotions sont présentées, tout était dit plutôt que ressenti, et j’avais l’impression que Kiko s’analysait au lieu de me laisser la découvrir à travers sa narration. Cependant, les passages où Kiko peint sont magnifiques, et de façon générale, les descriptions sont belles. On voit tout à fait cette histoire à travers les yeux d’une artiste !
Car Kiko est passionnée de dessin et de peinture. J’adore les livres qui parlent de création, et j’étais si déçue pour elle lorsqu’elle n’a pas été admise à l’école de ses rêves ! Après ce coup dur, elle est obligée de se chercher, de gagner en indépendance. Alors que son oncle abusif revient à la maison et qu’elle recroise son amour d’enfance, elle essaie de prendre sa vie en main.
Le garçon dont elle est amoureuse est plutôt banal, mais j’ai aimé la façon dont la romance était intégrée à l’histoire. Kiko l’aime, et en même temps, elle ne veut pas qu’il la guérisse, qu’il soit sa béquille, et qu’elle devienne dépendante de lui. Elle veut d’abord se débrouiller seule, et c’est très important ! Cependant le traitement du consentement dans leur relation m’a dérangée.
Si j’ai trouvé le portrait de l’anxiété sociale très réussi – et de nombreux avis en ligne m’ont confortée dans cette opinion – cela n’empêche pas ce roman d’être validiste par d’autres aspects, notamment parce que Kiko sous-entend que la raison pour laquelle sa mère est abusive, c’est qu’elle est malade. De nombreuses insultes psychophobes sont utilisées pour la décrire. C’est tellement dommage… A noter aussi qu’elle sous-entend qu’elle est horrible parce qu’elle ne comprend pas l’amour romantique… merci… j’ai choisi de l’interpréter comme « ne comprend pas les relations d’affection saine ».
Apparemment, après avoir lu plusieurs critiques, l’autrice a adressé certains de ces problèmes dans la réédition anglaise. Mais soit l’édition française n’a pas pris le bon texte, soit elle n’a pas tant corrigé que ça…
Durant ma lecture, j’ai choisi de compartimenter ces reproches, les notant afin de pouvoir temporairement faire abstraction. Je voulais profiter de ce roman ! Kiko est attachante, je m’identifiais à certaines de ses difficultés, les conversations sur l’art sont belles et c’est tellement doux de la voir être de plus en plus heureuse… J’ai vraiment beaucoup aimé L’esquisse du Bonheur, et ses défauts n’en sont que plus regrettables ! J’ai ressenti une myriade d’émotions en la lisant.
Avertissements : abus parental, abus sexuel (mentionné), tentative de suicide (non graphique), traumatisme d’enfance, validisme, anxiété, attaque de panique, racisme
Une réflexion sur « L’esquisse du Bonheur d’Akemi Dawn Bowman »