Une personne très chère m’a mis l’édition anglaise de Les Sept Maris d’Evelyn Hugo, de Taylor Jenkins Reid, dans les mains durant nos vacances ensemble : l’occasion parfaite pour le lire. J’en avais entendu parler lorsque la couverture française, où Evelyn est dépeinte comme blanche alors que c’est une femme noire, avait provoqué l’indignation – une indignation utile, puisque la version poche a ensuite repris la couverture VO. En plus, cette personne lisait peu par manque de concentration, mais avait dévoré Les Sept Maris d’Evelyn Hugo : plutôt prometteur.
Et, en effet, Les Sept Maris d’Evelyn Hugo est un livre qui se lit extrêmement bien. D’autres personnes avec des difficultés d’attention auxquelles je l’ai conseillé l’ont dévoré ! L’écriture est entrainante, les actions s’enchainent, et l’histoire est passionnante.
A travers Monique, une journaliste qui consigne la vie d’Evelyn Hugo pour sa biographie, on découvre la réalité derrière la façade glamour de cette star du cinéma. Comment elle s’est battue pour obtenir ses rôles, et comment ses multiples maris, qui faisaient scandale à l’époque, faisaient partie de son chemin vers la gloire. On s’en doute : malgré le titre, la personne centrale de sa vie était en réalité une femme !
Ses mariages sont pour la plupart désagréables, et il y a plusieurs scènes de sexe peu consenties, car au début de sa carrière, Evelyn Hugo couche avec des personnes influentes pour obtenir des rôles. Cependant, j’ai beaucoup aimé les relations importantes présentées dans cette histoire. Bien sûr, la romance entre Evelyn et Célia est sympathique, mais j’ai surtout adoré l’amitié profonde entre Evelyn et Harry, son meilleur ami qu’elle épouse tandis que Célia épouse l’amant d’Harry. Même si leur romance est une façade, leur affection est sincère et leur famille aussi. L’importance des relations non-romantiques est également soulignée par un autre personnage, qui déclara à son amant que même s’il l’aime, son épouse et la famille qu’il a fondée avec elle ont la priorité. Ça m’a touchée de voir mis en avant l’importance de construire une vie ensemble, que la romance soit au cœur de cette vie ou non.
Une des personnes de notre club de lecture n’a pas aimé le message de ce roman. A travers le regard de Monique, on est invité à admirer Evelyn et à vivre son rêve américain, à tout sacrifier pour la richesse et la gloire. Evelyn regrette certes certains de ses choix, mais à la fin, la journaliste fait les mêmes qu’elle. Les Sept Maris d’Evelyn Hugo glorifie un peu trop cette trajectoire ascendante… Nous pousse-t-il à, nous aussi, tout sacrifier pour le capitalisme ?
Ma déception personnelle est le plot twist annoncé dès le début du roman. La journaliste se demande pourquoi Evelyn l’a choisie, et celle-ci lui annonce d’emblée que lorsqu’elle le saura, ça changera sa vision. La révélation est hypée à de nombreuses reprises, et… bah, c’était un peu banal. Si ça n’avait pas été autant annoncé comme extraordinaire, cette nouvelle information m’aurait peut-être plu davantage, mais là, c’était l’effet d’un pétard mouillé.
Un·e ami·e, qui a lu d’autres romans de Taylor Jenkins Reid, a supposé que c’était volontaire : n’est-ce pas finalement l’essence de ce roman ? Les journaux présentent Evelyn Hugo comme une star incroyable, mais elle est bien humaine. Il ne faut pas se fier aux annonces grandiloquentes des médias ! Et, de même, on croit que le plot twist va être extraordinaire, mais il est bien banal. Il ne faut pas se fier aux annonces grandiloquentes d’un roman !
C’est peut-être le cas, et Les Sept Maris d’Evelyn Hugo serait alors une belle œuvre littéraire à analyser en cours. Mais mon objectif principal en lisant est de me divertir, de passer un bon moment : sur ce plan-là, ce passage est un échec.
Heureusement, tout le reste était vraiment passionnant, avec des personnages prenants, une bonne variation émotionnelle, du suspense tout du long. Je ne sais à vrai dire pas trop quoi raconter sur ce qui était bien : j’ai traversé le roman avec enthousiasme. Pourquoi m’arrêter sur des passages excellents ? Je voulais juste lire à la suite, impatiente d’en savoir plus.
Radar à Diversité : héroïne noire et bi, narratrice noire, perso important gay, love interest lesbienne, couple f/f principal, couple m/m secondaire
Avertissements : agression sexuel, viol, relation toxique, adultère, coups au sein du mariage, homophobie, biphobie, alcoolisme, accident de voiture, mort, mentions de suicide
Une réflexion sur « Les Sept Maris d’Evelyn Hugo de Taylor Jenkins Reid »