Quand j’ai appris qu’Héros de l’Olympe serait une suite à Percy Jackson, je me suis braquée contre cette idée. Je déteste les auteurs qui ne savent pas s’arrêter, qui continuent juste parce que la série a du succès, au risque de gâcher l’histoire initiale.
L’oracle avait prononcé une prophétie à la fin de Percy Jackson, et c’est elle qui guidera toute l’aventure :
Sept Sang-Mêlés obéiront à leur sort
Sous les flammes ou la tempête, le monde doit tomber
Serment sera tenu en un souffle dernier
Des ennemis viendront en armes devant les Portes de la Mort.
On découvre dans Héros de l’Olympe qu’il n’existe pas que les grec·ques : il y a aussi les romain·es, et les déités les maintiennent séparé·es pour éviter une guerre entre elleux. Mais Héra/Junon pense que l’ennemie qui menace l’Olympe ne peut être vaincue que par une alliance, et décide d’échanger les héros de chaque camp : Jason, fils de Jupiter, est envoyé chez les grec·ques tandis que Percy se retrouve chez les romain·es, sans se souvenir d’où ils viennent.
Une de mes grosses déception quand j’ai lu Héros de l’Olympe la première fois a été l’identité des sept héro·ïnes de la prophétie. Après cinq tomes dont le message était qu’il fallait accorder une place aux déités mineures, je pensais qu’on aurait des enfants de Némésis, déesse de la vengeance, d’Hypnos, dieu du sommeil, et bien d’autres encore.
Mais non. Les sept héroïnes qui se partagent la narration – Percy, Annabeth, Jason, Léo, Piper, Frank et Hazel sont des enfants de déités principales. C’est d’autant plus dommage que pour nous faire apprécier le camp romain malgré son aspect militariste, on découvre qu’il accueille des volontaires sans discrimination, ne trie pas selon la parenté et protège même les adultes, leurs familles et leurs enfants, au lieu de se contenter d’être un camp de vacances pour mineur·es.
Si cet aspect-là a été décevant, il y a en revanche une nette amélioration sur le traitement des monstres. Dans mon article sur Percy Jackson, j’avais regretté que malgré le message global « les monstres sont des personnes », Percy les traite différemment et les tue alors qu’il épargne ses ennemis humains. Eh bien, dans Héros de l’Olympe, cette incohérence disparait ! Monstres comme humain·es, les personnages tuent leurs ennemi·es si nécessaire. Je n’aurais jamais cru que je me réjouirais de voir des adolescent·es s’entretuer, mais c’est beaucoup plus logique et ça évite cette discrimination anti-monstres, absurde quand plein de monstres sont leurs alliés.
Je n’avais lu Héros de l’Olympe qu’une fois, au fil de sa parution, et mes souvenirs étaient flous. Je n’avais pas beaucoup aimé les deux premiers tomes, et j’ai été étonnée de les trouver, à la relecture, au niveau de la série précédente. J’imagine que la première fois, j’avais encore trop d’espoir que Percy soit le héros… alors qu’il n’apparait pas du tout dans le tome 1 ! On suit la quête dans la colonie grecque, avec Jason, Piper et Léo, et ce sera le tome 2 qui se penchera sur les aventures de Percy, Frank et Hazel dans le camp romain.
Comme je ne connaissais pas l’histoire par cœur, j’étais davantage tenue en haleine que pendant ma relecture de Percy Jackson. Et puis, je les ai lus en anglais, alors le style d’écriture me paraissait plus sophistiqué, vu qu’il y avait des mots que je ne comprenais pas.
La Marque d’Athéna, le tome 3, avait été celui qui avait fait remonter la série dans mon estime. Mais cette fois-ci, il était en-dessous. Les sept héro·ïnes de la prophétie sont enfin réuni·es, mais j’ai uniquement apprécié l’histoire de Percy et Annabeth. J’avais eu très peur pour leur relation quand la série avait été annoncée : beaucoup d’auteurs ne savent pas gérer une romance établie. Si les personnages se mettent ensemble avant la fin, il faut qu’il y ait du drama, qu’ils rompent pour se remettre ensemble, et moi, je voulais juste qu’iels soient heureuxses !
Heureusement, Héros de l’Olympe n’a pas pris cette voie. Annabeth et Percy restent mon couple littéraire préféré, car loin du drama, leur relation est développée, leurs liens se fortifient encore plus. Leurs aventures ensemble sont passionnantes, et les questions qu’iels se posent par rapport à leur couple aussi. Iels cherchent à se construire un avenir, et Percy est également confronté à la dure décision de laisser Annabeth mener sa quête seule.
Dommage, vraiment, que les péripéties des autres personnages m’aient parues inutiles ! Jason souffre particulièrement du fait qu’on le voit surtout à travers le regard énamouré de Piper : il est parfait et absolument inintéressant. D’ailleurs, il était devenu pour moi l’archétype du héros cliché, et à chaque fois que je créais un tel personnage dans mes histoires, je le surnommais « Jason » le temps de lui trouver un autre prénom.
J’avais déjà relu les tomes 4 et 5 partiellement – juste mes chapitres préférés – et c’était sympa de retrouver l’histoire globale. J’étais vraiment tenue en haleine ! Les personnages se posent des questions intéressantes – et le dilemme de Jason aurait vraiment pu me plaire, zut quoi, pourquoi il a pas été mieux développé – leur affection se fortifie. L’amitié entre Piper et Annabeth est très réussie, et j’ai vite accroché au lien entre Reyna et Nico.
Rick Riordan est vraiment très doué pour les relations. Pour preuve, alors que d’habitude je déteste ça, j’ai bien accroché aux deux insta-romances de l’histoire. Quelques chapitres à peine pour les développer, et je suis déjà à fond ! Comme les personnages sont dans des situations avec de l’action et du suspense, on les voit vite s’entraider, se sauver la vie, se conseiller pendant des dilemmes moraux, alors ça me permet d’accepter leur attirance.
Bon, tout n’est pas parfait. J’ai découvert que Hazel avait 13 et son copain 16 – sérieusement, quel mec de 16 ans tombe amoureux d’une fille de 13 ? – et il faut vraiment que j’oublie que Calypso a techniquement plus de 3000 ans et devrait être bien trop mature pour un garçon de 16 ans… sans oublier qu’elle a passé des milliers d’années prisonnière, et que tomber amoureuse du mec qui la libère n’est pas vraiment une bonne base pour une relation saine.
De façon générale, il y a beaucoup trop de romances dans cette série – et ça vaut aussi pour Percy Jackson. Faut-il vraiment que chaque personnage secondaire finisse en couple – vous le sentez, mon soupir agacé ?
A notre première lecture, mon frère et moi avions beaucoup râlé contre la fin. Pendant 5 tomes, on nous répète à quelle point la menace est terrible… et lorsque ça se concrétise, il suffit de 7 pages pour résoudre le problème. Sept pages ! C’est ridicule.
Mais cette fois-ci, je savais que ce serait le cas, et le fait est qu’il y a plusieurs conflits : un conflit scénaristique – la menace en question – et un conflit émotionnel – la guerre entre grec·ques et romain·es. Qu’est-ce qui est le plus intéressant ? Le côté émotionnel, bien sûr ! On aime les deux camps et on n’a absolument pas envie de les voir s’entretuer. C’est logique que l’accent soit davantage mis sur cet aspect-là, et à la relecture j’étais plutôt contente qu’on se débarrasse de l’autre menace rapidement.
Dans cette série, on a la révélation qu’un des personnages principaux est gay. Je savais que je n’apprécierais pas la relecture de la scène en question : c’est écrit d’un autre point de vue, le personnage se fait outer, et l’auteur a choisi celui qui aurait le plus de haine de soi en lien avec son identité donc c’est un moment assez torturé. Par la suite, ça s’améliore, mais je reste frustrée que la romance du personnage soit traitée différemment de celle des autres. Les 4 autres couples ont toutes les étapes ou presque de la romance : la rencontre, l’évolution des sentiments, le premier baiser, et l’évolution de la relation. Mais pour eux, on a juste la rencontre, comme si le reste était censuré.
Je viens de râler contre le fait qu’il y avait trop de couples, alors ça me fait bizarre d’en réclamer un de plus, mais je trouve ça franchement injuste.
N’empêche que ce personnage a eu beaucoup d’impact sur moi. C’était la première fois que je lisais un roman avec un personnage gay − j’avais 20 ans − et je me suis soudain rendue compte qu’alors que j’avais plein de personnes LGBTI+ dans mon entourage, il n’y en avait pas dans les livres. J’ai commencé à me renseigner, à chercher de la représentation… et j’ai finalement compris que j’étais asexuelle.
Même ma frustration par rapport à la romance écourtée a eu un résultat positif : mon frère affirmait que je me trompais, qu’ils étaient juste amis, alors j’ai voulu chercher sur internet si l’auteur s’était prononcé là-dessus… et c’est comme ça que j’ai découvert les fanfictions ! Une passion est née…
Il y a aussi beaucoup de personnages racisés dans cette série : Léo est latinx, Frank d’héritage asiatique, Hazel est noire et Piper Cherokee, ce qui fait que les blanc·hes sont de justesse en minorité. De plus, ça ne s’arrête pas juste à une description physique : leur identité est discutée tout au long du récit. Reste à ce que ça soit bien fait, ce dont je ne suis pas toujours convaincue.
(pourquoi l’édition française les a sélectionnées plutôt que les couvertures originales ?
On dirait qu’elles ont été réalisées par un·e débutant·e photoshop !)
Quand j’ai terminé ma lecture, j’ai cherché la répartition des points de vue pour une petite analyse. Moi aussi, j’ai envie d’écrire des séries avec des points de vue multiples, alors ça m’intéresse vraiment de savoir ce qui fonctionne ou non. Percy et Annabeth m’ont fait l’effet de personnages principaux, tout comme Jason et Piper, tandis que Léo, Frank et Hazel paraissaient à l’arrière-plan. Reyna et Nico sont officiellement des personnages secondaires puisqu’ils ne font pas partie de la quête.
En terme d’évolution/attachement, les personnages que j’ai le plus appréciés – mis à part Percy et Annabeth qui sont indétrônables grâce à la série d’avant – sont Léo, Nico et Reyna. Maintenant, si on regarde la répartition…
J’ai été choquée de constater que Léo était 2e en termes de « temps de point de vue ». C’est peut-être parce que son personnage évolue peu que j’avais l’impression de l’avoir moins vu ? Ma conclusion est que ce qui marche le mieux, c’est d’avoir les points de vue à la suite, comme pour Annabeth ou Reyna. Jason a un trou de 2 tomes et ça l’a totalement fait dégringoler dans mon affection.
J’ai moins d’affection pour Héros de l’Olympe que pour la série Percy Jackson, car l’aventure se disperse trop entre les multiples personnages. Cependant, elle étend l’univers d’une manière renversante qui m’a encore plus investie dans ce monde et fait rêver, et a provoqué de nombreuses réflexions et changements en moi.
Avertissements : morts, violence générale
6 réflexions sur « Héros de l’Olympe de Rick Riordan »