J’avais entendu parler de cette série par Sita tout Court, et, en la commençant en magasin, je savais que c’était de mon devoir de l’aimer. Une femme aroace mangaka, qui se retrouve au centre d’un triangle amoureux… c’est une œuvre importante. Moi qui me plains du manque de représentation aroace, et de l’inutilité des triangles amoureux, voilà un roman avec un personnage qui me ressemble et où ce cliché est pertinent. « Une femme, deux hommes, zéro possibilité ». Je ne peux que l’adorer, non ? Plus que ça : je dois l’adorer, pour encourager d’autres mangakas et écrivain·es à créer des œuvres semblables.
Il y a d’autres éléments pour me plaire : deux meilleures amies célibataires mais épanouies, dont l’une bi. Et le manga ne tourne pas autour du pot : les termes asexuelle, bisexuelle et trans sont prononcés – ou rédigés, selon à quel point vous vous imaginez les scènes dans votre tête.
Et pourtant… je n’ai pas accroché. L’histoire n’est restée pour moi qu’un scénario, un concept que les personnages n’ont pas rendu vivant. Le tome 1 ne faisait que présenter la situation que je connaissais déjà par le résumé : Futaba est la mangaka derrière une romance à succès, elle est aromantique et asexuelle, mais son dessinateur et son éditeur tombent amoureux d’elle. Le manga n’apportait pas grand-chose à ce résumé…
J’ai quand même lu le tome 2 quelques mois plus tard, et… je n’ai pas pu m’arrêter. J’ai enchaîné sur le 3, le 4, jusqu’au tome 5. L’histoire ne m’intéressait pas plus que ça, c’est le quotidien d’une mangaka. Mais je me reconnaissais dans les paroles de Futaba. Pour une fois, je ne devais pas faire un effort pour comprendre ce qu’un personnage ressentait, je ne devais pas mettre mes émotions en veilleuse comme je le fais si souvent dans les romances. Futaba est différente de moi, mais sur le plan qui semble si fondamental aux autres, celui de la romance, nous nous ressemblons.
Ça ne devrait être qu’un minuscule point commun, mais la pression romantique est si forte que j’ai eu l’impression de n’avoir jamais lu une histoire avec un personnage qui me ressemblait autant. A un moment, elle parle d’ailleurs de création : si elle est sincère dans son art, peu s’y identifient et elle ne peut pas en vivre. Alors elle s’acharne à écrire des romances, mais celleux qui sont zedromantiques doivent fournir beaucoup moins d’efforts pour obtenir autant de succès. C’était vraiment intéressant, et tellement vrai !
C’est là que j’ai compris à quel point la représentation, c’était important. Quoi, c’est donc ça, de s’identifier à un personnage ? D’en avoir un qui partage mes pensées, qui me prouve que j’existe ? Même si l’histoire ne me passionnait pas, j’en voulais encore, je voulais rester avec Futaba. Mais il n’y a que cinq tomes, et pas épais par-dessus le marché…
Il y a d’autres mangas : Qualia under the Snow, Eclat(s) d’âme, et aussi le roman A Lady’s Guide to Petticoats and Piracy, où, pour le coup, j’ai accroché à l’histoire autant qu’au personnage. Et je compte bien en écrire d’autres encore, car avec 4 œuvres, on ne peut pas dire qu’on risque l’indigestion.
Il n’y a vraiment peu de choses aussi incroyable que ce sentiment de partage, de reconnaissance, d’appartenance,qui nous envahit quand on lit un roman avec un personnage qui nous RESSEMBLE de part son orientation sexuelle, romantique, de genre ou encore de part ses origines ethniques. Il faut vraiment que je lis ce manga !!!!
Ouiiii ! Ce sentiment-là est génial, surtout quand le personnage est creusé !
Et je trouvais ça assez intéressant aussi de découvrir la différence culturelle France/Japon sur la perception de l’aromantisme, ça donne d’autres pistes et d’autres manières d’aborder une identité !