Après avoir râlé sur les albums pédagogiques, il était temps de présenter une alternative ! J’avais déjà évoqué quelques albums narratifs avec des relations entre hommes ou entre femmes, et voici un article plus spécifiquement sur ce thème.
Comme souvent, j’aime que l’homosexualité soit mêlée à une histoire qui ne soit pas centrée dessus – sans pour autant que la représentation soit si discrète qu’en clignant des yeux au mauvais moment, on ne la remarque pas.
Dans Le Camping-Car de mon Papy, on suit une petite-fille qui aimerait réutiliser le camping-car de son Papy. Depuis le décès de Grand’Pa, il n’a plus la motivation de voyager comme avant… réussira-t-elle à lui redonner cette envie ?
L’histoire est touchante et positive, et j’ai passé un très bon moment de lecture. Les dessins sont jolis, et ça me fait plaisir de découvrir d’autres moments de la vie d’une personne gay – pas juste les coming-out et le premier petit-ami, mais les petits-enfants, le deuil… ça change !
Ce joli album s’intéresse à deux petites filles amoureuses, et Simone nous explique leur relation. J’ai bien aimé le fait qu’on nous montre les hauts comme les bas : une relation, ce n’est pas une évidence, il faut fournir des efforts, mais c’est aussi de très bons moments !
Certaines personnes de mon entourage étaient mal à l’aise avec le fait qu’une relation entre deux filles aussi jeunes soit romancée. C’est quelque chose qui me dérange aussi. Les parents qui, dès que leur fille joue avec un garçon, se disent que c’est son amoureux, les films qui nous montrent deux gamins de cinq ans très proches et concluent : c’est une romance pour la vie. J’aimerais qu’on attende un peu plus avant de pousser les gens vers la romance, parce que c’est une telle pression !
D’un autre côté, cette injonction existe uniquement sous forme hétéro. Même si je ne suis personnellement pas fan, je pense que c’est important de montrer aux enfants qui liront cet album que c’est possible d’être amoureuses entre filles, pour contrebalancer l’omniprésence de l’hétérosexualité.
Quand j’ai commencé Les Plus Beaux, je me suis dit que c’était l’équivalent gay de L’Amoureuse de Simone ! J’ai d’ailleurs remarqué en écrivant cet article que c’était la même illustratrice. On y suit deux garçons, voisins et amoureux, qui partent en barque alors que c’est interdit.
J’ai trouvé la romance un peu plus lourde. A chaque page, il y a une scène, et la conclusion « c’est ça, être amoureux ». Du style : « se retrouver mouillé dans une barque, c’est ça, être amoureux », et ça me donnait l’impression que l’album me disait que tout était de la romance – horripilant.
Dommage, car par ailleurs, c’est un joli ouvrage avec une aventure mignonne. Les dessins sont jolis et colorés, et leur texture m’a plu.
Une des personnes qui m’a motivée à lire des albums m’a prêté Tourmaline alors que j’étais en visite chez elle. Je ne savais pas à quoi m’attendre et j’ai découvert, émerveillée, les magnifiques pages de cet album. Les illustrations ont un style particulier, dont la texture change, on a l’impression que la page a du relief. Page après page, les chevaliers se succèdent, tentant de libérer la Princesse Tourmaline.
Comme l’album était magnifique, j’ai pensé que c’était pour cette raison-là qu’on me l’avait conseillé. Et puis, la virilité des Princes était tournée en ridicule ! Le twist saphique a donc été une excellente surprise.
Les reprises de contes version gay sont courants – Un Jour mon Prince viendra, Cristelle et Crioline, La Princesse qui n’aimait pas les Princes, Heu-reux – et parfois, je me lasse un peu de ce schéma classique. Mais Tourmaline est un très bel album, amusant à lire, et dont j’ai beaucoup apprécié la fin.
Ça me fait plaisir de découvrir de plus en plus d’albums qui ne traitent pas l’homosexualité comme un sujet inhabituel qu’il faudrait expliquer. Nous aussi, on a droit à des romances, à des aventures tirées de contes, à des récits familiaux !