Beaucoup de ces albums sont restés dans ma liste d’albums non chroniqués : en effet, c’est toujours un peu difficile de parler d’œuvres aussi courtes, alors quand je n’ai pas un élément marquant à discuter en long et en large, je les laisse de côté. Mais à force, de nombreux albums sur un même sujet se sont accumulés, ce qui me donne justement l’occasion d’écrire dessus en détail. Comme le titre indique, ce sont des livres avec des parents de même genre.
Mes Deux Mamans est un album qui a pour but d’expliquer l’homoparentalité. On y voit un petit garçon interroger de manière insistante son amie pour savoir qui est sa « vraie » mère, et le message est bien sûr que ce sont les deux. J’aime bien les répétitions dans les albums, pour le côté ritournelle, mais ici c’était un peu agaçant – la répétition de « c’est qui ta vraie maman » n’est pas des plus plaisantes. Toutefois, le fait de se concentrer sur une seule situation donne une structure à cette histoire, qui ressemble à une histoire, justement, et non à un pamphlet contre l’homophobie. Car des albums avec ce sujet, j’en ai lu plusieurs.
Et, dans l’ensemble, j’ai du mal avec les albums dont le but est aussi direct. On les reconnait vite à leur titre : Mes Deux Papas, Mes Deux Mamans, Les Papas de Violette, Jean a Deux Mamans, Tango a Deux Papas, Deux Papas Pour Moi… Ce sont des histoires qui présentent une situation homoparentale et expliquent que c’est normal. Parfois, le graphisme ou un bout d’histoire parviennent à masquer la pédagogie. Parfois, ça ressemble à une liste de préjugés et en quoi ils sont faux.
Des explications de type « les couples homoparentaux c’est normal » réparties sur dix pages ne me touchent pas beaucoup, et je lis pour ressentir des émotions ! Je peux considérer ces albums comme « bien », mais ils ne seront jamais des coups de cœur.
Les Papas de Violette a de jolis dessins, et on se concentre sur le ressenti de Violette, ce qui atténue le ton pédagogique. La fin m’a toutefois laissée perplexe et brouille un peu le message…
J’ai déjà parlé de Jean a Deux Mamans, que je n’ai pas aimé, dans un autre article, ainsi que de Le Jour où Papa s’est Remarié, qui véhiculent des stéréotypes plus qu’autre chose.
J’ai un point de vue assez mitigé sur Tango a Deux Papas et Pourquoi Pas ? Je m’attendais à ce qu’on suive l’histoire des manchots sur la couverture… mais non : c’est celle d’un petit garçon qui rend visite à des manchots dans un zoo. En fait, cet album est inspiré d’une histoire vraie !
On a donc un point de vue extérieur, celui des hétéros qui contemplent deux manchots mâles élevant Tango. Il y a quelque chose là-dedans qui me met mal à l’aise, surtout que certain·es hétéros veulent justifier l’homosexualité en montrant que ça existe chez les animaux, ou en cherchant des causes biologiques, ce qui ne devrait pas être nécessaire pour accepter les couples gay. Porter des vêtements n’est pas « naturel », mais la société n’a aucun problème à l’accepter !
L’histoire est très détaillée, un peu trop, d’ailleurs, à mon goût : on passe beaucoup de temps à décrire le zoo, les manchots, et comme le texte n’est pas particulièrement poétique, je n’y ai pas trouvé grand intérêt. Ceci dit, ça permet à cet album de dépasser son aspect pédagogique, ce que j’apprécie toujours !
Mes Deux Papas est l’album le plus récent que j’ai lu, et je l’ai même lu quatre fois : pas parce que je l’ai particulièrement aimé, mais parce que j’ai enregistré une vidéo où je le lisais à voix haute à des ami·es à distance. Il y a une histoire, mais l’objectif pédagogique est toutefois trop apparent à mon goût, car ça manque de fil directeur : l’album se termine abruptement sur une scène où ses pères expliquent à Lilou que toutes les familles sont différentes – ce qui ne répond à aucun des enjeux de l’intrigue jusqu’alors.
Les albums que j’ai le plus appréciés avec cette représentation sont ceux qui l’abordent de manière détournée. J’ai parlé dans un autre article de My Footprints, qui dénonce l’homophobie, mais dont l’histoire est concentrée sur le parcours de Thuy dans la neige. Et il y en a quelques autres que j’ai appréciés aussi :
Le Fils des Géants est un beau conte accompagné de dessins magnifiques, très colorés. L’écriture est poétique et émouvante, et le message apporté en douceur vraiment positif.
Initialement, en le découvrant, j’étais déçue… et je ne savais pas exactement si j’avais raison ou tort d’être déçue. En fait, cet album m’avait été recommandé pour sa représentation de l’homoparentalité, et comme les éditions Talents Hauts sont plutôt militantes, je m’attendais à un ouvrage pédagogique. Ça aurait dû être une bonne nouvelle que ça ne soit pas le cas… mais ça m’a troublée.
Le fait que les deux géants sont en couple est quelque peu libre à l’interprétation. Ils vivent ensemble, certes, et élèvent un fils. Mais je ne sais pas, l’ambiance conte et la manière dont c’était présenté… Je pense que ç’aurait été facile d’ajouter une phrase précisant qu’ils sont amoureux ? Les relations autres qu’hétéro sont souvent invisibilisées, et au moment où j’ai lu cet album, je voyais beaucoup de commentaires qui tournaient des relations que j’avais perçues comme gay en amitiés, ce qui est d’autant plus irritant que j’adore les amitiés et je ne voudrais pas avoir à choisir.
Mon opinion était donc en grande partie due au contexte, et maintenant, je suis ravie de cette belle histoire où la parentalité des géants est valorisée sans que ça tourne autour de leur homosexualité !
J’ai acheté l’album Mon Beau Potager suite à une recommandation de Mon Fils en Rose : on y suit une petite fille asiatique qui s’occupe de son potager avec l’aide de ses mamans. Une personne à laquelle je tiens beaucoup adore les jardins, les albums, et la représentation queer, alors je me disais que je le lui offrirais peut-être.
J’ai donc lu cet album en pensant à l’opinion de cette personne plus qu’à la mienne. C’était en effet un album parfait pour lui… à part que je trouvais les dessins banals.
Quant à mon opinion personnelle, eh bien, j’aime le jardinage sans que ça me passionne, alors je n’ai pas éprouvé tant d’intérêt pour l’intrigue ! Mais j’apprécie la présence bienveillante des mamans, sans que le texte insiste sur leur normalité.
C’est bien que les albums sur l’homoparentalité soient de plus en plus fréquents, mais même si j’apprécie leur existence, je ne ressens pas d’émotion particulière devant un texte pédagogique ou une exhortation à la tolérance. Ce que j’aime ce sont les albums avec une histoire ! L’homoparentalité peut être un enjeu de cette histoire, tant que le focus n’est pas sur une leçon de vie.
3 réflexions sur « En Quête d’Albums avec de la Représentation – Homoparentalité »