La Fille de Braise et de Ronces de Rae Carson

personne en manteau jaune lisant La Fille de Braise et de Ronces de Rae Carson devant un arbre aux couleurs d'automne

J’ai eu envie de lire La Fille de Braise et de Ronces de Rae Carson dès sa sortie… en 2012 ! J’avais dû voir une pub dans un Science et Vie Junior ou autre magazine, et il faut savoir qu’à l’époque, pour moi, les titres de ce style, c’était original ! Aujourd’hui, on a des listes de 500 livres avec des lecteurs qui rigolent de ce format devenu cliché. Mais moi, ça me changeait de titres qui me semblaient simples et plats comme Le Livre des Etoiles, La Main de l’Empereur, La Chose de Machin, etc.

Seul problème : ma bibliothèque ne l’a pas acheté, et quand j’avais 15 ans, c’était ma seule source de livres. C’est donc aujourd’hui seulement que je peux me plonger dans les aventures d’Elisa, princesse qui, à 16 ans, est mariée au roi de Brisalduce.

Elisa est l’Elue : elle porte une gemme sur son nombril, signe qu’elle a été choisie pour accomplir un acte grandiose. Le royaume de Brisadulce étant en guerre, elle soupçonne que c’est la raison pour laquelle le roi l’épouse en secondes noces.

J’étais assez mal à l’aise de retrouver tous les clichés des romances avec mariage arrangé : Elisa ne veut pas se marier, mais une fois qu’elle rencontre son époux, elle le trouve super beau et gentil. Elle ne veut pas tomber amoureuse car elle est convaincue que ça ne sera pas réciproque, comme elle est grosse… mais elle sent déjà qu’elle ne pourra pas s’en empêcher. Bref, un début de romance classique… sauf qu’elle a 16 ans, et s’il a un fils de 6 ans, c’est qu’il a au moins sept ans de plus qu’elle ! J’étais très mal à l’aise à l’idée qu’il y ait une romance entre elleux, mais une rapide recherche m’a rassurée : le livre ne prendrait pas cette direction.

Et en effet, La Fille de Braise et de Ronces est beaucoup plus centré sur un scénario de politique, d’aventure et de guerre. Elisa doit murir très vite lorsqu’elle se retrouve mêlée à des intrigues de cour, puis elle est enlevée par des habitants du désert, qui souffrent des raids de l’armée ennemie et espèrent que l’Elue les sauve. Nouvelles amitiés, trahisons, décès tragiques : il y a plein de rebondissements, et le scénario me tenait en haleine !

couverture de La Fille de Braise et de Ronces de Rae Carson nouvelle édition
couverture de La Fille de Braise et de Ronces de Rae Carson
couverture de The Girl of Fire and Thorns de Rae Carson

Bizarrement aucune couverture ne représente Elisa comme grosse…

Vers le milieu de l’histoire, j’ai commencé à trouver qu’Elisa était assez clichée en ce qui concernait son poids : elle adore manger, elle pense beaucoup à la nourriture ; lorsqu’elle traverse le désert, elle perd beaucoup de poids et soudain, elle est belle ! Les avis en ligne étaient remplis d’agressivité à ce sujet, se plaignant de lire un journal culinaire plutôt qu’une aventure de fantasy épique. (Permettez-moi de vous dire : mais n’importe quoi ! Tout livre qui se respecte propose un personnage multidimensionnel, et c’est important qu’Elisa ne s’intéresse pas qu’à la politique : elle a des crush, elle aime manger, elle n’aime pas le sport, tout comme d’autres personnages de fantasy adorent la peinture ou que sais-je encore.)

Je me suis un peu renseignée sur la démarche de l’autrice : elle ne se considère pas comme grosse, et a basé les habitudes alimentaires d’Elisa sur les siennes, décrivant son propre rapport à la nourriture. Ça a tout remis en perspective. Certes, ce roman n’est pas ownvoice, mais c’est intéressant de constater que les habitudes alimentaires d’une personne mince sont soudain considérées comme clichées, agaçantes voir haïssables quand c’est une personne grosse qui les a. Elisa n’aurait pas le droit d’aimer manger de la même façon qu’une personne mince ?

Quant au fait qu’elle perd du poids, je ne sais toujours pas trop quoi en penser. Elle n’est toujours pas mince à la fin, et ça donne lieu à ma scène préférée, que je vais allègrement vous spoiler car elle a peu d’impact scénaristique :

Après ses aventures, Elisa retrouve son époux, et au lieu de se faire annoncer en tant que Princesse Elisa, elle demande à ce qu’on la présente comme la cheffe de la résistance – ce qu’elle est. Elle pense ainsi marquer les esprits, sauf que quand elle entre dans la salle… son mari ne la reconnait pas. Et il ne cache pas son désir, flirte avec elle en public, alors qu’il est marié. Et en plus, son fils, qui n’a passé qu’une après-midi avec Elisa, la reconnait – signe que vraiment, son mari ne lui avait prêté aucune attention avant.

C’était vraiment une scène réussie, car elle ne montrait pas le mari comme méchant, juste… pathétique et lamentable. Et puis ça montrait bien les biais grossophobes de la société, tout en étant subtil et un grand moment pour l’héroïne… bref, c’était magistral.

Dans la même catégorie, j’ai bien aimé la réaction d’Elisa lorsqu’elle découvre que son mari a une amante qu’il maltraite : elle n’est pas furieuse contre l’amante, elle a de la peine pour elle.

Mon seul regret concerne les méchants, présentés comme des caricatures de « sauvages » avec un côté ethnique et tribal que j’ai trouvé malaisant. Ils n’ont aucune complexité, et c’est dommage, car le reste de l’univers était subtil et bien construit. J’ai notamment beaucoup aimé la manière dont la religion s’établit, et qu’on ait une héroïne à la fois dévote et critique de sa foi. Avec en plus, divers courants religieux au sein d’une même religion !

La Fille de Braise et de Ronces est vraiment un roman que j’aurais du lire vers 19 ans : pile poil l’âge où j’aurais à la fois davantage connecté à Elisa et ses relations, mais aussi celui où j’aurais supporté les coups durs qu’elle traverse – à 16 ans, j’aurais détesté ce livre pour avoir tué tant de personnages. Aujourd’hui, j’avais parfois du mal avec les dialogues, et donc pas assez d’attachement envers les personnages secondaires pour vraiment être impactée par leur mort. Malgré cette distance à l’intrigue, j’ai vraiment apprécié les rebondissements de cette histoire complexe et entrainante !

Radar à diversité : pp grosse

Avertissements : mariage arrangé, guerre, violence, grossophobie (de la part de personnage secondaires), morts violentes

 

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