L’Ecole des Soignantes de Martin Winckler

personne en manteau arc-en-ciel lisant l'école des Soignantes de Martin Winckler au milieu de buissons de fleurs jaunes

J’avais adoré Le Chœur des Femmes, et, quand j’en ai eu assez de ne lire que de la SF déprimante durant une période déjà stressante, je me suis tournée vers L’Ecole des Soignantes, du même auteur. Ma première lecture durant le confinement !

Je n’ai pas compris le début. La plupart des romans commencent avec une action présente, qui permet de nous engager dans l’histoire… là, il y a une longue ellipse toutes les deux pages, plein de scènes résumées… comment pourrais-je accrocher au narrateur s’il ne me laisse pas vivre sa vie, s’il la résume ? On apprend qu’il a la capacité de percevoir la santé d’une personne en la touchant, comment et pourquoi il est entré à L’Ecole des Soignantes, l’histoire de cet établissement fondé en 2024, la mort d’un personnage central de sa vie est résumée aussi, puis, enfin, l’histoire commence lorsqu’il entre dans la section Psycho.

C’est vite devenu mieux, Hannah s’intéresse aux patientes, devient ami avec ses collègues, et quelques éléments de science-fiction sont égrenés çà et là : une des patientes, notamment, cherche à communiquer avec le passé.

Au-delà de l’histoire, j’ai retrouvé l’ambiance douce et empathique de Le Chœur des Femmes – ça se passe dans le même univers et il y a des personnages communs – ainsi que le talent de l’auteur pour nous faire tenir aux personnages, même les plus secondaires. Martin Winckler écrit vraiment bien, et se sert aussi de la langue comme un outil d’argumentation. Il y avait déjà eu un jeu sur le genre dans les premiers chapitres de Le Chœur des Femmes : un certain type de vocabulaire m’avait fait sauter à des conclusions erronées. Ici, le corps médical a pris le parti militant de féminiser les noms de métier, et d’utiliser le féminin pluriel. J’ai beau me considérer comme féministe et déconstruite, ça m’a fait très bizarre… puis je me suis habituée. Et je me suis aussi rendue compte que ma première réaction en voyant qu’il était écrit « elles » pour un groupe d’une femme et d’un homme était de me dire « non mais ça l’efface ! C’est comme s’il n’était pas là ! » Même chose pour les métiers… ça me donne encore plus envie de me battre pour que les métiers soient féminisés – pourquoi « une chevalière » serait-il plus ridicule que « un avocat » ?

Lorsque j’ai skypé pour un club de lecture, j’ai dit à un ami : « je crois que le narrateur de ma lecture en cours est asexuel ». Deux pages plus loin, Hannah écrit « je me suis toujours considéré comme une personne asexuelle »… J’avais raison ! J’en étais ravie, et en plus le terme est utilisé en regroupant asexualité et aromantisme, donc le personnage est aro aussi !

J’ai profité du jardin de mes parents pour beaucoup lire au soleil, sur un banc, ce qui était super agréable. Le roman était de mieux en mieux, les maladresses du début – notamment sur les séparations hommes/femmes que je ne comprenais pas bien – se sont faites de moins en moins nombreuses. On ne s’intéresse finalement qu’en surface aux soignées en psycho…

J’ai beaucoup comparé ce livre à Le Chœur des Femmes – que ce soit durant ma lecture ou cette chronique. Mais ce sont des œuvres très différentes. L’Ecole des Soignantes donne peu de voix aux soignées et se concentre sur la vie des soignantes, avec une touche de SF, et le scénario se concentre plus sur l’Histoire de la psychophobie, et sur son lien avec le sexisme, que sur un vécu présent.

Une fois que je l’ai terminé, j’en ai discuté sur internet, ce qui m’a permis de découvrir qu’Hannah était non-binaire ! Aussi pour ça, j’aime échanger avec d’autres lecteurices – alors n’hésitez pas à commenter mes articles…

Je l’ai moins aimé que Le Chœur des Femmes, c’est sûr : déjà, je ne qualifierais pas ce roman de « révélation » ou de « coup de poing ». Mais Le Chœur des Femmes était génial, exceptionnel. L’Ecole des Soignantes est très bien.

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Lu pour le Challenge de l’imaginaire

 

6 réflexions sur « L’Ecole des Soignantes de Martin Winckler »

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