Des BD Saphiques Jeunesse : Voleuse et La Fille de la Mer

Sur ce blog, vous n’entendez parler que des BDs que j’ai adorées, alors il est peut-être difficile de concilier cette image avec le fait qu’en réalité, je ne suis généralement pas très fan de bandes-dessinées. La grande majorité me laisse une impression de « meh » – le contenu n’est pas mauvais, mais je n’adore pas non plus.

Ça faisait un petit bout de temps que je ne lisais que des bandes-dessinées « meh ». Toutes celles qui me faisaient envie étaient réservées à la bibliothèque jusqu’à la fin des temps. J’ai donc décidé, un peu à contrecœur, de les lire en numérique, en me disant que si elles étaient bien, j’achèterai la version papier pour mieux les savourer. J’ai lu quatre BDs en une journée : Couleur d’Asperge – meh – Pilu des Bois, La Fille de la Mer, et Quand je suis arrivée au Château. Comme je ne peux pas parler de tout sans que l’article devienne interminable, je vous présente aujourd’hui des BD avec des couples de filles, destinées à la jeunesse : La Fille de la Mer de Molly Knox Ostertag, ainsi que Voleuse de Lucie Bryon, qu’un·e ami·e m’a prêté la même semaine.

personne en chemise et collant à motif filet lisant La Fille de la Mer de Molly Knox Ostertag devant une cabane à livres en bord de mer
La Fille de la Mer de Molly Knox Ostertag

J’avais relativement peu entendu parler de la sortie de La Fille de la Mer, ce qui m’avait étonnée car lors des publications des précédentes bandes-dessinées de Molly Knox Ostertag – la trilogie Le Garçon Sorcière – mon fil Instagram en était rempli. Comme je n’avais pas accroché plus que ça, le fait que les gens semblent moins enthousiastes pour La Fille de la Mer ne me disait rien qui vaille.

Mais même sans tentation débordante, je savais à quoi m’attendre en termes de dessin et de narration, ce qui m’a encouragée à me lancer.

On y suit Morgan, une adolescente qui habite sur une île et attend avec impatience d’être adulte pour partir et être enfin elle-même. Ses plans sont bouleversés lorsqu’elle est sauvée de la noyade par Keltie, une selkie, et qu’un baiser permet à celle-ci d’avoir des jambes. Morgan essaie de jongler entre cette relation secrète, son groupe d’amies, et sa famille qui se déchire. Keltie garde un secret, elle aussi…

L’histoire est simple, mais elle s’emboite bien, les indices sont plantés en amont pour que tout fasse sens, les choix des personnages sont logiques par rapport à leur vécu et leur évolution, et j’ai vraiment passé un bon moment.

La romance est douce et mignonne, et les dessins m’ont beaucoup plu ! Keltie et Morgan sont très différentes mais on voit comment elles vont bien ensemble. L’évolution de l’une et l’autre est belle à voir ! A la fin, l’autrice parle de sa recherche graphique, de comment la personnalité des héroïnes est présente dans leurs postures et leurs vêtements. Je n’avais pas analysé aussi loin, mais même sans bulles, je ressentais facilement ce que les personnages pensaient.

couverture de La Fille de la Mer de Molly Knox Ostertag

Quand j’en ai discuté avec une amie, elle m’a rappelé que La Fille de la Mer avait des velléités écologiques, mais je dois dire que je les ai totalement ignorées, car elles étaient simplistes et n’apportaient pas grand-chose. De même, la mythologie des selkies n’est pas très fouillée – comment ça, Morgan porte la peau de Keltie en écharpe ?? – et les amitiés comme la famille auraient pu être plus développées.

La Fille de la Mer est une bande-dessinée douce et entrainante, avec de beaux dessins, des personnages attachants et un scénario solide. Ses thèmes auraient pu être approfondis, mais j’ai passé un excellent moment de lecture et ça me ravit que les rayonnages jeunesses aient une BD saphique de plus.

personne en combinaison en jean lisant Voleuse de Lucie Bryon devant un vieux mur
Voleuse de Lucie Bryon

J’avoue que le début de Voleuse ne m’a pas convaincue. On rencontre Ella, lycéenne chaotique et attachante qui a un crush sur Madeleine. Elles se croisent durant une soirée et le lendemain, décident de sortir ensemble.

Vous ne voyez pas ce qui pourrait m’embêter là-dedans ? En fait, pendant la soirée, Ella finit totalement bourrée et vole le contenu d’un placard. En se réveillant chez elle avec son butin le lendemain, elle est horrifiée, d’autant plus en se rendant compte que Madeleine était l’organisatrice de la soirée, et que les objets lui appartenaient. Elles commencent à sortir ensemble sans que Ella ose avouer son larcin.

Ce genre de situation me stresse toujours beaucoup, et ce n’est pas très agréable. Heureusement, ça se résout vite : Ella révèle son vol à Madeleine, et celle-ci explique que c’étaient des objets qu’elle avait elle-même dérobés. Elles décident alors de faire le tour des soirées des environs pour discrètement tout rendre.

D’habitude, je ne suis pas fan des attirances au premier regard, mais j’ai beaucoup aimé l’évolution de leur relation, la manière dont elles apprennent à se connaître. Ça ne se passe pas toujours bien, il y a des incompréhensions et des tensions entre elles, mais elles en discutent, ça s’arrange, et leur couple n’en est que meilleur.

couverture de Voleuse de Lucie Bryon

Voleuse a de la profondeur, de la complexité, elle parle de situations difficiles, de personnes qui font de leur mieux. Ce n’est pas toujours agréable, mais c’est bien ! Et il y a aussi pas mal de moments drôles…

Je n’ai pas aimé les traits plus que ça, par contre, la colorimétrie est intéressante. J’adore les couleurs vives, donc l’aspect un peu fané/passé de cette bande-dessinée n’est pas forcément pour me plaire, mais ça contribue à une ambiance particulière – l’impression que l’histoire se passe dans les années soixante plutôt que de nos jours. Ça la détache du réel, j’ai bien aimé cette atmosphère !

Et puis, l’apparence des personnages est très plaisante, leurs tenues et postures sont vraiment réussies !

Il me reste de Voleuse un souvenir de simplicité, pourtant, quand j’en relis des passages, je me rappelle que le contenu était approfondi, que divers sujets étaient abordés – le fait qu’Ella et Madeleine ont des personnalités différentes, le fait que leur couple éloigne Ella de sa meilleure amie, ça parle de cleptomanie, de harcèlement…

Cette bande-dessinée me laisse donc un ressenti complexe, car je suis passée par beaucoup d’émotions différentes au cours de sa lecture. C’est vraiment chouette de montrer une relation qui se construit bien sur des bases un peu compliquées. Un couple, ce n’est pas juste de la passion, c’est aussi du travail !

La Fille de la Mer et Voleuse présentent des couples au point de départ similaire – se connaître à peine – mais là où La Fille de la Mer est une aventure entrainante, Voleuse est plus terre à terre et aborde ses thèmes en profondeur. Selon mon humeur, j’aime relire l’une ou l’autre…

Radar à diversité La Fille de la Mer : pp lesbienne, couple f/f

Avertissements : outing, presque noyade

Radar à diversité Voleuse : couple f/f, pp cleptomane

Avertissements : alcool, vol, harcèlement scolaire

 

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