J’avais entendu parler d’Estelle Faye au sujet de ses autres romans, mais c’est sur Un Eclat de Givre que je suis tombée dans ma bibliothèque. Je ne savais donc pas trop dans quoi je m’embarquais, l’édition me mettait toutefois en confiance : j’avais une version reliée, magnifique, avec des marges pour le moins originales et des numéros de page décorés.
Je l’ai commencé alors que la date de retour était déjà dépassée, mais ce n’était pas bien grave : je l’ai lu d’une traite. Ou plutôt, j’ai lu la première moitié le lundi matin, et j’ai été emportée. Transportée dans le Paris futuriste qui nait sous la plume d’Estelle Faye. Chaque détail était délicatement ciselé. Moi qui ai tendance à sauter les descriptions, je les parcourais, et je visualisais les décors – en plus beau et poétique, car c’est un univers délabré qui est décrit, et je le voyais rempli de majesté.
Ce roman était comme une parenthèse. Je n’y réfléchissais pas : j’y étais. Chet, le narrateur m’a plu dès son premier chapitre, où il chante dans un bar, nostalgique de son amie Tess, dont il est amoureux. C’est aussi la première fois qu’il voit Galaad – ce n’est pas son vrai nom, mais on ne le découvrira jamais – un frelot de la Bordure qui va le recruter pour une mission dangereuse.
Cette première partie était prenante, j’ai découvert un scénario prometteur, un narrateur attachant, un univers fascinant qui m’a emportée. Galaad et Chet se rendent en Enfer pour chercher un trafiquant, et les habitant·es sont tout sauf bienveillant·es à leur encontre. J’ai cependant eu un sentiment de « facilité » : certes, Chet manque de mourir, mais Galaad et lui trouvent les réponses presque sans chercher. Surtout que je m’attendais à ce que la mission occupe tout le roman ! Mais elle s’arrête un peu après la moitié, et lorsque j’ai repris ma lecture le soir-même, je ne savais plus à quoi m’attendre. Que pouvait-il bien se passer, à présent ?
J’attendais de découvrir l’identité des adversaires, et elle est révélée, mais la suite s’enlise un peu, le temps file et il n’y a que peu d’évènements. Je suis habituée à ce que le rythme devienne plus intense en deuxième moitié d’histoire, mais là, Chet perd toute motivation et c’est plutôt le contraire. Certes, ce rythme indolent est un bon reflet de la chaleur qui envahit la ville et qui prive de toute énergie, mais il faut attendre les trente dernières pages pour que l’action se précipite enfin.
Ceci dit, l’histoire n’est pas le cœur de cet ouvrage : elle est un prétexte pour arpenter l’univers, pour suivre Chet dans les rues d’un Paris ravagé. On découvre sa vie et ses peines, son amour à sens unique pour sa meilleure amie, son attirance pour Galaad. Toustes deux sont très présent·es dans ses pensées, et moins dans l’histoire. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé cette romance en demi-teinte, remplie de questions et d’espoirs, mais pas de la moindre réponse. Les décors sont magistralement dépeins, on a l’impression d’être dans un tableau.
Un Éclat de Givre était une lecture magnifique, la découverte d’un univers et d’un personnage au travers d’une plume délicate et poétique.
Avertissements : mutilations, violence générale
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