Un Mariage (un peu) trop Mortel de Jesse Q. Sutanto

personne en tenue rouge asymétrique progressant sur un parcours d'équilibre en bois, tenant une liseuse avec la couverture de Un Mariage (un peu) trop Mortel de Jesse Q. Sutanto

Wow. Juste. Wow. Quelle lecture incroyable… J’avais sélectionné Un Mariage (un peu) trop Mortel de Jesse Q. Sutanto pendant le Asian Readathon : il avait l’air amusant ! Mais comme rien d’autre ne me motivait à le lire, ce n’est que quelques mois plus tard que je l’ai commencé, alors que j’étais très fatiguée et que j’avais envie d’une lecture facile et légère.

Je suis tombée sur le livre parfait pour moi, et je l’ai dévoré en une journée : son dynamisme et son humour m’ont fait un bien incroyable, ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant amusée en lisant !

Comment expliquer Un Mariage (un peu) Trop Mortel sans le vider de son sens ? On y suit Meddy, une Chinoise vivant aux États-Unis, qui tue accidentellement le date que sa mère lui a organisé. Ses tantes et sa mère l’aident à se débarrasser du corps… mais il se retrouve accidentellement sur des lieux du grand mariage qu’elles organisent le lendemain !

« Nous nous réunissons toutes autour du corps de Jake.

— On ne peut pas le porter comme ça. Et si quelqu’un nous voit ?

— Oui, couvrons-le avec un truc, dit Tata Deux. Nat, tu as un gros sac ou non ? […]

— Nous allons devoir d’abord le couper, dit Tata Quatre avec dans les yeux une lueur de délectation.

— C’est une idée tellement bête, se moque Ma. Tellement de bazar et les sacs-poubelle coulent toujours après. Tu vas mettre le désordre dans mon garage.

— Ce n’est pas ma faute si tu achètes toujours les sacs les moins chers, rétorque Tata Quatre. Je t’ai dit d’acheter la même marque que moi. Tu n’as pas vu leurs pubs ? Leurs sacs peuvent contenir un corps coupé en morceau, sans problème.

Je regarde le plafond. Je suis prête à parier que lors du brainstorming pour la campagne de la marque, aucune équipe marketing n’a pensé que le cœur de cible pouvait être une bande de Chinoises se disputant sur la meilleure manière de se débarrasser d’un corps. »

On va de péripétie en péripétie, c’est totalement loufoque, et pourtant, l’enchainement est logique. Rien ne me paraissait capillotracté, je voyais venir certains rebondissements, d’autres étaient renversants et parfaitement bien amenés. C’est le chaos, puisqu’il y a cinq personnages tentant de travailler ensemble, avec chacune leur idée sur la marche à suivre, et qu’en parallèle elles sont débordées par le mariage, qui lui aussi connait quelques déboires : invités bourrés, vols de bijoux… la situation dérape de plus en plus !

« — Pourquoi tu as couvert sa face ? demande [ma mère]. Il y a quelque chose planté dans son œil ? Aiya, ne me dis pas, je ne veux pas savoir.[…]

— Non, Ma, il n’y a rien dans son œil. J’ai juste pensé que ce serait, je ne sais pas, plus respectueux.

— Oh.

Elle acquiesce.

— Oui, tu as raison, plus respectueux.

Elle me tapote la joue.

— Je t’ai très bien élevée.

Je dois lutter contre la crise nerfs qui monte. Il n’y a que Ma pour me dire qu’elle m’a bien élevée quand je viens juste de lui montrer mon date, que j’ai tué, dans le coffre de ma voiture.

— Je viens juste de tuer quelqu’un donc je ne sais pas si tu peux vraiment te vanter de m’avoir si bien élevée.

— Oh, ça doit être parce qu’il le méritait. »

couverture de Un Mariage (un peu) trop Mortel de Jesse Q. Sutanto

Un Mariage (un peu) Trop Mortel baigne dans l’humour – macabre, exactement comme j’aime – et nombre de ce genre de livres ne peut s’empêcher de tomber dans des travers oppressifs, comme si le summum de la blague était de se moquer de minorités. Ici, ça n’est pas le cas, au contraire : c’est un roman rempli de bienveillance et de compréhension. Le racisme, l’immigration ou le sexisme ne sont certes pas des thèmes du bouquin, mais leur dénonciation est présente en filigrane. Les tantes soutiennent Meddy qui a tué son agresseur, insistant sur le fait qu’un « non » doit être respecté. L’importance du consentement n’est pas du tout le sujet du roman, mais c’est là. Ça me fait plaisir de voir qu’on peut lire des livres purement détente, qui ne tournent pas autour d’un thème difficile et pesant, sans pour qu’autant ils perpétuent des messages néfastes.

J’ai été un peu déçue par la fin, dont la résolution m’a parue téléphonée. C’était aussi le cas des scènes romantiques au début : j’ai l’impression que ce qui intéressait l’autrice, c’était les péripéties et l’humour, et les scènes émotionnelles ressemblent davantage à des points narratifs par lesquels il fallait bien passer. C’est dommage, mais ça n’empêche pas Un Mariage (un peu) Trop Mortel d’être une excellente lecture.

Il faut vraiment que je lise plus de romans comme ça ! Je lis pour passer de bons moments, et si j’adore suivre des histoires remplies d’émotions ; se détendre et rire, c’est aussi agréable. Jesse Q. Sutanto est une autrice talentueuse qui réussit à amener des situations cocasses de manière cohérente, et j’ai tout simplement adoré Un Mariage (un peu) Trop Mortel.

Avertissements : agression sexuelle, accident de voiture, mort, cadavre

 

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