2019 – Partie 1
Un nouveau type de challenge pour moi… cette fois-ci, ça fonctionne par équipes ! L’hiver vient, et, comme Littlefinger le disait : « La connaissance, c’est le pouvoir », alors les six grandes familles de Westeros lisent le plus possible pour s’emparer de la bibliothèque de fer, durant le challenge de lecture Winter is Reading. Chaque lecture rapporte des points, et il y a des bonus en accord avec l’ambiance à Westeros : mort violente, inceste… Ma famille, les Tyrell, l’emportera-t-elle ? Quelqu’un se rendra-t-il compte que je n’ai jamais réussi à terminer le Trône de Fer ? Passerai-je la soirée de Noël le nez dans un bouquin ?
Ma stratégie de départ était redoutable : j’avais invité des ami·es à passer le week-end chez moi, pour qu’on croie que je n’aurais pas le temps de lire. Mais ces personnes étant fan de lecture aussi, nous avons beaucoup lu côte à côte :
Durant une après-midi jeu de société, je me suis isolée et j’ai lu trois courtes œuvres de Sophie Labelle − et quand je dis courtes, je veux dire 20 pages chacune. J’ai commencé par Vernis à Ongles, et j’ai eu la surprise de découvrir qu’il s’agit d’une des premières histoires avec Ciel ! (j’ai chroniqué deux romans avec ce personnage ici). C’était super mignon, j’adore l’amitié entre Ciel et Stephie, et ces scènes douces d’un après-midi ensemble m’ont réchauffé le cœur. Super Spécial Méga Poulet en Caoutchouc, lu juste après, n’a pas du tout la même ambiance, puisque c’est une longue blague bizarroïde qui m’a bien fait sourire. J’ai terminé cette séance de lecture avec Mon Père me prend pour un Garçon, un album sympathique quoiqu’un peu redondant si on a lu la quasi-intégralité de l’œuvre de Sophie Labelle – je plaide coupable…
Le soir même, j’ai lu côte à côte avec mes invité·es une BD que j’avais emprunté pour elleux – quand je disais que leur présence était bonne pour mes lectures !
Hélas, ce ne fut pas suffisant pour endormir la méfiance de mes adversaires : Un·e membre d’une autre famille a dû glisser un poison dans mon verre, car je me suis retrouvée avec de la fièvre et le nez bouché. Dur de dormir et de se concentrer ! La BD en question, Ask me about Polyamory, était intense : après chaque page, j’avais envie de faire une pause pour intégrer le message. Il s’agit de petites scènes autour du polyamour, c’est passionnant et utile, mais j’étais trop fatiguée pour l’apprécier à sa juste valeur et j’ai reporté sa lecture à plus tard.
Il y a des conseils pour une relation saine, qu’elle soit mono, poly, romantique ou non, et des conseils spécifiques au polyamour… ça m’a vraiment parlé – je suis tout à fait d’accord pour déconstruire l’image de la romance, et veiller en priorité à ce que les personnes qu’on aime et nous-mêmes soient heureuses !
J’ai mis deux semaines à la terminer, et, pour la première fois de ma vie, j’ai songé « je compte rendre ce livre ce soir et il me reste 8 pages à lire, vais-je réussir à le finir ? ». J’ai réussi, et maintenant, tout le Tumblr de Tikva Wolf me tend les bras !
Durant la première semaine, j’ai dû partir sur la côte ouest visiter un château fort en vue de l’hiver. Le trajet en calèche fut long, mais propice à la lecture. Le matin, il faisait trop sombre et j’ai lu sur ma liseuse, mais sur le retour, c’est à Frangine que je me suis attaquée. Le style m’a rebutée sur le premier chapitre – les phrases sont très courtes – mais je suis peu à peu rentrée dans l’histoire de cette famille de quatre, narrée par l’aîné, dont la sœur se fait harceler à son entrée en seconde parce qu’elle a deux mères.
Avoir les vies entremêlées de cette famille est très agréable à lire, leurs liens sont bien représentés – et à Westeros, nous savons combien la famille est importante ! L’écriture était de plus en plus belle, vraiment poétique par moments.
Si on me demandait quoi faire en cas de harcèlement, je ne saurais pas quoi répondre… c’est bien montré ici : le narrateur est totalement impuissant. Mais sa sœur ne lui demande pas de régler ses problèmes, au contraire. Elle veut juste qu’il la soutienne. Et c’est bien, de lui laisser ce contrôle…
Citrus Tome 1 de Saburo Uta
En parallèle, je devais me confronter à un problème ardu : les romans avec inceste rapportent 20 points de bonus, mais, si je n’ai rien contre si les personnages le vivent bien, je n’ai encore rien lu de tel et les situations où l’aspect torturé et malsain est romancé me déplaisent. Toutefois, la victoire des Tyrell passe avant mon confort personnel, je le sais bien. J’ai donc cherché un compromis : récits historiques et témoignages, histoire que l’inceste ne soit pas idéalisé ou érotisé… sans grand succès. Je suis finalement tombée sur un manga avec une famille recomposée : les deux filles ont un lien familial de fait, mais aucun lien de parenté. Yuzu est une fille débordante de vie qui arrive dans le lycée de Mei, la présidente du conseil des élèves, froide et sévère, dont les règles strictes interdisent toute forme d’amusement.
J’avais paré côté inceste, mais je ne m’attendais pas à tomber sur une autre trope qui ne me plait guère pour l’aspect abus de mineur·e : les relations prof-élève ! Mais cette relation est dénoncée par la suite, et elle prend fin. L’aspect qui m’a le plus gênée sont les agressions sexuelles constantes de Mei envers Yuzu – même si elles « ne vont pas loin ». Ça commence lorsque Yuzu interroge Mei à propos de sa relation avec le professeur, et pour « une démonstration », Mei l’embrasse de force. Chacune de leurs interactions se fait sur ce mode…
Je n’étais pas enthousiasmée en terminant le tome 1, mais j’ai lu un article d’explications sur le comportement de Mei vis-à-vis du consentement, car elle-même est victime de viol. Je suis donc assez intriguée de lire la suite, et de voir comment ça sera traité…
Les Fiancés de l’Hiver de Christelle Dabos
Moment flash-back : ce livre est entré dans ma vie en août. Je discutais lectures avec une femme dans le bus, et elle m’a conseillé Les Fiancés de l’Hiver. Puis, début septembre, je parlais livres avec une voisine et elle m’a recommandé La Passe-Miroir. Je croyais qu’il s’agissait de deux romans différents ! Puis j’ai vu la couverture et je me suis rendue compte que je l’avais souvent vu en librairie et bibliothèque… Une bibliothécaire me l’a d’ailleurs conseillé dès ma première visite en septembre.
Je me suis intégrée dans la sphère lecture sur internet, et là, la passion de La Passe-Miroir s’est déchainée : tout le monde ne semblait parler que de ça ! Devais-je le lire aussi ?
Il ne sera pas dit que les Tyrell sont des moutons ! Si j’ai fini par céder, c’est uniquement car il est important d’en savoir autant que ses adversaires…
En le commençant, j’avais peur d’être déçue, et j’ai passé les premiers chapitres à le sur-analyser, à me demander sans cesse si c’était bien ou pas… puis je me suis laissée emporter. Ophélie, jeune passe-miroir ayant la capacité de lire le passé des objets et de traverser les miroirs, est extrêmement attachante, avec son écharpe vivante, sa maladresse et ses lunettes. Elle doit épouser Thorn, membre d’une famille nordique que j’ai détesté dès son arrivée dans l’histoire. Arrachée à sa famille, elle se retrouve au cœur d’intrigues de cour…
Sans être une stratège machiavélique, Ophélie est intelligente et raisonnable, ce qui la rend agréable à suivre. Le roman ne tombe pas non plus dans les clichés de la cour vénéneuse où l’héroïne se préoccupe surtout de ses robes et du prince : Ophélie s’y présente en tant que serviteur. Je redoutais qu’une romance se développe entre elle et l’odieux Thorn – vu qu’il est le seul personnage masculin développé et qu’il y a généralement une romance dans ce genre d’histoire – mais victoire, Ophélie ne s’éprend de personne et me laisse savourer son aventure.
Mon seul regret est qu’elle manque un peu d’allié·es dans cet univers plein de traître·sses. Il y a des personnes gentilles, certes, mais Ophélie reste isolée… J’espère qu’elle se fera plus d’ami·es dans la suite !
Au cours de ce challenge, j’ai demandé de nombreux conseils de romans à un ami, et nous en avons lu plusieurs ensemble, notamment Arrête avec tes Mensonges de Philippe Besson – un bon conseil pour les Lannister – Breizh of the Dead de Julian Morgan – publié par une édition juste à côté de chez moi – et finalement Cinder de Marie Sexton, qu’il m’a conseillé pour la catégorie contes.
Il reprend – on s’en doute – Cendrillon, avec Eldon Cinder dans le rôle du serviteur exploité par sa famille. Il rencontre le prince durant une balade en forêt… J’ai eu un peu peur au début, car je suis arrivée au quart très rapidement, et j’avais l’impression de ne pas connaître les personnages. Mais c’est un conte, après tout, c’est normal que ça ne soit pas interminable !
A partir du bal, ça devient vraiment mignon. C’est une histoire qui est là pour faire du bien et faire plaisir : même si le royaume et ses lois sont homophobes, les personnages ne s’en préoccupent pas et n’ont pas d’ennuis à ce sujet. On profite juste d’une romance douce !
Au total, j’ai lu 17 livres, et avec les bonus je comptabilise 540 points !
Pour les menus, je n’en ai validé aucun, mais j’ai bien progressé ! Voici toutes mes autres lectures (j’ai mis les liens pour mes avis sur Goodreads ou vers mes chroniques sur le blog) :
- La Terre Fracturée de N.K. Jemisin (catégorie Fantasy)
- Passing Strange d’Ellen Klages (catégorie Littérature Étrangère)
- Caligo Lane d’Ellen Klages
- Sauvages de Nathalie Bernard
- Boo de Neil Smith (catégorie Histoire de Meurtre)
- Arrête avec tes Mensonges de Philippe Besson
- Ecumes d’Ingrid Chabbert
- Signé Sixtine tome 2 de Roxane Dambre
- Breizh of the Dead de Julien Morgan (catégorie Zombies)
- Auggie & Moi de R.J. Palacio
- Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu (catégorie Classique)
- A 18 ans demandons l’impossible d’Adeline Regnault
Le Challenge Winter is Reading m’amuse énormément, ça me plait d’imaginer mes lectures comme des aventures épiques pour remporter la bibliothèque de fer !
Avertissements Frangine : Harcèlement, homophobie
Avertissements Cinder : ressort scénaristique potentiellement transphobe
Avertissements Citrus : non-consentement
8 réflexions sur « Challenge Winter Is Reading »